Délivrances : Le livre de Toni Morrison

TW : discrimination raciale, propos à caractère raciste, violence (dont sexuelles sur mineurs). Je ne sais que penser de cette lecture. Tout ce que je peux en dire c'est qu'elle ne laisse pas indifférente et on n'en ressort pas indemne. Des personnages prisonniers de leurs passés et de leurs traumatismes. Des personnages gris, avec chacun leur part d'ombre. Un livre qui dérange et pousse au questionnement. C'était mon premier livre de Toni Morrison. je compte continuer mon exploration.

J'ai beaucoup apprécié les deux premières parties du livre, l'écriture et très poétique malgré une violence omniprésente dans l'enfance de tout les personnages du livre, ainsi qu'en filigrane dans leurs quotidiens. Les troisième et quatrième parties en revanche m'ont beaucoup moins plu ce qui fait largement baissé ma note je les ai trouvé assez prévisible et un peu précipiter.

Malheureusement pas le meilleur roman de Toni Morrison, "Délivrances" demeure intéressant pour sa structure particulière, sa division en quatre parties avec des personnages qui s'expriment à la première personne quand ils ne sont pas évoqués à la troisième. Roman choral, avec quelques passages lumineux et poétiques ("l'ignorance permanente vaut tellement mieux que le vif de l'existence"), #godhelpthechild (son titre original) finit par lasser à force de juxtaposer des personnages dont l'enfance a été malheureuse, qui ont tous subi la maltraitance, souvent été confrontés à la pédophilie, mais cette accumulation nuit à l'émotion au lieu de la susciter, parce que l'horreur devient presque le flashback attendu, comme un passage obligé alors qu'on aimerait voir un enfant heureux dans ce roman, ne serait-ce que faire contraste. Cela éviterait que la maltraitance paraisse une vérité générale, d'autant que certains détails montrent que la représentation du réel ne se veut pas pleinement réaliste dans cette oeuvre. J'ai lu "Délivrances" dans le cadre d'un challenge livresque parce qu'il fallait lire un roman illustrant le "black matter lives". Il en est question ici puisque la mère de Lula Ann Bride, Sweetness, rejette sa fille dont la peau est plus noire que la sienne. Mais le vrai sujet du livre, c'est la pédophilie, de façon trop systématique et répétitive pour que le récit atteigne la force de "Home" ou de "l'œil le plus bleu" .