La Nuit des temps - édition prestige : Le livre de René Barjavel, Christian de Metter

J’ai eu un peu de mal à entrer dans ce roman d’anticipation, classique du genre mais un peu daté. J’ai persisté et dès lors que l’on commence à suivre la vie d’Elea dans son époque, j’ai accroché jusqu'à la fin. A la fois histoire d’amour universelle et histoire de l’Homme universel dans sa bêtise, incapable d’apprendre de ses erreurs. Et cela est malheureusement encore d’actualités.

Tout commence par une mission de routine des Expéditions Polaires françaises qui effectue des relevés du relief sous-glaciaire. Sauf que cette fois, sous l'épaisse couche de glace, les appareils détectent un signal. Après la surprise et l'incrédulité, les pays du monde entier se mobilisent pour envoyer leurs meilleurs spécialistes et du matériel. Le monde se prépare à une découverte inimaginable. A l'intérieur d'une sorte d'œuf glacé, les scientifiques découvrent les corps d'un homme et d'une femme ici depuis 900 000 ans. Qui sont-ils ? D'où viennent-ils? Ont-ils quelque chose à apprendre à ces Hommes qui se croient au-dessus de tout? Mélange de chronique scientifique, d’épopée, d'analyse sociétale et d'histoire d'amour, "La nuit des temps" nous transporte dans une aventure qui prouve que quelque soit l'époque l'entente et la paix entre les Hommes sont toujours de courte durée. Le lecteur passe de l’enthousiasme à la déception. Après avoir cru à la possibilité d'un monde égalitaire grâce aux découvertes des scientifiques, il s'aperçoit durement que la soif de pouvoir et d'argent est intarissable. C'est ce qui m'a le plus plu dans ce roman. "La nuit des temps" est aussi souvent présenté comme l’une des plus belles histoires d'amour de la littérature. On découvre le couple tragique d’Elea et de Paikan qui feront tout pour rester ensemble même dans la mort. Bizarrement je n'ai pas été touchée plus que cela par cet aspect. Si le récit est très travaillé, j'ai trouvé que c'était moins le cas des personnages et je ne m'y suis pas attachée. J'ai eu beaucoup de mal avec les sentiments de Simon envers Elea basés uniquement sur son magnifique corps de femme... Peu friande de science fiction, ce roman a réussi à m'embarquer dans son univers grâce à une plume fluide, une intrigue bien menée malgré quelques longueurs et des passages très scientifiques qui ne m'ont pas plus. J'ai été étonnée de la lucidité et de la contemporanéité du propos. J'ai apprécié ma lecture mais ce roman ne restera pas dans les annales en raison de défauts bien marqués.

J’ai dévoré La Nuit des temps de René Barjavel en à peine deux jours. Ce roman m’a captivée par la richesse de son univers, à la croisée de la science-fiction, du mythe et de la tragédie. L’histoire débute en Antarctique, où une expédition découvre sous la glace une survivante d’une civilisation disparue : Gombawa. On découvre un monde technologiquement avancé, mais détruit par les excès mêmes de son progrès. Le parallèle avec le monde contemporain de la guerre froide est saisissant (roman écrit dans les 60’): deux sociétés à des millénaires de distance, mais rongées par les mêmes dérives. J’ai particulièrement aimé ce jeu de miroir entre passé et présent, ainsi que les références au mythe de Prométhée, à l’hybris humaine et à l’idée d’un monde primitif harmonieux, à la Rousseau. Le style de Barjavel, fluide et accessible, accompagne très bien cette réflexion tout en conservant une dimension romanesque forte. La relation entre Éléa et Païkan rappelle le destin tragique de Roméo et Juliette, avec une fin poignante et inattendue. Même si j’aurais aimé une conclusion plus lumineuse, elle reste parfaitement en accord avec la portée du récit. Hormis quelques légers passages un peu longs, notamment dans la fuite d’Éléa et Païkan, pas de point noir à ce roman. En conclusion, La Nuit des temps est un grand roman de science-fiction, à la fois sensible, profond et d’une étonnante modernité. Un classique que je recommande sans hésitation !

L’une des mes premières lecture, assis au fond de la classe, pendant que l’instituteur débitait des sornettes, je me régalais et je pleurais de cet auteur français qui fabriquait une science fiction plus humaine que les ricains ou les anglais, un néo-romantisme d’anticipation. Un jour dans mes vieilles années promis je te re-lirais .