Châtiment : Le livre de Céline Denjean

Avec ce troisième opus, Céline Denjean nous présente une nouvelle enquête du major Louise Caumont. Louise va être chargée de reprendre une enquête qui avait été initialement conduite par la section de recherche de Toulouse qui avait, à tort, attribué le meurtre de Marie France Bellegarde, sur lequel elle va enquêter, à un tueur en série, le Thanatopracteur, recherché depuis maintenant quinze ans. En effet, au moment où l'enquête aboutit à la culpabilité du tueur en série et que l'assaut est donné à son domicile, l'homme est retrouvé mort. Mais il s'avère que son décès remonte à plus de quatre mois et qu'il ne peut donc pas être responsable du meurtre de Marie France Bellegarde. Louise récupère donc cette enquête deux mois après le meurtre de cette jeune femme. Elle va devoir trouver qui a pu copier le tueur en série pour lui imputer ce meurtre, mais surtout qui avait intérêt à assassiner cette femme qui appartient à une famille catholique traditionnaliste, apparemment respectable. De par son enquête de proximité, Louise va entrer dans une famille pour le moins dysfonctionnelle mais aussi dans l'univers très fermé des catholiques ultras. Céline Denjean aborde ici le sujet des violences intra familiales et du schéma de reproduction de ces violences d'une génération à une autre, qui font des anciennes victimes des bourreaux. L'autrice a donc choisi le milieu des catholiques traditionnels ultras comme environnement car il devait être porteur de ces déviances où règne la loi du silence et où les figures d'autorité, dans la toute-puissance, sont inattaquables. Là où la parole ne peut circuler et où les dénonciations sont impossibles. Nous sommes face à des personnages pris dans un engrenage qui fait qu'ils ne peuvent s'émanciper ni faire autre chose que de reproduire ce qu'eux-mêmes ont vécu. Là encore Céline Denjean aborde son sujet avec une construction à plusieurs temporalités, avec des voies et des angles différents, qui permet de le voir sous différents prismes. Ainsi, les personnages qui ont maille à partir avec l'intrigue vont se l'approprier chacun à leur manière, et, en fonction de leur implication, auront un regard totalement différent qui créera une complémentarité de points de vue. Cette construction qui est « la patte » de l'autrice apporte rythme et diversité à l'histoire car au-delà de l'intrigue policière, elle insère toutes ces voies parallèles qui vont nous donner d'autres approches, d'autres sensibilités mais aussi d'autres points de vue. Une fois encore Céline Denjean nous ballote, nous bouscule, nous trompe, nous envoie dans plusieurs directions, pour à la fin nous asséner le coup de grâce dans un final qui nous laisse pantelants.

Lorsqu'on retrouve Marie-France Sauvagement assassinée et une mise en scène bien connue du Major Louise Gaumont l'enquête semble bien facile. Mais ce serait sans connaître le machiavélique de l'auteur de croire que tout est simple. On découvre une famille plus que puritaine, appréciée de tous une éducation catholique de haut vol pour toute cette famille de génération en génération. Le petit Luc m'a beaucoup touché. Au cœur de l'enquête les secrets vont se dévoiler pour nous entraîner plus près de l'enfer que du paradis. Des passages assez difficiles à lire. Mais un thriller ou la purification tient une part importante. Un bon moment de lecture mais comme toujours pour lecteur averti de la plume assassiné de cette auteur.

Un véritable page-turner ! J'ai adoré cette enquête. On sait que l'autrice va nous promener tout au long du roman, et nous faire un twist final. Et pourtant... tout au long du livre, tout semble désigner une personne. On se dit que non ; que c'est trop simple. Alors on cherche d'autres pistes en vain ... Le mystère est t'il si compliqué et mystique qu'il n'y paraît ? C'est très bien ecrit et on se prend au jeu ! PS : attention, certaines scènes sont dures et peuvent heurter les personnes sensibles. On est dans un thriller noir.

C’est avec grand plaisir que je me suis plongée dans le troisième tome des enquêtes de la Major Caumont. Dès les premières pages, j’ai été happée par l’atmosphère noire et oppressante de Châtiment. Le roman s’ouvre sur la découverte macabre de Marie-France Bellegarde, assassinée dans une mise en scène glaçante qui évoque un tueur en série connu sous le nom de Thanatopracteur. Pourtant, ce dernier est retrouvé mort et sa disparition est antérieure à celle de Marie-France... Deux enquêtes se croisent alors : celle menée par la major Louise Caumont et son équipe, et celle, plus discrète, d’un détective privé, Philippe Georgel. Au fil des pages, l’histoire gagne en profondeur et en noirceur, en dévoilant un milieu catholique intégriste où les apparences cachent de lourds secrets et des souffrances indicibles. Céline Denjean aborde sans détour des thèmes extrêmement difficiles mais toujours avec une grande maîtrise et une justesse d’écriture qui m’a profondément touchée. Plus qu’un simple polar, Châtiment est une plongée dans les méandres d’âmes brisées, où le poids du passé conditionne le présent. J’ai adoré la construction en miroir des deux enquêtes, elle démultiplie le suspense et multiplie les fausses pistes, sans jamais perdre le lecteur. Les personnages sont finement dessinés, et bien évidemment, j’ai particulièrement aimé Louise : c’est une enquêtrice complexe, à la fois forte et vulnérable, qui porte l’enquête avec une humanité palpable. On en apprend de plus en plus sur elle à chaque enquête, ce qui permet au lecteur de s’y attacher. Quant à la plume de Céline Denjean, elle est d’une grande richesse : précise, fluide, puissante. Elle sait ménager les moments de tension comme les instants plus introspectifs, ce qui rend la lecture à la fois addictive et profonde. Au-delà du thriller, j’ai ressenti un message fort sur la nécessité de briser les silences et d’affronter les vérités pour espérer une forme de réparation. Châtiment est un polar noir intense, parfois très dur, mais toujours poignant. Une lecture qui laisse une empreinte durable, et qui, pour moi, fait partie des thrillers à ne surtout pas manquer !