L'avare : Le livre de Molière

Numérique

12-21

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Harpagon n'a jamais quitté l'affiche. Il a endossé tous les costumes, pris les traits les plus divers, changé d'emploi bien souvent. On l'a vu pathétique, bouffon, tragique, méchant, shakespearien, halluciné, délirant, clownesque, victime parfois. Au prodigieux spectacle de ce bourgeois et affairiste richissime, de cet usurier possédé tyrannisant une famille charmante, faut-il rire ou pleurer ? Faut-il plaindre ou haïr ce forcené qui enterre son or et ne donne jamais mais " prête " le bonjour ?
Molière était le meilleur, le plus aimable et généreux des hommes. Son public lui réclamait des farces et des bouffonneries. Mais son génie comique cachait mal un des auteurs les plus noirs et les plus féroces de tous les temps, l'inventeur de ces monstres d'égoïsme, de ces névrosés d'Alceste, Don Juan, Arnolphe, et de cet Harpagon, nos semblables, nos frères.

De (auteur) : Molière
Préface de : Didier Bazy

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Expérience de lecture

Avis Babelio

MarineBvB94

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Avec L’Avare, Molière frappe une nouvelle fois très fort, en dressant le portrait aussi grotesque que glaçant d’un homme littéralement dévoré par son obsession de l’argent. Harpagon n’est pas seulement avare, il est paranoïaque, calculateur, et surtout, incapable d’aimer autrement qu’à travers la possession. Le rire, omniprésent, est nerveux, amer, presque gêné tant le personnage est poussé à l’extrême — et c’est bien là tout le talent de Molière. Sous ses dehors de comédie classique, L’Avare est d’une modernité redoutable. Le style est ciselé, les dialogues percutants, et les situations, quoique parfois tirées par les cheveux, révèlent une mécanique théâtrale parfaitement huilée. La tension monte crescendo, alimentée par les mensonges, les quiproquos, et les jeux d’apparence — autant de ressorts qui rappellent à quel point Molière savait capturer les travers humains de façon universelle et intemporelle. Ce qui m’a particulièrement plu, c’est le contraste entre la légèreté apparente du genre (on rit, on s’amuse des excès de Harpagon) et la noirceur du fond. Car derrière les scènes comiques se dessine une critique acide de la société patriarcale, où les enfants sont marchandés, les femmes dépossédées de tout choix, et l’amour réduit à une transaction. La satire sociale, toujours présente chez Molière, est ici d’une efficacité redoutable. Si je ne mets pas la note maximale, c’est peut-être parce que certaines scènes m’ont paru un peu trop prévisibles, ou que certains personnages secondaires manquent d’épaisseur. Mais cela n’enlève rien à la virtuosité de l’ensemble ni à la finesse avec laquelle Molière dépeint cette forme de folie ordinaire qu’est l’obsession de l’argent. Un classique à lire ou à relire, ne serait-ce que pour mesurer à quel point, plusieurs siècles plus tard, les thématiques soulevées restent (malheureusement) d’actualité.

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Cricri08

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Quand on entend L’Avare, on pense tout de suite à un vieux monsieur avec une perruque qui hurle: « Ma cassette ! » Ça sent la pièce de théâtre imposée au collège, un peu ennuyeuse, avec des mots qu’on comprend à moitié. Mais en vrai, si on prend le temps de vraiment la lire (ou mieux : de la voir jouée, même avec Louis de Funès), c’est une pièce super actuelle. Harpagon, le personnage principal, ce n’est pas juste un radin. C’est un type complètement terrorisé à l’idée de perdre son argent. Il pense qu’à ça. Il cache son or, il surveille tout le monde, il fait même passer son magot avant ses enfants. Il veut les marier à des gens qu’ils n’aiment pas, juste pour que ça ne lui coûte rien. Il contrôle tout. Il n’aime personne. Il n’a même pas l’air heureux. Il est juste… stressé. Tout le temps. Et franchement, on connaît tous un Harpagon, quelqu’un qui a peur de donner, peur de partager, peur de manquer. Harpagon, c’est la peur du manque qui rend méchant. Ce qui est fort, c’est que Molière arrive à nous faire rire avec ça. Mais en même temps, on sent bien que ce n’est pas que drôle. C’est un peu triste aussi. Parce que dans la pièce, personne n’est vraiment heureux. Les jeunes veulent juste vivre leur vie, mais ils doivent mentir et ruser pour échapper à leur père. Tout tourne autour de l’argent, et personne ne se parle vraiment. C’est une comédie, mais ça pique. Alors oui, c’est une vieille pièce. Oui, parfois les mots sont un peu anciens. Mais les émotions, les situations, les problèmes… ils sont toujours là aujourd’hui. Et c’est pour ça que L’Avare, ça reste une pièce à voir, à lire, à redécouvrir. Pas juste pour rigoler, mais pour réfléchir un peu aussi.

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lucaaa

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Molière signe avec L’Avare une comédie toujours aussi efficace et drôle, où l’avarice devient le ressort d’un théâtre de caractères savoureux et intemporels. Harpagon, personnage emblématique, est un parfait portrait de l’obsession et de la mesquinerie poussées à l’extrême. La pièce, rythmée et pleine de quiproquos, déploie un humour parfois grinçant, mais toujours juste, qui fait mouche encore aujourd’hui. J’ai apprécié la vivacité des dialogues et la construction serrée de l’intrigue. Cela dit, certains passages peuvent paraître un peu répétitifs ou caricaturaux, et la pièce manque peut-être d’une certaine profondeur émotionnelle ou psychologique. Malgré cela, L’Avare reste un classique qui conserve tout son charme et sa pertinence.

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LaLisiere

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 mois

Créée en 1668, "L’Avare" de Molière s’inscrit dans la lignée des grandes comédies de caractère du théâtre classique. En se focalisant sur le thème de l’avarice, Molière construit une satire sociale mordante, tout en explorant les déformations morales engendrées par l’obsession de l’argent. Inspirée des comédies antiques, notamment de Plaute, la pièce renouvelle le genre par une peinture fine et grinçante des relations humaines, où le ridicule du personnage principal révèle un mal bien plus profond : la tyrannie de l’égoïsme. Le personnage d’Harpagon est l’archétype de l’avare : il aime l’argent pour lui-même, plus que ses enfants, plus que l’amour, plus que la vie. Mais sous la caricature se déploie une figure tragique. Harpagon n’est pas seulement un homme économe ou pingre : il est prisonnier d’une logique de possession intégrale, qui pervertit tout lien affectif. Il projette d’épouser la jeune Mariane, que son fils aime, non par amour mais pour éviter une dot ; il cherche à marier ses enfants sans dot ni dépense, comme on gère un placement. La pièce dénonce une logique utilitariste qui contamine l’intime. Harpagon est un père qui ne sait pas aimer, un homme déshumanisé par sa passion exclusive. Son avarice n’est pas qu’un travers comique, elle est un symptôme d’une pathologie sociale : celle d’une société où la valeur marchande supplante toute autre forme de valeur. Autour d’Harpagon, les autres personnages forment un chœur contrasté. Cléante et Élise, ses enfants, cherchent à s’émanciper du joug paternel pour vivre l’amour librement. Valère et Mariane incarnent les figures du dévouement amoureux et de la sincérité affective. Maître Jacques, domestique rusé et maladroit, joue le rôle du médiateur burlesque entre les classes. Ces personnages incarnent diverses attitudes face à l’argent et à l’autorité : soumission, ruse, révolte. En cela, "L’Avare" offre une peinture sociale variée, où la jeunesse, l’amour et le désir de liberté s’opposent à la logique froide et déshumanisée du profit. Cette tension entre générations donne à la pièce une énergie dramatique fondée sur l’affrontement des désirs. Molière utilise le comique pour mieux faire émerger le malaise. Le comique de situation (quiproquos, déguisements, malentendus) se double d’un comique de caractère, où l’excès d’Harpagon devient grotesque. Mais ce rire n’est jamais gratuit : il révèle une inquiétude sociale, un désordre moral. Le monologue célèbre d’Harpagon – « Ma cassette ! Ma cassette ! » – cristallise ce moment de basculement où le rire devient grinçant, où la comédie frôle le tragique. La pièce interroge aussi le langage : Harpagon parle toujours en termes comptables, même lorsqu’il s’agit de ses enfants. Le langage devient l’indice d’une vision du monde rétrécie, où les sentiments sont mesurés à l’aune du gain. Ce réductionnisme linguistique est au cœur de la satire de Molière. En respectant les unités classiques, Molière maîtrise l’art du rythme théâtral. Les cinq actes sont équilibrés, la tension monte progressivement jusqu’à la révélation finale, qui, par un deus ex machina un peu forcé, permet le dénouement heureux. Mais ce retour à l’ordre n’efface pas la virulence du propos. Le mariage final est moins une récompense qu’un soulagement après l’étouffement imposé par Harpagon. La pièce fonctionne ainsi comme une parabole inversée : le vice ne se corrige pas, il est seulement contourné. Harpagon ne change pas ; il retrouve son argent et s’en satisfait. Cette absence de morale finale accentue la noirceur de la pièce : la société s’adapte au vice au lieu de le combattre. "L’Avare" est bien plus qu’une farce sur un vieil homme pingre : c’est une critique lucide et impitoyable d’un monde où l’argent devient fin en soi, au détriment des liens humains. À travers Harpagon, Molière interroge la place de la richesse dans la vie privée, la transmission des valeurs, et la possibilité même de l’amour dans une société dominée par le calcul. Cette comédie, en apparence légère, est d’une modernité saisissante : elle éclaire notre propre rapport à l’économie, à la propriété, à la peur de perdre. Elle fait rire, certes, mais d’un rire qui dérange autant qu’il libère. Molière, en humaniste ironique, y tend un miroir à ses contemporains – et à nous encore aujourd’hui.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Classiques et Littérature , Théatre
  • EAN
    9782266225182
  • Collection ou Série
  • Format
    Livre numérique
  • DRM
    Filigrame numérique

L'auteur

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2,99 € Numérique 71 pages