La Confusion des sentiments : Le livre de Stefan Zweig

J’ai écouté le livre audio simplement par ce que je m’ennuyais et honnêtement je ne suis pas déçue. Ce livre est touchant, du début à la fin j’ai été captivé. La relation est bien construite et je trouve ça plutôt amusant la manière dont on sait au fond de soit déjà ce qu’il va se passer sans vraiment le savoir. Je ne peux que vous recommander.

Il y a des livres qu’on lit en retenant son souffle, comme si la moindre page pouvait révéler ce qu’on n’ose pas nommer. La Confusion des sentiments en fait partie. Ce texte court, tout en retenue et en tension, m’a profondément touché par ce qu’il suggère sans jamais forcer. Zweig y parle d’un trouble intime, d’un lien qui déborde les mots, d’un respect qui frôle l’adoration, d’un amour qu’on ne peut pas dire. J’ai lu ce récit comme on écoute une confidence. Roland, ce jeune étudiant perdu dans sa jeunesse insouciante, rencontre un professeur au savoir immense, à la solitude presque visible. Leur relation est toute en silences, en regards, en frôlements d’âmes. Et ce qui pourrait être une histoire d’initiation devient peu à peu quelque chose de plus flou, de plus poignant. Le trouble est là, mais sans voyeurisme, sans théâtre inutile. C’est l’ombre d’un désir qui n’a pas de nom, une tendresse tragique que le contexte social et moral empêche de naître. Zweig ne juge pas. Il écrit avec une pudeur bouleversante, et une lucidité cruelle sur les ravages du non-dit. J’ai refermé le livre bouleversé, admiratif. Ce texte m’a rappelé que la littérature est aussi cela : dire ce qui ne peut pas se dire, rendre visible l’indicible.

C’est ainsi que je décide de m’initier au cousin de letterboxd. Que dois-je dire ? Que dois-je faire ? Je ne connais leurs us. Sinon sacré p’tit bouquin, qui me donne encore plus envie de continuer à lire. J’pense que c’est plus fiable qu’un test « à combien de % je suis gay » qu’un vieux test Harvard fais par des puceaux de 1as. J’ai compris que ce n’étais pas une espèce de biographie vers la fin donc c’est carré dans l’axe #x1f9a7

Tout comme Roland, je suis très confuse à la lecture de ce livre. L’écriture m’a particulièrement touchée, on entre dans l’intimité du moi, sans pour autant le saisir pleinement. Toujours animée par l’incertitude, les doutes flottants, je me suis sentie emportée dans l’œuvre, comme si j’y prenais place malgré moi. C’est curieux comme à la fois on se sent proche des personnages, de Roland notamment, mais pour autant éloigné. Avec du recul, les premières pages sont comme un avant-propos : la quête de soi, la compréhension de soi, est une aventure tumultueuse, que l’on frôle du bout des doigts, mais que l’on ne peut atteindre exhaustivement. Le narrateur se cherche, cherche l’autre, sans jamais y parvenir. Étrangement, j’ai l’impression que ce livre m’a vidée de mes émotions, il m’a absorbée. Je le recommande aux amoureux de la littérature et de la philosophie, vous y trouverez un bonheur certain, ou tout du moins, une attraction certaine.