Après elle : Le livre de Ariane Bois

Découvrir ce roman, c’est parcourir l’horreur du féminicide. L’horreur de l’acte en lui-même mais surtout l’horreur de l’après. On voit ce que les personnages vivent après la mort, quand la vie continue et qu’il faut prendre le train en marche. La culpabilité de chacun des membres de la famille, le chagrin, la détresse, le lecteur vit tout cela profondément. Dès les premières pages, la lecture est bouleversante. Chaque personnage porte sa culpabilité, ses angoisses, ses peurs. C’est un roman qui se lit en pleurant. J’ai adoré ce roman autant que j’ai haï le père. Violence, manipulation, mensonge, il représente tout ce qui est détestable. On ne peut que s’insurger face aux droits qu’il conserve. Frappant, émouvant, poignant, ce roman ne laisse pas indifférent ! C’est un roman qui doit être lu, c’est un roman que je n’oublierai pas.

Ariane Bois fait partie des auteures dont je peux acheter les romans sans lire la quatrième de couverture, parce que je sais que je vais aimer la lecture, même si les sujets sont graves et bouleversants, comme la douloureuse histoire de Clotilde qui fait écho à celle de nombreuses femmes victimes de féminicide. Personne ne se doutait de ce que vivait Clotilde, parce qu’elle ne parlait pas, ni à ses parents, ni à sa soeur Laurie. D’ailleurs qui aurait pu penser que Bruno, son mari, un homme si bien sous tous rapports, attentif au bien être de sa famille, qui s’occupe parfaitement de ses deux filles, pourrait, tout à coup, se transformer en criminel. C’est pourtant ce qu’il se passe dans l’appartement Marseillais ce matin là, Bruno redouble de violence, il frappe son épouse avec un marteau et tente de mettre le feu à l’appartement. C’est Manon, leur fille de huit ans, qui va donner l’alerte, elle a tout entendu, elle a surtout vu son père fracasser sa mère, elle a tenté de s’interposer, elle est brûlée au bras, quel poids peut avoir une fillette de huit ans contre un fou furieux ? Clotilde est en soins intensifs mais ne survivra pas aux trop nombreuses blessures qui lui ont été infligées. Commence alors un deuil impossible à faire pour la famille, des questions sans réponse, une certaine culpabilité de n’avoir rien vu, un père emprisonné, un jugement au tribunal, des souvenirs qui surgissent tout à coup et donnent à réfléchir et deux filles, Roxane et Manon, qui vont devoir apprendre à vivre sans leur maman. Un homme ne tue pas seulement sa compagne, il condamne aussi ses parents, soeurs, frères, enfants. Tous prennent perpète dans cette histoire. Ariane Bois nous plonge dans ces vies brisées et chamboulées, celle de Laurie qui va désormais s’occuper de ses nièces et les accueillir chez elle, en Normandie, loin de Marseille, mettant ainsi de côté tous les projets qu’elle avait avec Fabien son compagnon, celle des parents de Clotilde dont sa maman qui n’a plus le goût de vivre, celle de la mère de Bruno qui défend son fils malgré le crime qu’il a commis, mais surtout celle de Roxane et Manon qui sont totalement traumatisées par la mort de leur maman et par le geste commis par leur meurtrier de père. Roxane est en pleine crise d’adolescence, tout la révolte, plus rien ne l’intéresse, elle refuse de parler à son père qui demande à la voir, ne veut plus aller a ses entrainements de natation alors qu’elle adorait ça, avec Laurie les discussions sont animées, elle n’est pas leur mère, de quoi se mêle t’elle ! Elle déteste la Normandie, elle déteste la longère où elle doit partager une chambre avec sa soeur, Roxane aligne les méfaits, une façon peut-être d’attirer l’attention sur son mal-être grandissant. Manon va très mal, elle ne s’alimente pratiquement plus, fait d’horribles cauchemars, souffre de TOC, se mure dans le silence, elle a besoin de voir un psychologue, aucune prise en charge n’est prévue, c’est à Laurie de se démener et surtout de payer les frais exorbitants, parce que le système judiciaire n’a rien prévu à cet effet. Laurie n’a plus de vie, son couple avec Fabien bat de l’aile, elle est totalement occupée avec ses nièces et ne peut plus travailler, elle déprime parce qu’elle n’arrive pas à les aider, elle s’oublie, mais elle aussi est en deuil, c’est une soeur qu’elle a perdue. Bruno de sa prison tente de manipuler ses filles, il minimise son geste, si Roxane campe sur ses positions, Manon veut voir son père. Vient le jugement, qui ne guérira rien, qui n’aidera même pas à comprendre ni à excuser, il n’y a rien à pardonner, Bruno a tué son épouse et il a tué toute la famille avec ! C’est une épreuve supplémentaire un face à face insupportable avec un homme suffisant qui ne semble même pas avoir de remords. Ce roman est poignant, bouleversant, l’écriture de l’auteure percute et nous atteint en plein coeur, on est frappés par plein d’émotions et de révolte, les mots sont puissants et nous transpercent. On ne ressort pas indemne de cette lecture. Clotilde n’est qu’une parmi tant d’autres. Que deviennent ceux qui restent ? comment se reconstruire ? c’est à eux qu’Ariane Bois rend hommage et elle le fait de la plus belle des façons avec ce merveilleux roman. Gros coup de coeur pour cette histoire triste que nous conte Ariane Bois, si vous n’avez pas encore lu ce roman, je vous le recommande vivement.

#10024; Un homme ne tue pas seulement sa compagne, il condamne aussi ses parents, soeurs, frères, enfants. Tous prennent perpète dans cette histoire #10024; Lorsque "Papa suicide Maman" selon la petite Manon, c'est toute la famille qui éclate, explose, se disloque et prend perpète. Tous, rescapés et hagards qu'ils sont, d'un champ de bataille hors du commun. Celui de la mort violente de leur maman, soeur, fille. Tous à se poser la question "Nous aurions dû, mais comment pouvions nous savoir ? Après elle explore avec intensité, émotion et une rare finesse psychologique, les émotions, états d'âme, bouleversements intérieurs de chaque membre d'une famille dévastée par un féminicide ainsi que les rouages mis en place par la justice, pour réparer. Mais comme le dit la petite Manon, "On ne peut pas la réparer, ma Maman". Manon qui se mure dans le silence, qui oscille entre cauchemars, amour de son papa, parce qu'elle peut continuer à l'aimer tout en détestant son geste, et questionnements poignants. Roxane qui déteste ce père devenu un monstre à ses yeux et sombre dans la violence pour évacuer son chagrin. Laurie qui a perdu une grande soeur, son modèle, devenue seconde maman par procuration et met son couple et sa vie entre parenthèses. Nicole et André, qui tentent de résister au chagrin et à la haine pour rester présents pour leurs petites filles Fabien, le compagnon de Laurie, qui ne sait quelle place prendre dans ce nouvel équilibre familial. Et Clotilde, en filigrane, dont on découvre la vie faite de silences, de non-dits, de harcèlement physique et moral, d'espoir d'une autre vie qu'un homme a décidé un jour de briser à coups de marteau. Un roman qui nous conte la vie de ceux qui restent et apprennent à se reconstruire.  Un roman bouleversant, une grande claque émotionnelle ! Un roman à mettre entre toutes les mains, il y a encore tant et tant de Clotilde de par le monde !   "L'amour ne meurt pas, il se transforme". Faisons en sorte d'ouvrir les yeux, poser les questions, briser les silences, pour que cessent de mourir les femmes de violences conjugales #128591;

Je dirais un roman de plus sur les féminicides mais pas un de trop. Laurie qui habite en Normandie reçoit un appel téléphonique d'un inspecteur de Marseille qui lui dit que sa soeur Clothilde est dans le coma. Elle y retrouvera sur place sa nièce Roxane, 15 ans, et qui en rentrant de son entraînement de natation a retrouvé sa petite soeur Manon, 8 ans en état de choc et sa mère dans le coma. ARIANE BOIS entraîne le lecteur dans cette violence bien trop ordinaire, conjugale, qui touchent toutes les familles. Il n'y a aucun mot de trop dans ce roman que j'ai lu quasiment en apnée. Leur père aura pour seule explication "une dispute qui a mal tournée" Clothilde a reçu 4 coups de marteau et a été aspergée de white spirit, l'incendie prendra vite et Manon sera brûlée aux mains. Clothilde va succomber à ses blessures. Laurie va accueillir ses deux nièces chez elle et les élever comme elle peut. Manon et Roxane vont être déracinées. Elles vont quitter Marseille, le soleil, la mer, les amis, l'école et le lycée pour aller vivre à Etretat. Comment vivre avec l'incompréhension ? Comment se relever après le deuil ? Comment vivre avec la culpabilité ? La psychologie des personnages est finement ciselée. ARIANE BOIS a écrit un roman polyphonique coup de poing avec une plume qui m'a profondément émue, pleine de pudeur et de sensibilité. L'auteure donne la parole aux proches et éclaire l'horreur. Un roman que je vous recommande. L