La Curée : Le livre de Émile Zola

La curée. Mon deuxième Rougon-Macquart (ou, c'est aussi le deuxième de la série, mais ma lecture a démarrédans un désordre certain). Il n'a certes pas eu dans mon cœur le succès d'Au bonheur des dames. Toutefois on y retrouve tout ce qui fait de Zola un de mes auteurs favoris du XIXème : le sens de la formule, les descriptions de 20 pages, mais si plaisantes, le mot juste et surtout, surtout, la satyre sociale.

La Curée ! Pour le deuxième volume, Émile Zola nous emmène dans l'univers doré des bourgeois parisiens. Ce roman qui porte bien son nom peint la ruée vers l'or, la frénésie, la folie de ce désir interminable de gagner toujours plus, littéralement "la curée". On y trouve un beau portrait de ce Paris d'époque, des détails exquis de menus, décors, sorties, réceptions, robes, bals et codes bourgeois. Et au coeur de cette "curée" une autre forme de folie: une histoire d'amour qui ne peut qu'entraîner sa propre perte. Zola peint la solitude d'une femme, lasse de cette vie creuse, les conséquences tragiques de cette effervescence superficielle, de cette vie déréglée qui ne mène à rien. Un bon Rougon Macquart, qui m'a plu (il faut savoir s'amuser des pages un peu rébarbatives sur tous ces commerces d'argent) et qui, contrairement à certains de ses romans, se concentre véritablement sur une poignée de personnages et n'en offre pas une profusion qui risquerait d'être indigeste.

"La Curée", un titre tout autant original qu'intrigant, voulant en dire beaucoup sur le thème du livre, ou ses personnages se battent pour l'appât du gain, coute que coute. Ce 2nd tome se déroule dans le Paris Haussmannien ; Aristide Rougon dit Saccard, entouré de somptueux décors de haute société en passant par les bijoux éclatants jusqu'au soirées privés regroupant la grande société aristocratique impériale, connait un fort succès tout autour de lui; l'Empire l'a fait. Au fil du temps, son beau monde se dénature au fur et à mesure, par une relation obscène que commet sa nouvelle femme, avec son fils Maxime Rougon! Ce dernier, jugé trop féminin et pas assez "homme" dans son attitude, vaquant à divers occupations avec son amante René, laissera Aristide en solitaire dans le monde troublant et avare de la spéculation immobilière. Ce tome m'a beaucoup fait voyager ; la description des rues, boulevards, faubourgs, lors d'une rénovation à grande échelle dans tout Paris, entreprise par le baron Haussmann, égorgeant ainsi la vieille Lutèce de ses avenues médiévales. Cependant la description par exemple de toutes les démarches administratives immobilières m'a semblé parfois trop indigeste, avec beaucoup de vocabulaire technique ; on peut donc s'y perdre facilement, le livre demande une grande concentration parmi tout ces papiers administratifs. Ce tome est ainsi correct, pas très touchant pour ma part, ou certaines scènes du livre (représentation d'une scène mythologique trop longue) m'ont vraiment ennuyées.

Deuxième tome de la saga des Rougon-Macquart. Nous retrouvons ici Aristide Rougon, devenu Saccard afin d'échapper à tout scandale éventuel qui pourrait être lié à son nom du fait que son frère aîné, Eugène, exerce en politique. À l'instar de son père, Aristide ne va pas manquer de vouloir faire fortune. Le Paris bourgeois, en pleine reconstruction, dans lequel l'histoire se déroule va être le terrain de jeu idéal pour exercer tout son talent pour lequel corruption, manipulation et mensonges seront les mots d'ordre. Mais dans ce contexte où la société laisse croire que l'argent fait le bonheur, Renée, la seconde femme d'Aristide, va en faire cruellement les frais. Intelligente mais un brin frivole, elle va petit à petit se laisser dévorer par les apparences, les jugements, les excès et surtout la passion qu'elle éprouve pour Maxime, son beau-fils. Une fois encore, Zola parvient ici à dénoncer la société des manigances, des faux-semblants, où tout n'est que façade, influence et jeux de pouvoir. La qualité d'écriture de l'auteur est encore une fois à souligner : on ressent, on vit, on perçoit chaque émotion dépeinte, l'atmosphère dans laquelle les personnages évoluent est décrite de manière très juste, à tel point que nous avons l'impression d'y être. Un talent et un style que peu d'auteurs parviennent à égaler.