L'Armée des ombres - édition prestige N&B : Le livre de Jean David Morvan, Joseph Kessel, Emmanuel Moynot, Benoît Lacou

On ne saurait mieux désigner cette multitude anonyme de patriotes qui, par un petit acte isolé ou un engagement à mort, a lutté contre l’ennemi et pour l’honneur du pays. Souvent fraternelle et parfois cruelle la Résistance trouve dans ce récit son meilleur éloge.

Je dois avouer que je n’ai pas vraiment accroché. Ce roman, écrit en 1943, raconte la Résistance française à travers des personnages inspirés de vrais combattants. L’intention de Kessel est belle : rendre hommage à ces femmes et ces hommes qui ont risqué leur vie dans l’ombre, contre l’occupation nazie. Mais ce qui m’a gêné, c’est le style. L’écriture est froide, très factuelle, presque comme un reportage. Kessel veut rester fidèle à la vérité, éviter l’exagération, mais du coup, on ressent peu d’émotion. On suit les résistants dans leurs missions, leurs dangers, leurs sacrifices, mais sans vraiment entrer dans leur intimité ou leurs états d’âme. On admire leur courage, mais on ne les “ressent” pas vraiment. Le rythme est lent, et la psychologie des personnages n’est pas très approfondie. On est plus dans le devoir que dans l’émotion, plus dans l’action que dans le cœur. Évidemment, on peut reconnaître la force de ce témoignage. Joseph Kessel a voulu écrire sans artifice, pour transmettre la réalité de la clandestinité et du danger permanent. C’est une œuvre importante pour comprendre l’esprit de la Résistance. Mais si on attend un récit vibrant, riche en images et en sentiments, on peut rester sur sa faim, comme moi. Pour ma part, c’est un livre nécessaire mais pas forcément passionnant. C’est un hommage sobre et digne, qui touche plus par son intention que par son style. Moi, il m’a laissé un peu à distance.

"Il n'y a pas de propagande en ce livre et il n'y a pas de fiction. Aucun détail n'y a été forcé et aucun n"y est inventé. [...] Des faits courants dans la vie française." Voilà l'incipit de Kessel dans la préface que j'ai relue une fois achevée le bouquin. Saisissant, effroyable, glaçant. Plus personne aujourd'hui ne peut témoigner de ce qu'il s'est passé, et la pire des trahisons envers ces résistants seraient de les oublier. Ou de les dévoyer, comme ces "résistants" de pacotille que l'on vit fleurir lors du covid, se réclamant de cette armée de l'ombre parce qu'ils refusaient le masque ou le vaccin. Ou ceux qui, comme l'abo-minable Zemmour, considère le vieillard de Vichy avec bienveillance. Qu'ils lisent ce bouquin, et on en reparle.