Dom Juan : Le livre de Molière

Dom Juan est le parfait exemple de l'inconstance de certaines personnes, qui papillonnent sans jamais se poser. Sa fuite donne beaucoup d'action à cette pièce. Dom Juan aime les femmes et ils les veut toutes, au risque de s'attirer des ennuis. Il remet ses fautes sur le dos de Sganarelle, son domestique. Je recommande cette pièce qui peut être drôle dans certaines scènes.

Je dois l’avouer : le théâtre de Molière m’a toujours laissé relativement froid. Entre la mécanique comique, les quiproquos ressassés et la satire sociale appuyée, j’y ai souvent vu davantage de farce que de véritable tragédie. Pourtant, Dom Juan échappe à ce jugement, et de loin. Ici, Molière déploie une œuvre plus sombre, presque métaphysique, qui dépasse de beaucoup la comédie classique. Dom Juan n’est pas seulement un séducteur cynique et libertin : il est une figure de révolte, un homme qui nie les lois, les convenances, jusqu’à Dieu lui-même. Le voir cheminer vers sa perte, entouré d’un Sganarelle mi-bouffon mi-raisonneur, c’est assister à un duel permanent entre le désir et la morale, entre la liberté et la damnation. Ce qui me frappe, c’est la modernité de la pièce. On y lit en filigrane une critique sociale (les faux dévots, les hiérarchies étouffantes), mais aussi une réflexion existentielle : qu’est-ce que vivre, sinon défier les limites qu’on nous impose ? La statue du Commandeur surgit alors comme l’inéluctable rappel que la liberté absolue mène à l’abîme. Là où d’autres pièces de Molière m’ont semblé bavardes ou répétitives, Dom Juan a la densité d’une tragédie racinienne ou d’un drame espagnol. C’est sans doute la pièce où Molière cesse d’être seulement un moraliste amusé, pour devenir un véritable dramaturge de la noirceur humaine. En somme, si je reste critique vis-à-vis du reste de son théâtre, je reconnais en Dom Juan une œuvre à part, fascinante, où Molière touche au sublime.