Le Monde d'hier, Souvenirs d'un Européen / Die Welt Gestern, Erinnerungen eines europäers (extraits) : Le livre de Stefan Zweig

Numérique

12-21

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Retrouvez des extraits du Monde d'hier en version bilingue.

La série BILINGUE de 12-21 propose :
• une traduction fidèle et intégrale, accompagnée de nombreuses notes
• une méthode originale de perfectionnement par un contact direct avec les œuvres d'auteurs étrangers
• une adaptation en version numérique étudiée, qui offre au lecteur trois manières de découvrir le texte : en version bilingue, en version originale et en version française.

Première Partie
Incipit Hitler (Extraits) / Incipit Hitler (Auszüge)
" Ainsi, je suis dans l'incapacité de me souvenir quand j'ai entendu pour la première fois le nom d'Hitler, [...] le nom de l'homme qui a entraîné le plus de malheurs pour notre monde qu'aucun autre au cours de l'histoire. "

Deuxième Partie
L'Agonie de la paix (Extraits) / Die Agonie des Friedens (Auszüge)
" Il ne m'a été d'aucune aide d'avoir entraîné mon cœur durant presque un demi-siècle à battre au rythme universel d'un "citoyen du monde'. Non, le jour où l'on m'a retiré mon passeport, j'ai découvert, à 58 ans, qu'en perdant sa patrie, on perd bien davantage qu'un petit coin de terre délimité par des frontières. "

De (auteur) : Stefan Zweig
Traduit par : Bernard Straub, Paul Thiele

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Expérience de lecture

Avis Babelio

Lishbks

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 2 mois

Livre-mémoire, livre-témoin. Stefan Zweig parcours les époques tandis que le temps s'accélère au gré des modernisation techniques et morales. Ce nouveau siècle est un carrefour plein de promesses mais qui laisse derrière lui une certaine idée de sécurité et un rapport au temps tellement différent. Place à la jeunesse, jadis contenue par des jugements sévères, à l'innovation et aux idées hors cadres que Zweig trouvera tour à tour plus ou moins à son goût sans se départir de son libre arbitre. C'est aussi et surtout, l'avènement de deux guerres mondiales. L'on comprendra alors tout ce que ce "monde d'hier" représente de pages tournées. C'est l'avènement et la fin d'une confiance en l'avenir, du sentiment d'appartenance à une humanité en marche vers plus de fraternité. À travers son histoire personnelle Zweig, en européen convaincu, se fait passeur de ces illusions et désillusions mêlant l'art et l'Histoire. On y passe et repasse les frontières avec des sentiments tellement différents à chaque fois. On y croise les grands événements autant que la petite musique quotidienne. Une empreinte. Une ambiance. Des amitiés. L'angoisse de voir certains de ces échos rebondir sur les murs de notre temps. Ce livre est certainement à lire et à recommander spécifiquement parce que l'auteur s'y place en observateur "ordinaire", affilié à aucune idéologie, peu intéressé par la chose politique. Sa condition le préserve jusqu'à ce qu'elle ne le préserve plus du tout. Et c'est peut-être là son meilleur enseignement. Livre-avertissement... quand vient la vague.

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mika07

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 2 mois

Quel récit historique, quelle analyse, quel plaidoyer pour la paix écrit par le dramaturge qui a fait de la description du sentiment humain et de la conjugaison des émotions les plus intenses, l’essence même de sa plume. Il y a des livres que l’on peine à ouvrir, sans doute en écho à la souffrance viscérale que son auteur a ressenti pour ouvrir son propre coeur et poser son récit, chacun des mots méticuleusement choisis pour dépeindre les tourments d’une âme et les maux d’un monde. On garde ces oeuvres précieusement dans sa bibliothèque sentant l’aura qui émane d’eux en se disant que le moment n’est pas encore venu. Et puis un jour, c’est comme une évidence et dès les premières lignes, on est transportés: chaque mot balaye les émotions soigneusement rangées pour créer ce tourbillon intérieur qui nous confirme que le voyage va être intense et inoubliable. Ce roman offre cette déchirante promesse. Son récit sonne comme un testament, l’oeuvre d’une vie, le regard d’un citoyen libre effaré devant la brutalité des évènements qui s’enchainent. Son auteur, Stephan Zweig, autrichien de confession juive né en 1881, d’une humanité sans égale, prend soin de rassembler ses souvenirs avec une certaine fébrilité, tant sa propre vie est entremêlée avec les évènements décrits, mais avec la force de celui qui veut transmettre son vécu aux générations futures. Défendant avec courage et ténacité une Europe unie et solidaire dont les citoyens seraient foncièrement libres, l’auteur voit, par deux fois, la lente descente aux enfers de son monde brisé par la lâcheté d’individus tourmentés par leurs peurs, le cri de leur coeur rempli de jalousie et de haine, ces vices qui vont peu à peu faire perdre ses repères et ses valeurs aux peuples. Les vents lâches poussés par l’ordre, la sécurité et l’ambition nationaliste des pays repliés sur eux-mêmes n’auront qu’à souffler sur ces braises pour embraser le buché des destinées humaines. Stefan Zweig pose un oeil objectif sur les différentes époques qu’il traverse tout au long de sa vie: de la légèreté et de l’insouciance de la fin du 19ème et du début du 20ème siècles où la curiosité et le partage intellectuels guident ses jours, à l’incrédulité face à l’imminence de la 1ère guerre entre les nations européennes; puis son combat pour la paix avec d’autres auteurs engagés jusqu’à l’explosion de joie qui accompagnera la paix; et de nouveau après des années remplies de voyages et de rencontres, malgré l’espoir d’un reconstruction durable et apaisée, il assiste à la lente agonie de la paix avec la montée des nationalismes et de l’antisémitisme qui vont entrainer sa censure, puis son exil forcé lorsque ce qu’il imagine de pire, l’invasion de son Autriche Natale par l’Allemagne Nazie, se produit en 1938, avant le retour tant redouté, un an plus tard, de la guerre totale. L’auteur nous partage le contexte dans lequel il a mené de front ses combats en tant qu’humain éclairé et libre, devenant en parallèle grâce à ses oeuvres un écrivain reconnu, tout en respectant sa volonté première de ne jamais, à n’importe quel prix, abandonner sa liberté. Les mots sont posés et sobres mais ils portent en eux toute la palette d’émotions ressenties par l’auteur. Il prend solennellement le lecteur à témoin pour exposer combien l’imagination n’est pas assez fertile pour rendre compte des atrocités commises dans ces temps sombres, comment il faut avoir vécu ces scènes déchirantes pour comprendre de quoi l’homme, redevenu bestial, est capable et appréhender de tout son être les sentiments humains les plus profonds. Le récit reste centré sur les évènements de cette période tragique de l’Histoire, son destin littéraire fait d’écrits et de rencontres. Il évoque assez peu sa vie privée avec sa famille, le personnage principal étant cette Europe quasi personnifiée en laquelle Stefan Zweig aura cru toute sa vie jusqu’à voir le soleil se coucher sur ses cendres. Cette lecture près d’un siècle plus tard de ce monde d’hier présente des similitudes étranges et inquiétantes avec le monde d’aujourd’hui alors que résonne de nouveau en Europe, ce bruit sourd et menaçant des bottes marchant en rang serré, hurlant leurs sombres incantations pour un nouvel ordre prêt à saigner une fois encore sa proie aussi précieuse que fragile: la liberté. Alors même que les égoïsmes individuels et nationaux, dans une société perdue entre excès et peur du vide, sont plus développés que jamais et que la pauvreté au spectre gonflé par des médias cyniques et un pouvoir au service des plus puissants recouvrent peu à peu la flamme de chaque destin. Un roman d’une force incommensurable, un témoignage d’une lucidité sans égale écrit avant que l’auteur lui-même ne laisse s’envoler son âme de ce monde touché par l’horreur.

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clesbibliofeel

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 3 mois

Voici un livre témoignage comme il y en a peu dans toute l’histoire de la littérature, évocation d’une époque cruciale autant que biographie d’un auteur à la destinée hors du commun. Qui peut mieux que Stefan Zweig esquisser un portrait de l’évolution de l’Europe de 1895 à 1941 ? Écrit par thèmes, plus ou moins chronologiques, il avance par grands chapitres avec des évocations, des souvenirs, des portraits. Passionnant ! Stefan Zweig est né en 1881. « Le monde de la sécurité », « L’école au siècle passé », « Eros matutinus », « Universitas vitae », tels sont les titres des premiers chapitres. Ils dressent le tableau d’une enfance et d’une jeunesse heureuses dans une Autriche de stabilité et de culture. Puis viennent – alors qu’il a 33 ans – « Les premières Heures de la guerre de 1914 ». Il constate avec incrédulité l’empoisonnement par "la propagande haineuse menée depuis des années et des années".  Plus tard après la première guerre mondiale se profile une période d’intense activité. Il est au sommet de la gloire et compte parmi ses amis une bonne partie des élites culturelles et scientifiques, voire politiques de l’époque. Il a 52 ans lors de la prise de pouvoir par Hitler… Le chapitre intitulé « Crépuscule » me rappelle l’excellent recueil de nouvelles d’Erika Mann « Quand les lumières s’éteignent ». C’est la nuit qui s’annonce avec « Incipit Hitler » et « L’Agonie de la paix ». Après une reconnaissance mondiale, il a dû quitter l’Autriche et connaît la dure condition d’apatride. Stefan Zweig exilé en Angleterre s’installe ensuite au Brésil et y rédige ce volumineux témoignage dans des conditions difficiles, sans archives, dans la spontanéité du geste direct sur le papier, de la phrase-pensée jaillissant en un flot puissant sans contrôle extérieur. Ce livre vaut par le talent de son auteur, assurément un des très grands de la littérature mondiale. Arrive toujours un passage suscitant l’intérêt et l’admiration. Le chapitre « Paris, ville de l’éternelle jeunesse » est un de mes préférés. En conteur génial, l’auteur décrit et commente sa rencontre avec Auguste Rodin, entre anecdotes puissantes et fascinante étude du processus de création artistique. Les pages du vol de sa valise à l’hôtel sont aussi des plus savoureuses. Stefan Zweig ne veut pas être responsable de l’emprisonnement d’un pauvre bougre et refuse de porter plainte, se mettant à dos le patron de l’établissement. Et on sourit de lire – il y a énormément d’enthousiasme, de joie dans ses récits – que le voleur propose de rapporter la valise jusqu’à la chambre où il l’a volée. C’est très bien écrit et la traduction donne une grande fluidité au texte. On sent que l’auteur est un expert de la nouvelle, les souvenirs donnant soudain l’occasion d’un court et passionnant récit qu’on ne peut plus lâcher. Stefan Zweig est un européen convaincu mais un européen de la culture commune et de la paix. Dans La lutte pour la fraternité spirituelle, il regrette l’oubli trop rapide des malheurs de la guerre, rappelant que l’artiste a le devoir « ...d’exprimer sa conviction, fût-ce en se heurtant à la résistance de son propre pays et à l’indignation de tout le monde en guerre. » Il a assisté à la dégradation des consciences sous le poids de forces niant toute moralité, la propagande devenant de plus en plus efficace. Le Monde d’hier révèle l’essentiel du siècle de Stefan Zweig tout comme Histoire de ma vie de George Sand dressait un portrait de la première partie du 19ème siècle. Deux œuvres passionnantes qu’on peut lire et relire pour inspirer nos vies. Stefan Zweig s’est suicidé en 1942 pensant la victoire du nazisme inéluctable. Et pourtant la vie, l’espoir, ont été les plus forts. Le nazisme vaincu, il aurait certainement pu rentrer dans son pays quelques années plus tard... Notre monde d’hier vacille : guerres en bien des points du globe, montée d’une extrême droite maquillant comme elle le peut ses références fascisantes profondes. Notre culture est une mince couche que tente d’abattre les empires à la tête de gigantesques machines médiatiques dont Stefan Zweig ne pouvait pas imaginer la puissance terrifiante alors que recule l’État de droit. L’histoire ne se répète pas mais il peut être utile de comprendre les mécanismes qui ont conduit aux grandes catastrophes du siècle dernier. Les mots « paix », « art » et « écrivains » sont très présents dans Le Monde d’hier, remarquons qu’ils sont de plus en plus mis de côté, attaqués, des écrivains sont toujours interdits, emprisonnés. Le mot « Liberté », appliqué exclusivement à l’individualisme et la compétition-captation économique est maintenant l’étendard des nouveaux prédateurs. Stefan Zweig nous aide dans une indispensable résistance qui passe aussi par les livres.

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ylambert7

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 3 mois

Le monde d’hier – Stefan Zweig Un livre culturellement intéressant et en rapport à ce qui se passe aujourd’hui en Europe et dans le monde. Stefan Zweig est né en Autriche avec des valeurs et des traditions. L’Autriche baignait dans une culture sans souci avant que n’arrive le dérèglement mondial. Dans le livre, il décrit que la guerre n’a rien arrangé. « Elle a apporté la misère au lieu de l’enrichissement, l’amertume au lieu de l’apaisement, la famine, la dépréciation de la monnaie, les révoltes, la perte des libertés civiques, l’asservissement à l’Etat, une insécurité qui détruisait les nerfs, la méfiance de tous vis-à-vis de tous. » « Pour autant qu’il avait les yeux ouverts, le monde s’apercevait qu’on l’avait trompé. Trompées les mères qui avaient sacrifié leurs enfants, trompés les soldats qui rentraient en mendiants, trompés tous ceux qui, par patriotisme, avaient souscrit à l’emprunt de guerre, trompés tous ceux qui avaient accordé leur confiance à une promesse de l’Etat, trompés nous tous qui avions rêvé d’un monde nouveau et mieux réglé, et qui constations que les mêmes ou de nouveaux hasardeurs reprenaient maintenant le vieux jeu de notre existence, notre bonheur notre temps avaient servi de mise. » Les prix fluctuaient d’un jour à l’autre sans raison : « Un lacet coûtait plus cher qu’un soulier… » « D’un coup, la génération d’après-guerre s’émancipait brutalement de toutes les valeurs précédemment établies et tournait le dos à toute tradition, résolue à prendre elle-même en main sa destinées ». Ainsi sont nés les Wandervögel qui se sont développés à partir de 1896 en Prusse, jusqu’à s’étendre à tout le Reich, et à l’Autriche après 1911. Zweig a découvert aussi la Russie avec d’autres écrivains ou artistes qui sont revenus pour certains enthousiastes et pour d’autres déçus. Bien qu’il ait apprécié ce pays, il lui a été communiqué en cachette que la Russie surveillait tout le monde en permanence. Il écrit encore « qu’Hitler n’a rien inventé de plus génial que cette tactique consistant à sonder lentement l’opinion mondiale et à aggraver sans cesse et progressivement ses mesures contre une Europe de plus en plus faible – moralement et bientôt aussi militairement. Et c’est aussi en application de cette méthode du tâtonnement que fut exécutée l’action visant à étouffer en Allemagne tout parole libre et à faire disparaître tout ouvrage indépendant, qu’il avait décidée depuis longtemps dans son for intérieur ». Enfin, Zweig avoue qu’il est difficile de se dépouiller en quelques semaines de trente ou quarante ans de foi dans le monde. Ancrés dans nos conceptions du droit, nous croyions en l’existence d’une conscience allemande, européenne, universelle, et nous étions persuadés qu’il avait un certain degré d’inhumanité qui s’éliminait de lui-même et une fois pour toute devant l’humanité. Des passages très intéressants où l’on voit aujourd’hui se dessiner une forme répétitive de l’Histoire.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Sciences Humaines & Savoirs , Langues
  • EAN
    9782823855692
  • Collection ou Série
    Bilingues
  • Format
    Livre numérique
  • DRM
    Filigrame numérique

L'auteur

Stefan Zweig

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