Les annales du disque-monde - tome 5 Sourcellerie : Le livre de Terry Pratchett, Marc Simonetti

Dans ce cinquième épisode des annales du Disque-Monde, le huitième fils d’un huitième fils devient le sourcellier malgré lui, un petit garçon qui tient dans ses petites mains un bourdon puissant, puissant au point que la magie devient réelle. Fini les goûters arrosés, et les ronflements paisibles dans les couloirs de l’université. Que vient faire alors ce petit garçon qui a le don de vous agacer en arrivant avec ses petits mains tenant un bourdon, qui lorsqu’il vous regarde, donne l’étrange sensation de voir juste derrière vous. La magie est chamboulée. Mais Rincevent est toujours là, il a un peu vieilli, mais lui seul, accompagné de la fille de Cohen, et de Nijel un héros débutant, peut sauver le monde. Truffé de pépites, ce cinquième roman, bien que je l’ai trouvé un poil en dessous du niveau reste malgré tout un plaisir de lecture dans cet univers comique, héroïque et fantastique. Beaucoup d’humour et puis beaucoup de plaisir à retrouver des personnages. A suivre bien sûr pour ces moments de lecture à l’humour qui décape.

Le 8ème fils du 8ème fils du 8ème fils est né. Selon la légende il s'agira donc d'un sourcelier. Son père décide de se transformer en son bourdon de mage afin d'éviter la mort mais prendra ainsi l'ascendant sur son fils. En même temps, l'académie des mages d'Ank Morporkh cherche son nouvel archichancelier alors que Rincevent vaque d'aventures en aventures. Je lis les annales du disque monde en dilettante mais je dois avouer que ça se bonnifie avec le temps. Les deux premiers tomes étaient bien quoi qu'un peu léger sur certains aspects mais depuis ceux ci, c'est excellent. Ce tome revient sur Rincevent, le mage improbable aux talents magiques inexistants et vient ajouter deux nouveaux personnages : Conina la fille de Cohen le barbare et ... Je ne me rappelle plus son nom qui veut être barbare ( bon il est un. peu anecdotique tout de même ). Les personnages sont loufoques comme d'habitude et les situations s'enchainent de manière effrénées si bien que sur les 280 pages en édition de poche je ne me suis pas ennuyé une minute. Un petit bémol sur le grand Sourcelier qui m'est apparu comme carrément fade durant toute l'histoire. J'ai bien compris qu'il importait moins que son père qui prend le pas pendant tout le récit mais j'ai trouvé qu'en terme de personnalité c'était un poil limité et peut être qu'un peu plus de folie en guise de fin aurait réhaussé le personnage. Par contre du côté de Rincevent rien à redire. Il est toujours conforme dans son rôle de personnage qui recherche la tranquillité et ne récolte que des aventures. Le passage avec le génie est franchement excellent dans le genre improbable mais drôle. On retrouve l'humour anglais à la Monty Python derrière cet humour décalé qui est fort appréciable. J'ai également bien aimé le bibliothécaire au passage dans son rôle de dirigeant de l'ombre au vocabulaire ... Tout en subtilité. Cela fait partie des détails qui donnent tout son relief au livre en donnant plus de profondeur à des personnages totalement secondaires et pourtant importants. Au final ce 5ème tome m'a bien plu et je recommande sa lecture si vous appréciez cet humour si spécial et si anglais matiné de fantasy. Vu le nombre de tomes qui me reste à lire, je pense que je vais en avoir pour un bout de temps à terminer cette série ( mais je ne suis pas pressé alors ça tombe bien, je peux savourer chaque lecture ).

Une autre relecture du Disque-Monde. C'est la cinquième aventure dans le Disque-Monde et Terry Pratchett trouve peu à peu ses marques. Les plaisanteries entre les personnages se rapprochent de ce qui a fait la renommée de la série. La relation entre la fille de Cohen et Rincevent est particulièrement bien menée et comporte de très bonnes répliques. Ce qui reste faible, c'est l'intrigue principale. On assiste ici à un retour de la puissance de la magie : les mages deviennent soudainement puissants et veulent dominer le monde, passant leur temps à se battre entre eux, comme dans les guerres des mages qui ont failli détruire le Disque-Monde dans une autre ere. Le Disque-Monde réussit lorsqu'il aborde un sujet contemporain et en fait une satire (comme la guerre, la liberté de la presse, les moyens de communication, l'esclavage, le fanatisme religieux, etc.), ce qui manque cruellement ici. Enfin, le personnage principal est Rincevent, qui réagit principalement aux événements (en fuyant la plupart du temps), et les romans qui le mettent en scène ont tendance à être plus faibles. Le Disque-Monde est à son apogée lorsque le personnage principal est un personnage comme Sam Wimes, Granny Weatherwax ou même Tiffany Aching, des personnages dotés d'une morale affirmée qui s'emportent violemment lorsqu'ils voient quelque chose qui leur déplaît et agissent pour y remédier. On sent vraiment la colère de Terry Pratchett transparaître à travers les pages lorsque ces personnages occupent le devant de la scène.

Replonger dans le Disque-Monde, c'est comme retrouver un vieil oncle excentrique : on sait que l’on va rire, être surpris, et probablement frôler une catastrophe cosmique avant la dernière page. Ce cinquième tome, Sourcellerie, nous offre donc le plaisir de retrouver Rincevent, le mage le moins compétent – et par conséquent le plus attachant – de l'Université de l'Invisible. Un retour en fanfare ? Disons plutôt en cacophonie de hurlements paniqués. L'intrigue promettait monts et merveilles – ou du moins, une guerre cataclysmique entre les mages et un jeune prodige surpuissant, bien décidé à rebattre les cartes du jeu magique. L’humour pratchettien est bien là, fidèle au poste, servi par des personnages toujours plus hauts en couleur (mention spéciale au bagage, en pleine crise existentielle, et à Nijel le Destructeur, dont le plus grand exploit guerrier reste d’avoir lu le guide « l'héroïsme pour les Nuls »). Mais on ne peut s’empêcher de ressentir une légère frustration : là où Terry Pratchett excelle d’ordinaire à croquer en quelques traits des réflexions mordantes sur des thématiques actuelles, il semble ici rester en surface. Car il y avait matière à creuser ! Le poids de l’obéissance aveugle, l’emprise d’une idéologie rigide, la façon dont un savoir incontrôlé peut se retourner contre ceux qui le détiennent... Tous ces thèmes, sont effleurés mais jamais totalement exploités dans le scénario. Alors, à la place on a quand même droit à  une course-poursuite échevelée où Rincevent fait ce qu’il fait de mieux, à savoir courir très vite dans la direction opposée au danger, tout en se demandant comment diable il s’est encore retrouvé dans cette situation. Et le livre reste très très bon. Mais après avoir goûté à la finesse satirique d’autres tomes du Disque-Monde, Sourcellerie laisse un léger goût d’inachevé. On rit, certes, mais j'aurais aimé être un peu plus secoué. Au final, Sourcellerie demeure une lecture toujours plaisante, portée par l’affection que l'on porte à Rincevent et à son éternelle poisse. Ce n'est peut-être pas l’apogée du Disque-Monde, mais c’est un détour agréable, ponctué de rires et de trouvailles absurdes, comme seul Pratchett sait en offrir.