L'été des quatre rois : Le livre de Camille Pascal, Antonin Dubuisson

Camille Pascal nous raconte en quelque 600 pages les quelques jours ayant mené à l'abdication de Charles X, dernier Bourbon, et à l'avènement de Louis Philippe d'Orléans. Un roman foisonnant et dense, très dense, qui avait très bien commencé. Les premières pages nous propulsent en plein mois de juillet 1830, aux côtés d'un Charles X suranné, effroyablement dévot s'accrochant désespérément aux us et coutumes archaïques de l'Ancien Régime dans une France ayant décapité son roi. L'auteur nous présente une foultitude de personnages, tous historiques, que nous allons suivre au cœur d'une tourmente bien documentée (presque trop). La plume est chargée, parfois pompeuse, mais précise. Il faut s'accrocher pour saisir tout le foisonnement de détails, mais le sujet s'y prête, et j'ai beaucoup apprécié le début de ma lecture. Le rythme des évènements qui s'enchaînent apporte une légèreté qui pondère la lourdeur de la plume, et l'ensemble fonctionne. Dans un style fleuri teinté d'ironie, l'auteur s'amuse de ses personnages dont aucun ne semble trouver grâce à ses yeux (sauf peut-être Charles X sur la fin, j'y reviendrai). Mais, évidemment, cela finit par se gâter, car 600 pages, c'est très long. Cette ironie finit par lasser et nous rendre tout les personnages antipathiques. Leur nombre et l'intérêt discutable de certains passages éclair de grands noms diluent la narration dans un name dropping racoleur. Vingt pages pour nous montrer un Stendhal impuissant ? Vingt autres pour nous montrer Victor Hugo se promener dans les rues ? Sans jamais qu'on ne les recroise pas la suite ? Vraiment ? Plus gênant pour moi, les derniers chapitres s'éloignent de Paris pour suivre la fuite de Charles X. ET C'EST LONG. Alors que l'avènement de Philippe d'Orléans est expédié en quelques pages, nous auront droit à la description détaillée, presque minute par minute, de chaque halte et pause pipi de notre bon roi déchu jusqu'à son embarquement pour l'Angleterre. A travers ce focus transparait peut-être le dernier point que je reprocherai à ce roman : son parti pris de plus en plus clair pour cette monarchie qui s'effondre. L'auteur suit alors Charles X tel un martyr, seul personnage digne et honnête du roman. Les bénéficiaires de la révolution sont présentés comme des politicards qui politicaillent, des traites qui trahissent, et les foules comme des monstres assoiffés de sang (les femmes y sont toutes "d'horribles poissonnières", les hommes "ne comprennent pas ce qu'ils renversent"). L'auteur se permet également quelques incursions discutables dans le psyché de certains personnages (La Fayette qui méprise Washington). Pas complètement une leçon d'histoire à prendre au pied de la lettre, donc. Au final, on obtient une histoire bien racontée mais beaucoup trop dense sur ses premiers chapitres (il faut quand même bien connaître la période pour se retrouver dans l'avalanche de références et personnages historiques), et qui s'étire en longueur jusqu'à lasser dans ses derniers. Le tout baigne dans un parti pris discret mais présent, qui pourra plaire ou agacer.

" L'Histoire se répète pour ainsi dire deux fois, la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce " C'est avec cette citation de Karl Marx que Camille Pascal ouvre le premier acte de cet épisode méconnu de l'histoire de France : la révolution des Trois Glorieuses. Bien moins célèbre que celle de 1789, cette révolution de trois jours débouche sur l'accession au trône des Orléans, qui ravissent ainsi la couronne à leurs cousins de la branche aînée des Bourbons. Dans toute bonne farce, il y a un dindon, rôle ici endossé par Charles X, qui pense surprendre tout le monde et qui est finalement le dupé ! Ces journées fatidiques se révèlent extraordinairement complexes pour une si courte durée, tant les acteurs - et donc les intérêts - s'entremêlent... Pour démêler cet écheveau, quelques personnages ressortent du lot : le duc d'Orléans et Charles X bien sûr, mais aussi Thiers, alors journaliste ambitieux ; le général Marmont ; le banquier Laffitte ; le duc de Polignac, ministre ultra de Charles X ; Madame Adélaïde, sœur de Louis-Philippe, etc. Ils se distinguent par le rôle déterminant qu'ils jouèrent dans le changement de régime. Cette galerie de personnages nous fait découvrir différents milieux : intrigues de salons, échauffement des journalistes, magouilles des milieux financiers, ors des palais, scènes de pillages (à Notre-Dame de Paris notamment), effervescence populaire dans les rues, on explore à peu près tous les univers et groupes sociaux, les uns souvent manipulés par les autres. Difficile de satisfaire les tenants de la république et les partisans de la monarchie. Le duc d'Orléans apparaît dès lors comme la seule figure d'autorité légitime (étant descendant de Louis XIV, il représente tout un symbole !) suffisamment perméable aux idéaux libéraux pour mener une politique consensuelle. Mais en voulant contenter tout le monde, on finit par ne satisfaire personne. Ainsi, cette comédie se répète à nouveau en 1848, abolissant cette fois-ci définitivement le régime monarchique pour la république. Que restera-t-il finalement de cette "farce" ? Victor Hugo, se souvenant du pillage de Notre-Dame, s'en inspire pour l'iconique scène où les gueux de la cour des Miracles prennent d'assaut la cathédrale pour délivrer Esmeralda. Les révoltés des faubourgs sont ainsi mythifiés sous la plume du romancier. Belle mise en scène servie par des personnages hauts en couleurs. Seul inconvénient peut-être, le style parfois un peu lourd voire maniéré et l'abondance de détails ou de personnages qui entravent la fluidité du récit. Mais ce n'est qu'une question de goût, cela reste un bon livre !

Un livre très bien écrit et très documenté ; toutefois trop de personnages et de petits pas toujours importants rendent le livre un peu trop lourd et réservé aux historiens . J'aime la pertinence de cet auteur mais ce livre que j'ai lu complètement, je l'ai trouvé long .

Livre très intéressant sur une période de l'histoire peu enseignée à l'école. Le style d'écriture est assez fluide malgré des longs passages descriptifs, et j'ai beaucoup apprécié de suivre une multitude de personnages historiques simultanément. Le travail de bibliographie et de reconstitution historique est à saluer !