Quatrevingt-treize : Le livre de Victor Hugo

"Personne n'est innocent, personne n'est coupable. Louis XVI, c'est un mouton jeté parmi des lions. Ce mouton en colère montre les dents. Le traître ! Disent les lions. Et ils le mangent. Cela fait, ils se battent entre eux. - Le mouton est une bête. - Et les lions, que sont-ils ? - Ces lions-là sont des consciences. Ces lions-là sont des idées. Ces lions-là sont des principes. - Ils font la Terreur. - Un jour, la révolution sera la justification de la Terreur. - Craignez que la Terreur ne soit la calomnie de la révolution (Gauvain)" 93, ou l'histoire romancée et légendaire de la Révolution française, majestueuse et meurtrière. 93, ou le rendez vous folklorique de Marat le Tigre, Danton le Corrompu et Robespierre le Terrible. 93, ou la Tourgue inexpugnable, théâtre de crimes, d'honneur et d'héroïsme. À défaut de ne pouvoir apprendre par cœur les 150 dernières pages tout à fait magistrales, ce roman aura droit au graal des 5 étoiles, avec une relecture prochaine en prime. À découvrir après 5h de podcast sur la révolution française pour savourer pleinement.

93, est un roman sur la terreur. Une époque après la révolution ou s'opposent les royalistes et les républicains. Cela se passe en Vendée. Les personnages sont forts, les points de vues de chaque camps sont exposés habilement si bien que le lecteur prend parti successivement pour les 2 opinions a tour de rôle. Les royalistes comme les républicains sont valeureux pleins de courage pour leurs causes, mais aussi pour les petites gens (cette maman qui recherche ses 3 enfants- sans se soucier du conflit). Beaucoup de morale dans ce roman, de références pour le bien, les débats sur la justice, l'équité, la religion, la peine de mort etc... cela m'a bien plu. Autant les passages d'action, la tempête au début, la prise de la Tourgue.... etc Les descriptions de ces scènes sont magnifiques et tellement cinématographiques j'ai bien aimé par contre, les descriptions infinissables des forêts successives, des marais etc sont très indigestes.

1793 - Année de la Terreur révolutionnaire. Année de la guerre civile. La Vendée est à feu et à sang. Dans cette guerre fratricide où les uns soutiennent la monarchie et les autres la république, les héros et les lâches sont des deux côtés. Et dans ce fracas, Victor Hugo nous entraîne au cœur d’une question brûlante : qu’est-ce que le devoir ? Le marquis de Lantenac est dépêché pour devenir le chef de la rébellion vendéenne. Il est inflexible et bien déterminé à restaurer l’ordre ancien. Son petit-neveu Gauvain est, quant à lui, un fervent républicain. Il affronte les vendéens hostiles à la Révolution, mais s’il est déterminé, il reste néanmoins ouvert à la pitié. Tout le contraire de Cimourdain, ancien prêtre et ancien professeur de Gauvain. Dans les veines de cet homme, c’est la justice implacable qui règne. Au cœur des combats, ils vont devoir choisir ce que la justice représente pour eux… Ce roman est le dernier écrit par Victor Hugo. Dans ce texte il s’interroge sur la violence qu’elle soit monarchique ou révolutionnaire et offre une réflexion humaniste sur le devoir. On sent que l’auteur a à cœur de dénoncer la violence, quelque soit son motif, qui frappe les plus faibles. Cette réflexion est particulièrement intéressante. Cependant, ce roman ne restera pas mon préféré de l’auteur, loin de là. J’ai trouvé que le récit souffrait d’un ventre mou en son milieu. Victor Hugo prend le parti de mettre en scène des personnages historiques de premier plan mais j’ai trouvé que l’effet tombait un peu à plat. C’est fort dommage car le récit offre des scènes fortes et émouvantes mais je n’ai pas retrouvé le souffle traversant Les Misérables.

Quatrevingt-treize nous plonge dans l’année 1793, au cœur de la Révolution française, entre la Terreur, la guerre civile et l’effondrement des idéaux. Hugo y peint un tableau brutal et bouleversant d’un pays déchiré, où s’affrontent la République jacobine et les insurgés vendéens. Au centre du roman, trois figures puissantes : Gauvain, le jeune aristocrate idéaliste, prêt à sacrifier tout pour la paix et la justice ; Cimourdain, l’ancien prêtre devenu juge impitoyable de la Révolution, symbole de la rigueur fanatique ; et le chevalier Henri, figure d’honneur et de loyauté, pris dans un tourbillon de violence et de dilemmes. Leur destin croisé incarne les contradictions de cette époque : entre devoir, foi, humanité et politique implacable. Hugo ne fait pas de manichéisme facile ; ses personnages sont profondément humains, souvent déchirés, porteurs de passions et de failles. L’écriture, fidèle au style grandiose d’Hugo, mêle descriptions puissantes, dialogues incisifs et réflexions philosophiques. Certaines parties sont longues — la poésie et la politique s’en mêlent — mais chaque détour nourrit la profondeur de cette fresque. Quatrevingt-treize est une œuvre moins populaire que Les Misérables, mais elle révèle toute la puissance d’un auteur engagé, capable de saisir la grandeur et la tragédie d’une époque cruciale. Un roman exigeant, qui reste profondément vivant.