Un oeil dans la nuit : Le livre de Bernard Minier, Hugues Martel

Quand on plonge dans un ouvrage de Bernard Minier, on ne sait jamais sur quoi on va tomber, et quelle sera la toile de fond de son récit. J’ai adoré l’originalité de ce roman. Explorer les coulisses du cinéma d’horreur, c’est pas banal, et Minier le fait avec brio. Il installe une atmosphère dérangeante, trouble, quasi surnaturelle, sans jamais perdre le fil de l’intrigue. Franchement, j’ai eu quelques frissons (et j’assume !), à tel point que j’évitais de lire le soir quand j’étais seule. Meurtres inspirés de films glauques, ésotérisme , réalisateurs possédés (ou presque), et cette sensation constante de naviguer entre fiction et réalité… Minier signe un thriller brillamment documenté. Il a dû s’enfiler toute la filmographie de Carpenter (Halloween), Cronenberg (La Mouche) ou encore Friedkin (L’Exorciste), parce que l’ambiance est maîtrisée de A à Z. Franchement, oser planter une intrigue dans le monde du cinéma d’horreur, il fallait oser ! Côté enquête, quel plaisir de retrouver Martin Servaz, toujours aussi déterminé, intuitif, et profondément humain. Avec Samira et Vincent à ses côtés, la dynamique du trio fonctionne à merveille, comme toujours. On les suit, on tremble avec eux, on doute, on enquête… et on en redemande. J’ai adoré le clin d’œil à Franck Thilliez, avec la brève rencontre entre Servaz et Sharko dans les couloirs de la Crim’. Petit moment suspendu pour les fans de ces deux piliers du polar français, qui fait sourire autant que frissonner. Et que dire de cette fin ? Une claque. J’ai bien fait d’attendre que H sorte avant de me lancer dans ce tome, parce qu’en refermant Un œil dans la nuit, impossible de faire autrement que d’enchaîner direct. Il me fallait des réponses. TOUT DE SUITE ! En bref, un très bon Minier : flippant, sombre, documenté, et ultra efficace. J’ai adoré.

Ça démarre par la confession d'un homme, Matthias Laugier, ancien décorateur dans le cinéma, sur son lit de mort, auprès d'un prêtre, père Eyenga, pour remettre une enveloppe contenant une clé USB à un certain Kenneth Zorn. Et le mourant lui dit : " l'enfer, mon père, j'ai été un de ces démons". Il y a cet entretien tant convoité qu'a réussi à obtenir Judith Tallandier, étudiante en cinéma, auprès du célèbre réalisateur Morbus Delacroix qui vit reclus au fin fond des Pyrénées. Devrait-elle se réjouir ou devrait-elle s'en méfier ? Et bien sûr une série de meurtres horribles tous liés autour du cinéma. 1, 2, 3.... Action !.... Coupez !! Dans cet opus, on reconnaît amplement la plume de M. Minier qui en plus a dû visionner plus de 150 films d'horreurs pendant des mois avant l'écriture de ce livre. M. Minier, vous êtes un psychopathe, non ? #128514;#128514; J'ai donc appris beaucoup de choses. Plus de mystère pour moi sur l'apophénie, sur la paréidolie, sur le body horror, sur le cinéma d'horreur en général. Je vais revoir mes classiques ! J'ai retrouvé un Servaz plus réfléchi, plus prudent mais toujours aussi fragile, sensible et perdu. L'auteur nous ouvre les portes du mal version cinématographique. Au milieu du livre, petit clin d'oeil au personnage de Franck Thilliez car Martin Servaz va même rencontrer à Paris et serrer la main à Franck Sharko ! J'ai adoré ce passage. Cette lecture est comme d'habitude, addictive, prenante et efficace. Et cet épilogue, on en parle ? Deux mystères en un !! Ça se fait pas ça M. Minier ! Heureusement pour moi, je viens d'acheter "H" et ça, c'est Hachement bien ! Et, vous fan aussi comme moi ?

Un début prometteur, un sujet qui pourtant semblait intéressant mais qui n'est au final pas aboutit, quel dommage! Le scénario aurait mérité d'être travaillé plus en profondeur, mieux décrit et explicité. Je suis restée sur ma faim, avec l'impression que les explications attendues ont à peine été survolées de manière un peu simplistes. Heureusement qu'il y a le suspense des dernières lignes pour avoir envie d'ouvrir le prochain!

Avant dernier épisode de la série consacrée au commandant Servaz, j’ai dévoré cette saga depuis le début de l’année, mais j’avoue que celui-ci est le moins réussi à mon goût, sans doute à cause de son sujet qui m’est totalement étranger, le cinéma d’horreur. Je n’ai jamais aimé ce genre et encore moins le porno horrifique (jamais vu). Si j’aime certains livres classés horreur, comme les plus célèbres romans de Stephen King, je dois à peine avoir vu deux ou trois films de ce genre (Les dents de la mer, Freddy et Blair Wich House il y a des années ), je n’aime pas voir ce type d’images. Donc même si Minier nous donne un vrai cours de cinéma, le sujet ne m’intéresse guère, ajouté à cela la mort d’un personnage emblématique de la série, j’ai nettement moins aimé ce thriller que les précédents opus. Trois intrigues se développent en parallèle avant de se rejoindre. Judith, jeune doctorante en cinéma réussit à obtenir un entretien exclusif avec le réalisateur Morbus Delacroix, qui vit reclus dans la montagne depuis que les diffuseurs ont refusé son dernier film. Un prêtre reçoit d’un mourant la mission de donner une clé USB à un de ses anciens amis, lui promettant l’enfer. Le destinataire se suicide après avoir visionné le fichier. Servaz et son équipe sont appelés dans un hôpital psychiatrique où un malade a été sauvagement assassiné par son voisin qui a réussi à s’enfuir. Tous ces morts ont travaillé dans le cinéma d’horreur et visiblement pas sur des films pour ados naïfs. Morbus Delacroix était un réalisateur très connu dans le domaine et de nombreuses rumeurs circulent sur son dernier film qui a été interdit, il mettrait en scène de vrais meurtres. Il est vite au centre des préoccupations des policiers. Il y a trop de clichés et de violence gratuite dans ce roman, l’ambiance y est très malsaine. D’habitude, il y a une critique sociale intéressante dans les romans de Minier, mais je ne l’ai pas trouvée ici. Certes le milieu du cinéma horrifique est dépeint sous les pires couleurs, mais ça ne concerne qu’une infime partie de la population. Et Servaz n’est pas non plus très convaincant dans son rôle de superhéros. J’ai trouvé cet opus en dessous des autres. Le dernier chapitre annonce l’évasion et le retour de son meilleur ennemi, Julian Hirtmann, espérons que cette dixième enquête sera plus réussie. Ce n’est pas un mauvais polar en soi, mais les épisodes précédents nous avaient habitués à nettement mieux. Je n’ai pas aimé le côté très gore et l’accumulation de descriptions horribles. Les personnages croisés sont aussi violents que leur passion pour ce type d’images, il y a un côté malsain dans ce roman, une certaine complaisance. J’espère que Minier va rebondir dans l’épisode suivant.