Paris-Briançon : Le livre de Philippe Besson

Paris-Briançon est mon premier Philippe Besson. J’ai apprécié sa plume limpide et efficace. J’ai été tenue en haleine de la première à la dernière page. L’histoire se déroule dans un train de nuit, l’Intercités n°5789 qui doit relier Paris à Briançon. Le ton est donné dès le départ : « les passagers montent à bord, joyeux, épuisés, préoccupés ou rien de tout cela. Parmi eux, certains seront morts au lever du jour ». On comprend qu’un incident grave va se produire, mais il faudra patienter un peu, dépasser la gare d’Embrun pour connaître le sort réservé aux voyageurs. Le suspense est savamment entretenu. Philippe Besson révèle une habilité redoutable pour maintenir le lecteur dans une expectative palpitante. En attendant, on lie connaissance avec une dizaine de personnages tous plus attachants les uns que les autres. Rien ne les relie entre eux et pourtant, à la faveur du huis clos imposé par le train de nuit, certains vont créer des liens, échanger des confidences, d’autres tomber le masque des apparences, découvrir leurs désirs véritables. En attendant, l’Intercités n°5789 trace sa route, traverse le parc du Morvan, contourne Lyon, passe à proximité de Saint-Donat avant Die, puis « débutent réellement les routes de montagne, aux tracés sinueux. Désormais, on va gagner an altitude, on devra progresser au milieu de barrières rocheuses singulièrement raides, de collines qui semblent impraticables sauf aux troupeaux, de forêts en escaliers, au bord de précipice, qui sait ». J’ai lu Paris-Briançon à l’ombre de la pinède de la Dune du Pyla. C’était savoureux de sillonner le massif alpin à bord d’un train de nuit avec le banc d’Arguin et l’océan Atlantique à portée de regard.

J'ai joué au jeu de Philippe Besson pour choisir ma lecture et je suis tombée sur ce roman. On me l'avait conseillée alors cela tombait très bien. Je n'avais pas lu le resumé, comme souvent, et me suis donc laissée porter par les histoires de chacun jusqu'au drame... A bord du train de nuit Paris-Briançon, un couple de retraités se lie à un groupe de jeunes en route pour les vacances, une maman solo avec ses deux enfants va trouver une oreille attentive auprès d'un représentant blasé par son travail mais attentif à ce petit bout de femme et enfin mon duo préféré, un médecin en deuil de sa mère mais aussi de sa relation rencontre un jeune hockeyeur qui va ouvrir les yeux durant ce voyage sur ce qu'il veut pour son avenir... J'ai beaucoup aimé toutes ces rencontres, ces destins qui se lient soit autour d'un jeu de cartes, soit entre deux portes ou bien de manière plus charnelle. Tous les personnages m'ont beaucoup touchée de par leur histoire mais aussi de ce qu'ils dévoilent à l'abri de ce train, dans ce petit écrin où les langues se delient, où le vague à l'âme se faufile jusqu'à l'oreille du voisin atteignant parfois son cœur. Philippe Besson a ce talent de décortiquer les émotions, de nous les livrer brutes et douces, belles et écorchées... Il nous confie des personnages attachants, des histoires de vie bouleversantes et surtout une fin auquelle je ne m'attendais pas qui m'a serré le cœur tant j'avais d'affection pour toutes ces belles personnes.... Un roman beau et très touchant.

Phillippe Besson a clairement l'art et la manière de tenir en haleine son lecteur. Bien que ce roman soit court et qu'il annonce dès le départ que certains n'atteindront pas la destination, il réussit à créer de l'attachement pour la dizaine de personnages qu'il décrit. Un petit bémol sur les phrases très longues. A l'oral, il faut ajouter des points et virgules :)

On ne prend pas un train de nuit par hasard. En ce début de vacances de Pâques, les 123 passagers du Paris-Briançon ont tous une raison pour se lancer dans ce périple ferroviaire de 12 heures. Que ce soit pour l’aventure, le côté pratique, voire économique, ou pour l’originalité du voyage, tous s’apprêtent à vivre une nuit bercée par le tangage des wagons et le rythme saccadé des roues métalliques sur les rails. C’est un médecin de quartier, un groupe de 5 étudiants en vacances, une femme en cours de divorce et ses deux enfants, un représentant de commerce en fin de parcours, une syndicaliste retraitée et son mari atteint du cancer ; en tout, onze adultes emportant dans leurs valises les bonheurs et les déceptions qui font le bilan d’une vie. A eux seuls, ils dessinent une palette éclectique de phénomènes de société actuels comme la violence conjugale, la maladie, le licenciement, l'effritement des engagements sociaux, la difficulté d'un coming-out ou la parole débridée des réseaux. Un roman écrit comme une film-catastrophe qui nous présente d’abord une galerie de personnages avant de les plonger dans l’accident que l’on sent inéluctable. Avec beaucoup de détails, à la manière d’un reportage, Philippe Besson nous transporte sur ce train qui s’enfonce dans la nuit. Il nous fait partager sa tendresse pour ces gens ordinaires qu’il fait se rencontrer durant l’instant suspendu d’un voyage. Et en convergeant vers le chaos qui les attend, ce sont des vies que l’on voit changer au fil des rapprochements, puis exploser vers un avenir incertain. Ce roman plein d’humanité, va puiser dans l’imprévu de rencontres improbables, le meilleur de chaque existence. Une lecture prenante qui, l'air de rien, nous en dit beaucoup sur notre façon de regarder les autres.