Thérèse Raquin : Le livre de Émile Zola
À vingt-sept ans, en 1867, Émile Zola ne s'est pas encore attaqué aux Rougon-Macquart, son œuvre géante. Comment s'imposer " quand on a le malheur d'être né au confluent de Hugo et de Balzac " ? Comment récrire La Comédie humaine après ce dernier ? Les grands créateurs sont parfois gênants pour ceux qui viennent après eux.
Mais ses tâtonnements sont brefs. Thérèse Raquin, son premier grand roman, obtient un vif succès. Thérèse a été élevée par sa tante dans le but d'épouser son fils, un homme au tempérament maladif. Bientôt, elle ne supporte plus cette vie cloîtrée, ni ce sinistre passage du Pont-Neuf où Mme Raquin installe sa mercerie. Toute sa sensualité refoulée s'éveille lorsqu'elle rencontre Laurent, un peintre raté dont elle devient la maîtresse. Les amants décident de noyer le mari.
L'âpreté, la sexualité, le crime. Zola est déjà Zola dans ce mélange puissant de roman noir et de tragédie, dans cet implacable réalisme social et humain.
De (auteur) : Émile Zola
Préface de : Matthieu Baumier
Expérience de lecture
Avis Babelio
Ngc
• Il y a 2 semaines
Lorsque l'on a pas encore lu beaucoup de Zola (L’Assommoir mais il y a longtemps déjà), nul doute que la brutalité de ce roman peut surprendre. Thérèse Raquin c'est ainsi une histoire sombre, mêlant violence, pulsions sauvages, noirceur implacable... bref bien des maux les plus terribles du genre humain. Conditionnée par un environnement propice à l'ennui où fermentent, en même temps qu'elle se fragilise par une médecine imposée qui n'est nécessaire qu'à son cousin, des désirs qui resteront longtemps non seulement inassouvis mais surtout dissimulés au plus profond de son être ; Thérèse est une jeune fille passive, qui suivra les directions de vie, non pas ordonnées mais placées sur son chemin, par sa tante qui fut chargée de l'élever et de prendre soin d'elle par son père militaire et décédé au combat. Sa vie n'était qu'un long fleuve tranquille, sans péripéties ni volonté de vouloir faire autre chose que ce qui avait été prévue par sa tante, aux côtés d'un cousin (Camille) malade et lui aussi très protégé mais qui disposait d'une volonté d'agir un peu plus grande et explicite. Puis vient la rencontre avec Laurent un jeune homme oisif, ancien peintre au talent médiocre dont la nature parasitaire se dissimule derrière une attitude charmante et qui aura tôt fait de séduire Thérèse pour se divertir et économiser sur les filles de joie. Mais la relation va devenir contre toute attente plus passionnée que jamais et va conduire les amants illégitimes à décider et provoquer le meurtre de Camille, afin de jouir en toute sérénité de leur amour (?) et du confort et des biens matériels de la mercière. L'amour marque vraiment par son absence le roman d’Émile Zola ; le lien qui unit les fougueux Thérèse et Laurent tient avant tout du désir charnel et d'une symbiose physique (en tout cas avant le meurtre), l'union préalable entre Camille et Thérèse est plus une convenance et jamais n'ira au delà de l'ennui et de la froideur malgré ce que Thérèse essaiera de faire à croire à Laurent pour lui donner des remords, et les deux jeunes gens ne se montreront bienveillants envers la tante que tant que l'intérêt du gain sera présent. L'ennui et la routine eux sont bien présents et froidement mis en avant par la plume de l’écrivain, mais en sortir par le crime à des conséquences plus grandes pour les deux jeunes meurtriers. Assouvir son besoin égoïste de vivre une passion sans contraintes par le meurtre aura des répercussions terribles sur leur santé mentale. Ils se haïront, ne pourront plus se supporter, ne pourront plus même se divertir de cette lancinante impression de vivre avec un cadavre. Zola excelle alors à nous faire ressentir le dégoût et les côtés les plus sombres de l'humain (lorsque les deux époux se rejettent la faute, lorsqu'ils jouent la comédie sur leurs ressentiments ou bien lorsqu'ils en viennent traiter la tante paralysée comme un meuble) ; mais prolonge ce don et l'étire sur trop de pages et trop de chapitres. Le roman n'est pas bien long et pourtant inéluctablement on en vient à espérer que cela s'achève. Est-ce parce que le récit est étouffant de cruauté et nous suffoque par ses considérations pessimistes sur le genre humain (toute une vie de simagrées sans amour réel pour en arriver à la haine la plus "pure") ou est-ce parce que l'auteur n'a pas su créer un rythme cohérent et adapté, faisant durer au delà du soutenable des descriptions de nature humaine monstrueusement déformées. Il n'en reste pas moins que la dernière partie du livre est trop longue tout simplement. Thérèse Raquin est au final un livre surprenant, du bon comme du mauvais côté ; lorsque l'on débute le récit on ne s'attend pas forcément à y trouver autant de noirceur, et lorsqu'on le termine on se dit que le roman aurait gagné à se terminer plus vite alors qu'il n'est pas très épais. Comme pour mieux symboliser une plongée dans les abysses humaines qui n'en terminerait pas...
romane230840
• Il y a 2 semaines
Je comprends pourquoi c’est un classique, l’histoire est incroyable. Ce que Laurent et Thérèse pensaient être la solution à leur problème, se révèle être la cause du malheur qui les hante jusqu’à leur mort. Certains moments sont un peu redondants, mais le dénouement permet d’oublier ça. La fin m’a totalement attrapée et choquée. J’ai adoré. Le suspens permanent est oufissime.
mylena
• Il y a 3 semaines
Quatrième roman de l'auteur, mais le premier resté vraiment connu, ce roman raconte une histoire vraisemblable, dans le sens de possible, mais en même temps assez improbable, un fait divers des plus sordides. Bref, c'est le premier roman naturaliste de Zola, précurseur de sa grande oeuvre, les Rougon-Macquart, un roman expérimental en quelque sorte. Mais que c'est noir, d'une noirceur extrême, bien plus sombre que Germinal ou L'Assomoir , c'est dire … Un roman psychologique particulièrement percutant ! Madame Raquin, veuve, a élevé son fils, Camille, chétif et souvent malade, à l'écart de tous, de l'école et des livres. Elle a aussi recueilli sa nièce, Thérèse, et lui a imposé le même mode de vie, pour soutenir le pauvre Camille. Et Thérèse n'a guère eu d'autre choix que de se plier à ce régime. Puis Camille et Thérèse se sont mariés (il faut dire qu'ils ne connaissent personne d'autre !) La seule révolte de Camille est de partir trouver du travail à Paris, avec bien sûr sa femme, et sa mère ! Les voilà dans le tristounet passage du Pont Neuf où Thérèse et sa belle-mère tiennent une mercerie et mènent une vie médiocre et routinière avec pour seule distraction les soirées du jeudi où ils jouent au domino avec quelques invités aussi médiocres et ordinaires. Mais voilà qu'arrive Laurent, originaire du même coin de province qu'eux ! Et là, tout change, du moins pour Thérèse qui se découvre amante passionnée. La suite est sombre, très sombre, abominable. Heureusement que je n'ai pas lu ce livre à l'adolescence ! Je pense que sa lecture m'aurait sérieusement perturbée à un âge où on l'est déjà assez ! L'atmosphère délétère est perceptible dès les premières pages où pourtant il n'est question que de la description de l'obscur passage du Pont-Neuf où habitent les Raquin à Paris. C'est déjà bien lugubre, le ton est donné ! Objectivement j'ai trouvé un peu longuet les chapitres consacrés à décrire les tourments des uns et des autres, les peurs et la terreur de Thérèse, les obsessions de Laurent,... Je suis surtout très surprise que ce roman soit proposé comme lecture en classe, je pense que la majorité des élèves doit passer à côté et s'ennuyer ferme, sans compter qu'il est fort probable qu'au moins un élève s'identifie à Thérèse avec un parent le poussant à un effacement aussi poussé que celui de Thérèse, par autoconservation. Je n'ose alors imaginer le traumatisme d'une telle lecture ! Sans être un chef d'oeuvre, c'est un roman difficilement oubliable, d'une rare violence, surtout psychologique finalement, et bien sûr un des tout premiers romans naturalistes.
dferrand
• Il y a 4 semaines
Après avoir lu l'Oeuvre, histoire d' un peintre aux accents de Cézanne, j'ai voulu continuer avec un Zola dont on m'a appris, il y a longtemps au lycée, qu'il était du mouvement dit naturaliste. Certes. Mais, franchement, à la lecture des premières lignes faites de longues descriptions de rues et façades sinistres et crasseuses, je n' ai pas vu de différence avec Balzac, par exemple. Un spécialiste de littérature me contredirait je m'en doute, mais je ne vois pas nettement un style spécifiquement naturaliste, scientifique. D' accord, Zola rédigea une préface à son roman suite à une réception négative des critiques y voyant de l'obscénité. Mais Zola se défend en arguant une approche scientifique comme le ferait un chirurgien des mœurs et des conditionnements sociaux. Il est vrai que la fin du XIX eme voit un esprit positiviste pro scientifique ambitionnant de porter la sociologie et la psychologie en science. Je n' y ai pas vu plus de science que chez Balzac ou Flaubert, plutôt un peintre sans véritable génie de mœurs de l' époque, la passion sexuelle plus qu amoureuse, la frustration et la force brute de sentiments primaires menant au crime. Bof. J'ai vu le film adapté avec Simone Signoret : le roman est dénaturé en montrant une belle blonde tombant sottement amoureuse d'un beau mâle. Pas très intéressant tout cela. Dépassé sans doute. Bon, Zola écrit bien, c'est fluide malgré de longues descriptions avec quelques poncifs comme la lumière fauve ou jaunâtre des réverbères. C'est bien le moins qu'on puisse attendre d'un écrivain mais je ne vois pas le génie. Un peu surévalué par l'institution et mes professeurs de lycée. Comment se fait cette sélection d' écrivains que l' on porte au pinacle ? Qu'a fait Zola pour écraser la concurrence : je suis certains que de nombreux autres écrivains lui sont au moins égal dans l'intérêt. Je vais me lancer dans cette quête. Peut-être avec votre aide.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Classiques et Littérature , Littérature Classique
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- EAN
- 9782266225588
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- Collection ou Série
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- Format
- Livre numérique
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- DRM
- Filigrame numérique
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2,99 € Numérique 214 pages