La chair est triste hélas : Le livre de Ovidie
" J'ai repensé à ces innombrables rapports auxquels je m'étais forcée par politesse, pour ne pas froisser les ego fragiles. À toutes les fois où mon plaisir était optionnel, où je n'avais pas joui. À tous ces coïts où j'avais eu mal avant, pendant, après. Aux préparatifs douloureux à coups d'épilateur, aux pénétrations à rallonge, aux positions inconfortables, aux cystites du lendemain. À tous ces sacrifices pour rester cotée à l'argus sur le grand marché de la baisabilité. À toute cette mascarade destinée à attirer le chaland ou à maintenir le désir après des années de vie commune. Cette servitude volontaire à laquelle se soumettent les femmes hétérosexuelles, pour si peu de plaisir en retour, sans doute par peur d'être abandonnées, une fois fripées comme ces vieilles filles qu'on regarde avec pitié. Un jour, j'ai arrêté le sexe avec les hommes. "
Autrice et documentariste spécialiste de l'intime et du rapport au corps, Ovidie retrace ici la trajectoire qui l'a conduite à quatre années de grève du sexe.
Dirigée par Vanessa Springora, la collection " Fauteuse de trouble " articule intimité et émancipation, érotisme et féminisme, corps et révolte, sexuel et textuel.
De (auteur) : Ovidie
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
l-ourse-bibliophile
• Il y a 2 jours
Un cri du cœur, un ras-le-bol, je veux bien, mais c’est aussi un texte qui développe une réflexion, qui pousse à la réflexion sur les relations hétéro, qui regarde, qui dissèque, qui enrage certes, mais qui analyse aussi. Analyse d’une lassitude, une pression quotidienne à des diktats de séduction, des comportements des hommes ou ses propres attitudes, une lucidité sur ses relations amoureuses et sexuelles. L’écriture suit ses médiations, ses tentatives pour comprendre ses attentes, ses envies, pour se comprendre, pour se respecter. Sa désillusion bouleverse et, sans entrer dans des détails qui nous placeraient dans une position voyeuriste, elle parle avec justesse de désir, de sexe, de plaisir, de contact physique sans acte sexuel, d’amitié et d’amour. Nous ouvrant la porte à d’autres pan de sa vie privée, elle m’a également touchée par ses amitiés fortes, son amour pour sa fille et ses souvenirs de son frère. Son texte m’a ouvert à un autre vécu que le mien (qui est, basiquement, ce que je trouve dans toute lecture, a fortiori dans un livre aussi personnel que celui-ci) et, pourtant (alors que je suis actuellement dans une relation hétéro qui ne me donne aucun sujet de colère), il résonne. J’ai pu lire qu’elle était caricaturale, tombant dans une misandrie crasse, mais je ne suis absolument pas d’accord : certes elle a des idées fortes avec lesquelles on peut être en désaccord, mais elle ne présente nullement son retrait du marché hétéro comme LA solution ultime et universelle, cette décision (qu’elle ne s’interdit pas de rompre un jour) provient de son parcours et de ses aspirations, sans parler du fait qu’elle souligne ses contradictions ou celles de ses amies, ses doutes et ses incertitudes quant à l’avenir. Un témoignage sincère (et oui, parfois furieux !), une texte fort et captivant, intime et engagé sur des questions sociétales. Il est possible qu’il vous bouscule un peu… Je ne peux trouver meilleure conclusion que celle de Lilylit (allez lire toute sa chronique) : « Si l’on pensait sortir de cette lecture remonté(e) comme un coucou contre la société hétéropatriarcale, on referme finalement le livre avec une grande sympathie pour son autrice. Comme si la sororité, jamais formulée comme telle dans le texte, s’imposait malgré tout. »
celine13120
• Il y a 1 semaine
La Chair est triste, hélas (et tout est dit dans ce hélas) est un pamphlet qui frappe fort dès les premières pages. le ton est incisif, percutant, et l'écriture ne laisse pas indifférent : on se sent happé par la force du propos. La première moitié est particulièrement réussie, d'une intensité rare, avec des formules qui marquent et une critique acérée. La deuxième partie m'a semblé un peu moins construite, peut-être plus diffuse, mais elle reste intéressante et cohérente avec l'élan initial. Malgré ce léger essoufflement, j'ai vraiment apprécié la lecture, qui bouscule et interroge. Un bon texte, vif et audacieux, qui mérite d'être découvert. Et j'ai bien envie d'aller voir la pièce adaptée de ce texte avec la majestueuse Anna Mouglalis !
leelookoom
• Il y a 1 semaine
Une claque monumentale et un essai qui figurera haut sur la liste de mes lectures 2025. C'est superbement bien écrit, c'est écrit comme un ras-le-bol qui remue les entrailles, c'est engagé, à la fois si intime et pourtant qui résonne pour énormément de femmes. "Comment aimer nos bourreaux ?", lit-on, et c'est bien là tout le sujet, comment aimer ceux qui nous détestent parfois, qui nous ignorent souvent, qui nous voient comme de simples objets dont la valeur n'a d'égale que la désirabilité, comment aimer ceux qui nous font du mal, comment continuer nous même à accepter tout cela, à nous contraindre, à nous forcer. Ovidie, ou plutôt Eloïse ici, elle, a arrêté. Las de cette guerre, elle fait grâve de l'hétéroséxualité. Je me suis retrouvée dans beaucoup de passages de cet exutoire régigé avec les tripes.
biboubol
• Il y a 1 mois
Excellent ouvrage qui met en mots directs et crus des situations impensées depuis que le patriarcat est patriarcat. A ce titre, il ouvre de nouvelles perspectives et déculpabilise les personnes qui n'ont plus l'envie de jouer le jeu d'un système profondément sexiste, au mieux ennuyeux au pire violent, dans lequel nous sommes toustes prises. Les réactions négatives à cet ouvrage me semblent également très intéressantes. Elles me font penser aux propos rapportés dans l'ouvrage sociologique "Désirer comme un homme". Je cite : "Les hommes passent plus de temps à se défendre d'être dominateurs et violents qu'à réfléchir sur leur propre rapport à la domination et à la violence. (...) Cette énergie dépensée pour ne pas apparaître comme un violeur est autant d'énergie non investie dans la prévention des violences sexuelles masculines.". On assiste exactement et précisément à ce phénomène dans les réactions à "La chair est triste, hélas". C'est tellement plus confortable de crier à la haine et la colère que se demander "Qu'est-ce que je pourrais faire pour que ça change ?".
Avis des membres
Fiche technique du livre
-
- Genres
- Romans , Roman Français
-
- EAN
- 9782260055211
-
- Collection ou Série
- Fauteuse de trouble
-
- Format
- Grand format
-
- Nombre de pages
- 160
-
- Dimensions
- 207 x 142 mm
Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.
18,00 € Grand format 160 pages