Germinal : Le livre de Émile Zola
Pour suivre le destin d'Étienne Lantier, Zola visite les bassins houillers, descend dans les puits, étudie Marx et Proudhon, s'informe sur les luttes prolétariennes. Mineur à la fosse du Voreux, dans le nord, Étienne prend pension chez les Maheu, ouvriers de père en fils. À leurs côtés, il lutte pour leur émancipation et, lorsque la grève éclate, il tente vainement d'organiser la lutte sociale. Mais la faim entraîne bientôt les mineurs dans la violence et la troupe tire sur les émeutiers. La mine est inondée par l'anarchiste Souvarine. Les conséquences seront sanglantes. Étienne échouera, pour reprendre plus tard le combat. Le printemps naissant éveille en lui l'espoir qu'un " Germinal " fera enfin triompher la justice...
De (auteur) : Émile Zola
Expérience de lecture
Avis Babelio
maximebailly
• Il y a 1 mois
Une immersion magistrale entre claustrophobie et révolte. Ce classique de la littérature française mérite amplement sa renommée considérable. Dans le style naturaliste qu'on connaît à Zola, c'est une plongée au fil des 600 pages au cœur du quotidien des corons où les familles de mineurs se tuent à la tâche pour survivre. L'ambiance qu'instaure Zola est la grande force du roman. Les descriptions du travail au fond de la mine sont si bien retranscrites que l'on ressent presque une claustrophobie en parcourant les mots de l'auteur. Le fait qu'Étienne, le protagoniste, soit une personne extérieure au travail des mines qui s'installe dans les corons, renforce l’immersion du lecteur qui adopte alors la même perspective qu'Étienne qui découvre toute cette société, pour le meilleur et pour le pire. Attention à vous cependant si vos valeurs se portent à gauche de l'échiquier politique, le côté des empathiques, car la précarité extrême de ces familles ajouté à leurs conditions de travail plus qu'accablantes, vont vous faire ressentir une profonde colère envers ceux qui les exploitent. Ce sera encore plus le cas, quand vous allez suivre le travail des enfants dès leur plus jeune âge pour une bouchée de pain, ou quand vous constaterez toutes les violences quotidiennes que subissent les femmes dans cette société. Il faut avoir le cœur bien accroché, mais la lecture en vaut vraiment la peine tant l'immersion est dingue.
Loulouread
• Il y a 1 mois
Je ne connaissais de Germinal que l’adaptation en série de 2021 qui m’avait tant marquée par son réalisme et la dureté du travail dans les mines, tout l’obscur travail du bagne souterrain. J’avais donc les visages de la distribution en tête lors de ma plongée dans l’enfer du charbon. C’est ma seizième lecture des Rougon-Macquart, selon l’ordre de lecture suggéré par Zola. Un tome plus difficile à lire, teinté de hauts et de bas, de lumières et de grandes noirceurs, principalement dus à la terminologie des mines et au fait de ma connaissance de la finalité du livre. La misère d’une armée noire, ça finit par teinter les nuits… Je reconnais la somme de travail considérable que Zola a investi à la préparation de ce roman aussi réaliste que naturaliste. L’histoire et la fiction font bon ménage car les événements qui inspirent Germinal se produisent la même année que l’écriture du roman. L’année 1884, lors de la grande grève des mineurs d’Anzin, Zola se rend lui-même au fond de la mine pour mieux décrire la vie des mineurs dans le Nord de la France. Avec ce roman, l’auteur souligne la nécessité collective de s’engager pour la lutte contre l’oppresseur et fait valoir la renaissance de la nature dans l’éveil de la conscience ouvrière, d’où le titre Germinal, qui correspond au début du printemps selon le calendrier républicain. Germinal, c’est l’histoire du jeune Étienne Lantier, descendant de la lignée Macquart, à qui la lésion héréditaire lui rend l’ivresse mauvaise. « Elle se souvenait de ses confidences, de son envie de manger un homme, lorsqu’il buvait, empoisonné dès le troisième verre, tellement ses soûlards de parents lui avaient mis de cette saleté dans le corps. » Étienne, après la perte de son travail dans les chemins de fer, prend la route pour arriver près de Montsou, à la fosse de Voreux. Sa recherche d’un emploi est funeste à cause de la crise industrielle qui sévit sur son passage. Son ventre crie famine et grelottant, il se présente au haveur Maheu qui lui offre pour 30 sous par jour, de faire le travail de herscheur dans la mine de charbon. Le travail est dur, les heures interminables, le salaire risible. Le petit est mangé par le grand. Étienne qui fait les yeux doux à Catherine, souffre de voir les misérables conditions qu’elle doit subir ainsi que sa famille. « Elle suait, haletait, craquait des jointures, mais sans une plainte, avec l’indifférence de l’habitude, comme si la commune misère était pour tous de vivre ainsi ployé. » Étienne, plus instruit que l’ensemble de ses camarades, décide de créer une caisse de prévoyance, avec l’intention d’intensifier les revendications. Les bourgeois mangent à leur faim, le peuple engraisse le cochon, ça ne peut plus durer. La grève est inévitable. Les femmes et les enfants meurent de faim, ça s’éternise… « C’est l’équilibre des ventres vides, la condamnation perpétuelle au bagne de la faim. » Le rêve d’un monde nouveau tourne au cauchemar. Est-ce si déraisonnable de croire que l’on peut améliorer son sort? Il y a beaucoup de personnages fort intéressants dans ce roman, la Maheude, Mouquette, Chaval, Souvarine, etc. Chacun y va de sa force et de sa faiblesse. Impossible de tout raconter mais pour la plupart, vous connaissez très bien la force de ce roman incontournable. Une petite pensée pour Trompette et Bataille, qui ne verront plus jamais la lumière du jour. Germinal est un témoin d’une époque sombre et marque l’éveil de la classe ouvrière. C’est « le front barré d’une grande ride, comme si le clou de s(m)on idée fixe se fût imprimé là, menaçant. » que je ferme ce livre et ouvre les journaux. Comme si tout était encore à refaire. Les riches mangent encore les pauvres, comme si la graine était encore en train de germer…
vitasargimon
• Il y a 2 mois
Grand classique de Zola qui impacte par la gravité des propos tenus et le misérabilisme qui règne dans les corons à la fin du XIXeme siècle. On a la le naturalisme dans toute sa splendeur avec les talents d’un grand romancier. La révolte née du coron du Voreux liée à la faim, à la misère et aux conditions de travail déplorables anticipe le communisme qui viendra 30 ans plus tard. De fait les théories de Karl Marx sont présentes à plusieurs reprises à travers un personnage secondaire Pluchart qui prendra une place importante dans le récit et devient une sorte de modèle pour Étienne Lantier. Je pense toutefois qu’au delà du personnage d’Etienne, les vrais protagonistes de ce long roman sont la famille Maheu victime de tragédies à répétition tout au long du livre. On ne peut qu’y voir un certain fatalisme. Le contraste avec les familles bourgeoises Deneulin ou Negrel est frappant - il y a la scène de la brioche ou encore celle des visites aux pauvres et on sent déjà l’écart voir l’incompréhension totale entre classes sociales. On peut y voir la le début de vrai conflits de classes sociales au delà du travail minutieux de Zola sur le fonctionnement d’une mine a cette époque. Je retiens également les plaisirs simples des mineurs mis en avant en première partie du livre avant que l’on ne tombe dans une tragédie qui n’en finit plus. Ce livre m’a donné envie d’en lire d’autres de Zola dont je trouve que le style est resté beau et agréable à lire par rapport à d’autres écrivains du XIXeme siècle dont le style descriptif peut lasser.
sebastientalvas
• Il y a 2 mois
Comment peut-on critiquer Germinal de Zola? C'est inenvisageable. On .ne peut que se borner à analyser le travail fourni par l'auteur pour élever une telle oeuvre très grossièrement mise au cinéma par Claude Berri en 1993. Renaud en Lantier y est tellement pathétique que toute la salle a ri nerveusement quand il a pris la parole pour haranguer la foule (témoignage personnelle vieux de plus de 30 ans). Bref! Le cinéma ne peut remplacer souvent le livre. Germinal est le 13ème volume du cycle des Rougon-Macuart, publié en 1985. Le thème central est la question de la dureté des conditions de travail des mineurs, dans une petite ville du Nord de la France, avec pour personnage central, e Étienne Lantier, le fils que Gervaise Macquart a eu avec son amant Auguste. Etienne est un travailleur résistant et courageux, mais il a un "défaut". Il ne supporte pas l'injustice. Employé dans une mine, il va y trouvé l'enfer. Dès le début du roman la fosse est comparée à une " bête goulue, accroupie là pour manger le monde". Cette "animalisation" des outils de l'oppression capitaliste est prégnant chez Emile Zola. On ne peut penser à "La bête humaine". Lantier découvre la faim, la saleté dont on ne peut pas se sortir, l'épuisement extrême des mineurs me faisant penser aux Morlocks de "La machine à explorer le temps". N'oublions pas que H.G. Welles dénonce également la condition ouvrière dans une société où désormais les descendants des nantis sont littéralement dévorés par ceux qu'ils opprimaient naguère. Lantier va se lancer dans un combat désespéré pour obtenir plus de justice sociale face aux ancêtres des Bolloré et consorts qui asservissent depuis des générations le peuple avec l'aide d'un Etat pseudo-démocratiques qui préfère éborgner et tuer que de permettre à chaque citoyen de vivre décemment. Malheureusement, les instruments médiatiques de ces êtres abjects manipulent les citoyens pour les détourner de ce qui devrait les animer, c'est à dire la justice sociale. La Bête immonde et son gouvernement proto fasciste préfère détourner l'opinion sur l'insécurité. Il préfère sévir que combattre les racines du mal, le Capitalisme, dont il est d'ailleurs l'émanation. Avec Germinal, Emile Zola s'intéresse à un fait qui va nourrir le XXe siècle, celui de la lutte des classes. Il souhaite dénoncer la misère des ouvriers et l'insensibilité des actionnaires qui ne voient dans le peuple que de la chair dont ils nourrissent les machines issues de l'industrialisation. Les généraux de la 1ère guerre mondiale issus de la classe bourgeoise vont utiliser les ouvriers comme chair à canons pour assouvir leur envie de gloire. La guerre a toujours été un moyen pour les puissants d'asservir le peuple. L'actualité en est un triste exemple avec la Bête immonde qui souhaite avoir une place dans l'histoire en se lançant dans un conflit à l'issue incertaine et surtout face au mauvais ennemi. Je ne dénie en rien la valeur du peuple ukrainien qui a connu déjà une tentative d'extermination totale dans les années 30 par le régime de Staline. Malheureusement aujourd'hui, le monde ouvrier est divisé par l'ubérisation de la société et la mondialisation. Bolloré et consorts ont délocalisé leurs usines dans d'autres contrées. On est loin du jour où une délégation de mineurs du Nord est venue rendre hommage à Emile Zola, lors de ses ses obsèques, en 1902. L'espoir évoqué par le titre, faisant référence au calendrier révolutionnaire de 1795 et à la « germination », c’est-à-dire à l’arrivée du printemps, n'est plus. Aujourd'hui, l'asservissement des esprits est total. On est dans une société dystopique où l'humain n'est qu'une entité négligeable. Dès lors, on peut dire que "Germinal" est malgré sa noirceur un témoignage sur une époque où il y avait encore l'espoir de voir germer une société plus juste. Désolé d'être aussi nihiliste mais l'espèce humaine est pour ma part un cancer.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Classiques et Littérature , Littérature Classique
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- EAN
- 9782823869811
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- Collection ou Série
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- Format
- Livre numérique
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- DRM
- Filigrame numérique
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