L'Assommoir : Le livre de Émile Zola

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LES GRANDS TEXTES DU XIXe SIÈCLE

Enfant battue, boiteuse de naissance et si jolie cependant, enceinte à 14 ans et jetée sur le pavé par son amant Lantier, Gervaise épouse Coupeau, l'ouvrier zingueur qui ne tarde pas à s'accidenter et à sombrer dans l'ivrognerie, l'entraînant elle-même dans la déchéance alcoolique. La jeune fille rieuse d'autrefois devient clocharde parmi ce peuple faubourien grouillant de malheur qui se détruit pour oublier sa misère. Possédé jusqu'à la folie et à la mort, peint par Zola avec une infinie pitié humaine, le couple s'abandonne au poison de " cette source lente et entêtée qui inonde le trou immense de Paris ".
En 1877, Zola écrit L'Assommoir au vitriol, ainsi qu'on désigne à l'époque, dans le quartier de la Goutte d'Or, l'eau-de-vie qui ravage les classes ouvrières.

Préface de : Gérard Gengembre
De (auteur) : Émile Zola

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Avis Babelio

PlumeEtVent

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 semaines

Hommage à Émile Zola J'ai choisi L'Assommoir pour rendre hommage à Émile Zola, car c'est pour moi l'un de ses romans les plus puissants. Il y évoque surtout les conditions de vie de la classe ouvrière et la déchéance qui s'ensuit, souvent liée à l'alcool. Il montre également les débuts de l'automatisation, qui, peu à peu, commencent à supprimer des emplois, laissant les travailleurs confrontés à une existence toujours plus dure. Après leurs longues journées de labeur, ces hommes et ces femmes se retrouvent dans les débits de boissons, cherchant un moment d'évasion dans l'ivresse. Avant d'entrer plus en détail dans son oeuvre, je souhaite vous prévenir : cet hommage sera un peu long. Émile Zola est mon écrivain français préféré, et il m'est difficile d'être bref face à un auteur que j'admire tant. J'ai toujours eu une profonde admiration pour les écrivains du XIX#7497; siècle. Avec eux, chaque livre est une leçon, une immersion dans un langage riche et précis, où le vocabulaire se déploie avec élégance et où des temps de conjugaison rares — subjonctif à l'imparfait, plus-que-parfait, futur antérieur — sont utilisés avec naturel. Ces temps, quasi oubliés aujourd'hui, sont précieux pour exprimer les nuances de la pensée et de l'âme humaine. Je me souviens du film Entre les murs, où des élèves interrogent leur professeur de français sur l'utilité de ces temps de conjugaison. Ils disent qu'ils ne les utiliseront jamais dans la vie quotidienne. Certes, dans le langage courant, ils sont rares, mais dans la littérature, ils deviennent des instruments de précision pour décrire le monde et l'humain. Les grands écrivains du XIX#7497; siècle, tels que Zola, Hugo, Balzac, Verne, ou Maupassant, maîtrisaient cette langue avec une virtuosité étonnante. Ils créaient des univers complexes, où chaque mot, chaque phrase, portait du sens, et où la structure grammaticale servait l'intensité de l'histoire. Ce que j'admire par-dessus tout chez Zola, c'est l'Homme. Son parcours montre qu'une réussite scolaire traditionnelle n'est pas nécessaire pour accomplir de grandes choses. Après plusieurs échecs au Baccalauréat, il est devenu l'une des figures majeures de la littérature française, capable de décrire la réalité sociale avec lucidité et compassion. Zola était profondément préoccupé par les injustices et les inégalités de son époque. Il dénonçait un monde politique souvent corrompu et déconnecté des réalités des classes populaires. Dans ses romans, il mettait en lumière les abus de pouvoir, la misère des travailleurs, et les mécanismes sociaux qui opprimaient le peuple. Son engagement ne se limitait pas à la littérature. L'affaire Dreyfus illustre parfaitement sa détermination à défendre la justice. En 1898, il publie sa célèbre lettre ouverte "J'Accuse" dans le journal L'Aurore, dénonçant les responsables de la condamnation injuste d'Alfred Dreyfus, un officier innocent victime de l'antisémitisme et de la corruption militaire. Par ce geste, Zola risquait sa réputation, sa liberté et sa sécurité. Il fut condamné à un an de prison et dut s'exiler temporairement en Angleterre. Pourtant, il ne recula pas. Son courage contribua à relancer l'affaire, à obtenir un second procès, et finalement à la réhabilitation de Dreyfus. Émile Zola croyait que la littérature devait être un instrument de vérité et de justice sociale. Dans Germinal, il dénonce les conditions de vie inhumaines des mineurs ; dans Au Bonheur des Dames, il expose les bouleversements provoqués par l'implantation des grands magasins et la disparition des petits commerçants ; dans La Terre, il observe avec précision le dur labeur paysan ; et dans La Débâcle, il retrace avec sensibilité les horreurs de la guerre de 1870... Ce qui distingue Zola, c'est sa capacité à observer le réel avec une intensité poétique. Il saisit les gestes, les odeurs, les lumières, et les pensées des hommes et des femmes avec une précision remarquable. Une phrase anodine comme « Les feuilles de l'automne tombent en ce moment, elles envahissent ma terrasse » devient chez lui une méditation sur le temps qui passe, la mélancolie, et la condition humaine. La banalité se transforme en monde entier, et chaque détail devient un poème. Dans ses premiers romans, tels que Thérèse Raquin ou Madeleine Férat, on voit déjà un jeune écrivain pressentir les mécanismes secrets des âmes tourmentées, osant explorer le désir, la culpabilité, l'influence du passé, et la fatalité biologique. À 28 ans seulement, Zola avait déjà une vision tragique et compassionnelle de l'homme. Il observe, il constate, mais ne juge jamais ; il comprend. Émile Zola appartient à la lignée des écrivains engagés, capables de bousculer les consciences. Son oeuvre est un témoignage de la vie du peuple, de ses souffrances et de ses luttes. Il montre que la littérature peut être un instrument de lumière et de vérité. Ses romans restent intemporels, et son message d'engagement social, de courage et de compassion résonne encore aujourd'hui. Les grands auteurs du XIX#7497; siècle nous rappellent que la littérature peut éclairer le monde et transformer les consciences. Zola lui-même résumait mieux que quiconque le sens de son œuvre : « Mon œuvre me défendra. C’est une œuvre de vérité, le premier roman sur le peuple qui ne mente pas et qui ait l’odeur du peuple. Il ne faut point conclure que le peuple tout entier est mauvais car mes personnages ne sont pas mauvais, ils ne sont qu’ignorants et gâtés par le milieu de rude besogne et de misère où ils vivent ». Pour moi, Zola est un compagnon de route, un maître de l'observation, un défenseur des opprimés, et surtout un homme qui a su mettre sa plume au service de la justice et de l'humanité. À travers ses livres, il nous apprend à voir le monde avec acuité, à ressentir profondément, et à ne jamais fermer les yeux sur l'injustice. En somme, Émile Zola est l'un des plus grands écrivains français de tous les temps, aux côtés de Victor Hugo, Jules Verne, Alexandre Dumas, Guy de Maupassant et Honoré de Balzac. Son oeuvre est une boussole pour comprendre le passé, réfléchir sur le présent, et espérer un monde meilleur.

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LSH

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 3 semaines

Il semble que des critiques aient été faites lors de la publication de ce roman sur le choix de l'auteur d'utiliser un langage populaire. Quelle aurait été mon opinion à l'époque ? Toujours est-il qu'un siècle et demi plus tard, j'ai trouvé au contraire que cela contribuait à mon plaisir de lecture. Ce langage fleuri donnant une saveur particulière au récit, tout en contribuant au réalisme des échanges entre les personnages. Certaines expressions ont persisté, d'autres non, mais on en devine le sens. Et pour le fond du récit, avec Zola il ne faut pas s'attendre à un happy end, façon Hollywood. Mais de nouveau la tragédie contribue à captiver l'attention du lecteur, tout en lui faisant partager les moments de joie des personnages, sans s'illusionner sur la chute qui vient. Ici nous voyons donc évoluer une femme courageuse et entreprenante, cherchant à améliorer sa condition, rêvant d'une vie digne et confortable ou simplement de s'extraire de la misère ambiante. Mais le monde est cruel, le moindre succès suscite envie et jalousie et attire les profiteurs. On sent surtout cette fatalité de la décadence de celui ou celle rêvant d'une herbe un peu plus verte. L'auto-sabotage semble intégré dans le psychisme de nos gagne-misères, qui aussitôt parvenus à une situation plus acceptable, oeuvrent à leur chute. Laisser aller, mauvaise réaction aux accidents de la vie, confiance mal placée… Il ne faudrait pas que les bonnes choses durent trop longtemps en bouche. Évidemment la société et donc les autres n'aident pas à se maintenir. Rapport hommes/femmes violents, alcool et autres enfers artificiels à portée de verre. Mais du moins Gervaise aura su manger son pain blanc quand elle en a eu l'occasion et partager sa bonne fortune avec plus malheureux qu'elle. Donc non pas de happy end, ni même de «#8239;morale de l'histoire#8239;», si ce n'est qu'ainsi va le monde ou pour le chanter avec Coluche : «#8239;Misère, misère ! C'est toujours sur les pauvres gens Que tu t'acharnes obstinément#8239;»

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scarlett934

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 3 semaines

Quiconque connaît un peu Zola sait qu'on ne peut pas se cacher quand on lit un Rougon-Macquart. En l'occurrence dans l'Assommoir on plonge le nez (soudain prodigieusement long) dans les odeurs, dans la flétrissure, dans la saleté, dans la laideur, dans la décomposition. C'est pire qu'un risque à prendre, c'est une fatalité, du moins pour le lecteur qui ne pâlit pas devant les descriptions soi-disant trop longues de M. Émile Zola. Car véritablement, dans ce volume en particulier semble-t-il, l'auteur fait preuve d'une volonté acharnée de dégouter son lecteur, de le persécuter même, son tendre lecteur qui peut-être, probablement même, n'a pas connu l'injure de flairer dans les ordures pour se trouver à manger, ni celle de pouvoir identifier l'appartenance de chacune des mauvaises odeurs dans les vêtements de ses clients à la blanchisserie. Dès l'incipit, Gervaise, que Zola affuble d'une jambe boiteuse, comme pour introduire la déformation générale de son existence, nous reçoit, lecteur, sans sourire, avec rien que des yeux qui cherchent, qui attendent, qui désespèrent l'arrivée de son mari Lantier, lequel a passé la nuit dehors. Et nous voilà déjà en place, inconfortablement installé, prêt à parcourir le couloir moisissant de l'Assommoir. Vous savez, j'ai aussi envie de vous dire, ou de vous rappeler, qu'un peu plus tard que cette scène de l'attente de Lantier, Gervaise se dispute violemment avec la sœur de celle avec qui il a passé la nuit : elles se battent. Et là on se dit mais quelle violence ! Et puis, plus avancé dans la lecture, on se dit que ce n'était peut-être pas si mal, cette colère qui se consume à l'extérieur de la pauvre héroïne. Parce qu'enfin, après, c'est pire. La colère, la déception se meuvent en une bulle de poison à l'intérieur de Gervaise, poison qui s'étend à n'en plus finir à mesure que la vie devient insupportable. Cela se termine tout bonnement par la mort, finalement on finit aussi par n'attendre que ça, la mort. Il faut dire que Gervaise n'est pas une femme qui lutte activement contre son destin, malgré tout ce qu'elle peut ressentir : à mesure que les épreuves s'accumulent, elle supporte (ou elle croit supporter) plus qu'elle ne se bat. L'accident et l'alcoolisme de son mari, la séparation avec son amant, les endettements, les éternelles fuites de sa fille Nana, la famine, etc. passent en elle et lui font peu à peu incliner la tête et fléchir les genoux. Et nous devons assister à cette dégringolade, nous-même un peu désabusé, faible face à la cathédrale d'horreurs qui se dresse devant nous, cherchant une réponse, une issue, et sachant à peu près que l'on n'en trouvera pas. Il arrivait que je ne me sente pas assez forte, pas assez joyeuse, certains jours, pour oser ouvrir L'Assommoir ; j'avais peur de finir plus bas que terre. C'est vous dire le pouvoir de Zola, et si on considère que la littérature a pour but (si elle en a un) de faire naître l'émotion, je puis dire sans être malhonnête, que c'est l'un des livres les plus littéraires qu'il m'ait été donné de découvrir, et qu'il m'a fait peur. Justement, dans un vieux débat lancé dans La grande librairie, Philippe Besson se révoltait contre la lecture de La métamorphose, qui généralement provoque le dégoût. Il disait qu'on a le droit de ne pas avoir envie de baigner dans cette répugnance. Je crois pourtant que dans le domaine littéraire il s'agit d'un droit à ne pas exercer... Parce qu'on se priverait d'énormes morceaux de la littérature ... par crainte du malaise ? Mais, chacun fait ce qu'il veut après tout, et en ce qui concerne L'Assommoir, si l'on suit ce genre de raisonnement, il vaut mieux être solide. (Ou pas, et dans mon genre de raisonnement c'est encore mieux.) À ceux qui liront prochainement l'Assommoir, et à ceux qui le liront dans des centaines d'années, je souhaite la pire lecture qu'ils puissent faire, parce que plus elle est torturée, plus elle est vraie, et si on lit Zola, autant le lire pour de vrai.

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desruesetdeslivres

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 4 semaines

J'ai la chance de découvrir les Rougon-Macquart dans l'ordre. Après la serre de l'Hôtel Saccard dans la Curée, les Halles dans le Ventre de Paris, ou encore le jardin du Paradou dans la faute de l'Abbé Mouret, nous voilà à l'Assommoir, le bistrot qui assomme la classe ouvrière. Ce septième opus se concentre sur le milieu ouvrier des artisans (Coupeau le zingueur, Goujet et Bec Salé les forgerons, Mme Lerat la fleuriste, Gervaise la laveuse, etc.. ). Or, ce milieu ouvrier est contaminé par la misère (les immeubles avec leurs appartements de cage à poule, que Gervaise habitera, à côté du croque-mort qui apparait par à coups dans le récit, comme la mort avec sa faux). L'Assommoir prédit la lente imprégnation alcoolique de Gervaise. On a connu Gervaise dans le premier tome. Elle est la fille d'Antoine Macquart, le bâtard d'Adélaide Fouque, la mauvaise branche illégitime. Son père est un ivrogne et elle frôle l'alcoolisme avec l'anisette. C'est pourquoi dès le début de l'Assommoir, elle dit qu'elle ne boit pas, pour cette raison, et qu'elle rêve de vivre honnête. Elle se laisse séduire par Coupeau qui lui jure de ne jamais toucher à l'eau-de-vie. Le vin, oui, mais l'absinthe non. Or, comme deux mouches prises dans une toile d'araignée, les deux ne peuvent échapper à leur hérédité. Coupeau, zingueur, tombe d'un toit et commence à être gagné par la paresse et l'alcool au point de manger la blanchisserie que Gervaise venait de louer grâce au prêt de Goujet, le forgeron, qui aime Gervaise. Goujet, le seul à ne jamais mettre les pieds à l'Assommoir, propose à Gervaise de l' "enlever", mais elle est déjà trop avancée dans son destin déchue. Elle laisse passer la seule chance de s'en sortir. Comme l'Assommoir et sa "machine à souler", l'alambic qui distille, Gervaise est assommée par l'alcool qui provoque sa déchéance morale (lorsqu'elle retombe dans les bras de Lantier) et physique. Zola décrit très bien ce corps qui s'avachit, avachissement dont elle mourra, sous l'escalier de l'immeuble, après avoir été expulsée, dans ce même mouroir que le père Bru pour qui elle aura toujours été bonne. Gervaise était bonne, mais elle était victime de ses gènes. Elle finit seule, alcoolique, pauvre. D'autres personnages gravitent autour d'elle : Coupeau et ses crises de delirum tremens extrêmement bien décrites, Nana sa fille (même si ce passage là m'a paru trop long), tous les autres avec les cancans, le mépris, la radinerie, la misère des poches et la misère de coeur. L'Assommoir fut un grand succès du vivant de Zola, un classique de la série. Certains passages sont vraiment édifiants. Néanmoins, j'ai eu du mal à le lire. Trop long, trop de scènes ou de personnages. L'histoire met énormément de temps à se mettre en place pour moi, alors que les derniers mois de Gervaise durent quelques pages. Evidemment c'est un grand roman, du grand Zola, mais pas mon préféré.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Classiques et Littérature , Littérature Classique
  • EAN
    9782266295949
  • Collection ou Série
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    592
  • Dimensions
    179 x 110 mm

L'auteur

Émile Zola

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