L'Invisible madame Orwell : Le livre de Anna Funder

Grand format

Héloïse d'Ormesson

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Deuxième Sélection Prix Femina du roman étranger
Sélection Prix Médicis Essai

Comment faire disparaître une femme de l'histoire ? Et pourquoi ? Écrasée par les responsabilités familiales, Anna Funder se réfugie dans les textes de George Orwell qu'elle admire, lit ses biographies, et tombe soudain des nues : il y a une femme dans l'ombre du géant, reléguée à quelques discrètes notes en bas de pages. Son nom ? Eileen O'Shaughnessy. Comment avait-elle pu passer à côté ?
Grâce aux lettres d'Eileen et aux témoignages de ses proches, Anna Funder soulève le voile sur la vie privée des Orwell, les accompagne à Barcelone lors de la guerre civile espagnole puis à Londres sous les bombes. Elle s'interroge sur ce qui fait un grand écrivain. Le travail, bien sûr. Mais ce dernier nécessite du temps et un quotidien exempt de contraintes. Autant de conditions que l'" épouse modèle " se doit d'assurer à son propre détriment.
L'Invisible Madame Orwell est le roman vrai d'une femme brillante et engagée, mais volontairement effacée au profit d'un mythe : celui du créateur. Refusant la version officielle et les omissions, Anna Funder redonne une voix à celle qui l'avait perdue et livre une réflexion sans concession sur la condition des femmes. Eileen O'Shaughnessy ne sera désormais plus réduite au rôle de subalterne derrière l'auteur légendaire de 1984. L'invisible n'est jamais condamnée à le rester.

De (auteur) : Anna Funder
Traduit par : Carine Chichereau

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Expérience de lecture

Avis des libraires

" Totalement étincelant."
Elle
" Indispensable." |Pascal Chapuis
Fnac La Défense
" Quel travail remarquable et passionnant, certainement un incontournable de cette rentrée, foi de libraire ! " |Mélanie Mora y Collazo
Librairie Livre écarlate
" Un livre à mettre entre toutes les mains, même (surtout) celles des fans d'Orwell ! " |Laure Benoit
Librairie l'Amandier

Avis Babelio

miriam

3.00 sur 5 étoiles

• Il y a 6 mois

Depuis l'élection de Trump et les gesticulations d'Elon Musk j'ai l'impression de vivre en pleine dystopie. Sans parler de  l'IA, ChatGPt, et de reconnaissance faciale : Big Brother is watching me! Retour à Orwell et à 1984! Justement sur le blog de Kathel et   celui de Patrice deux articles élogieux m'ont donné envie de m'intéresser à L'Invisible Madame Orwell.  Il est toujours intéressant de compléter les biographies en contextualisant l'œuvre d'un auteur dans son entourage immédiat. Les "Femmes de." jouent souvent un grand rôle dans l'élaboration des écrits. Madame Zola m'a beaucoup intéressée, Céleste Albaret (qui n'était pas la femme mais la domestique, la gouvernante, la secrétaire...de Proust) aussi! Eileen O'Shaughnessy épouse en 1936 Eric Blair (George Orwell est son nom de plume). Anna Funder sort de l'oubli cette femme qu'Orwell a si peu citée dans son œuvre et effacée par les biographes de l'écrivain.  "j’avais l’impression d’être Orphée descendant aux Enfers chercher Eurydice, surtout lorsque dans l’ obscurité je tombais sur l’incarnation de mes ennemis : un féroce chien à trois têtes. Le Cerbère qui m’ empêchait de passer s’appelait Omission-Insignifiance-Consentement.  Après avoir fait sortir Eileen de la boîte, j’avais entre les mains les éléments d’une vie, une femme en pièces détachées. J’ai envisagé d’écrire un roman" Cette héroïne, oubliée, négligée, est pourtant un personnage remarquable : boursière d'Oxford, diplômée de psychologie, elle a publié en 1934 un poème dystopique "End of the Century, 1984". Prémonitoire? "comment le pouvoir s'exerce sur les femmes : comment une épouse se fait d'abord enterrer sous les corvées domestiques, puis par l'Histoire" Dès son mariage, elle se dévoue entièrement à son mari, laisse tomber ses recherches en psychologie, le confort d'une vie bourgeoise très aisée pour le suivre à la campagne dans une maison particulièrement inconfortable où elle assume toutes les corvées domestiques, y compris les soins aux animaux et le travail dans la petite épicerie de campagne. Et comme si le travail de maîtresse de maison ne suffisait pas, elle assure aussi le secrétariat, dactylographie, corrige, inspire les articles de son écrivain de mari. Tuberculeux, il doit aussi être soigné....et comme si cela ne suffisait pas, il entretient des liaisons avec de nombreuses femmes et sollicite l'approbation d'Eileen! Drôle de bonhomme! Comment une femme aussi douée, vaillante tolère-t-elle cela? Anna Funder mène une enquête très fouillée avec nombreuses notes et références. Enquête à charge. Et pourtant elle admire l'œuvre d'Orwell. Enquête féministe. Anna Funder nous abreuve de ses analyses (fondées mais répétitives) du patriarcat.  "Le patriarcat, c’est le doublepenser qui permet à un homme « décent » de mal se comporter avec les femmes, de la même manière que le colonialisme et le racisme sont des systèmes qui autorisent des gens en apparence « décents » à commettre des actes innommables contre les autres. " Ironiquement Anna Funder utilise les concepts orwelliens de "doublepenser" et de "Common Decency" qui se retournent contre leur créateur. Analyse féministe d'une spécialiste d'Orwell. L'idée de départ m'a plu et même si la lecture du livre de Funder a été  une lecture laborieuse. Funder  s'est mise en scène coupant la fluidité de l'histoire. Beaucoup de répétitions, de théorie. L'ouvrage aurait gagné à être nettement allégé.  Ce n'est qu'avec le départ d'Orwell d'abord, puis d'Eileen pour Barcelone que je me suis sentie entraînée dans l'action. J'ai noté Hommage à la Catalogne dans ma PAL par la même occasion. Le récit historique de la guerre en Angleterre, du blitz sur Londres m'a aussi intéressée. Le livre ne s'achève pas avec la mort dramatique d'Eileen. Dans le dernier quart du livre, Orwell reproduit le même schéma de recrutement d'une nouvelle compagne qui assurerait le ménage, la collaboration littéraire et même les soins de nounou pour le petit Richard qu'Eileen et lui avaient adopté. Toujours dans des conditions très précaires : une ferme dans l'île écossaise de Jura éloignée de tout. Et le plus étrange c'est que malgré sa santé vraiment très dégradée, son incapacité à assumer le quotidien, cela marche! Séparer l'oeuvre de l'écrivain?

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Bluebells

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 6 mois

Je viens de terminer, bouleversée, L'Invisible Madame Orwell dont le sous-titre aurait pû être : L'Indispensable de l'Etrange Monsieur Orwell. Car ce roman (biographie en partie inventée d'Eileen plutôt que roman ?) parle aussi de l'écrivain. Étrange, en effet. Mais que peut-on attendre d'un homme qui a entendu, petit garçon, que les hommes étaient : "de gros animaux, laids, nauséabonds et ridicules qui maltraitaient les femmes de toutes les manières possibles, les forçant avant tout à s'intéresser à eux" ? Ceci dit par sa mère, sa tante, sa soeur, des adultes ayant un ascendant sur un jeune enfant. Ces femmes ont de bonnes raisons de parler ainsi, cependant Orwell est un petit garçon. Devenir l'un de ces hommes est-il une fatalité ? Je ne justifie pas son attitude, il aurait pu disposer de son libre arbitre, être attentif, respectueux envers lui-même et les femmes, la sienne en particulier ; être moins égoïste s'il avait pu dépasser l'éducation reçue à la maison comme à Eton. Certaines situations, vécues autant par George que par Eileen, surprennent mais il faut replacer l'histoire, les mentalités, au début du siècle dernier en Angleterre et dans le contexte politique, la manière de s'exprimer, de réagir, spécifiques à cette époque dans les milieux sociaux, culturels où ils évoluaient. Orwell avait interdit à la fin de sa vie qu'on écrive sa biographie. A lire ce livre formidable, je songe au péril d'être célèbre. Vie décortiquée, actes, pensées, paroles analysés après la mort. Il est évident - par les témoignages - que l'écrivain traitait les femmes de manière douteuse, condamnable. Tel un enfant gâté (le "préféré de sa mère"), parfois timide, tyrannique sans conscience à part quelques éclairs de lucidité, refoulant peut-être sa vraie nature homosexuelle. Mobilisé - comme Eileen - par la maladie. Ils perdaient leur sang tous les deux, chacun par une extrémité. Se faire un sang d’encre ! Celui d’Eileen effacé. A ce propos, quelle motivation, quelle énergie, quel détachement soulevait cette femme alors qu'elle souffrait atrocement ? L'écrivain porte deux prénoms, Eric depuis la naissance, George pour la postérité. Ainsi se nomme en double une personnalité complexe, contradictoire, capable de générosité, d'aveuglement, de déni et d'abandon. Et pourtant, ce qu'il reste de lui c'est l'amour, dira Richard son fils adopté. Et pourtant, Eileen va se sacrifier pour lui. Et pourtant ce qu'il va rester de lui, en supplément de son œuvre, c'est Eileen dévoilée. Sans elle, le fameux "1984" existerait-il ? Sans son dévouement, "La ferme des animaux" nous aurait-elle enchantés ? On les voit combattre ensemble, on les entend rire, lutter contre la pauvreté, la maladie, les frustrations. Mais on les voit ensemble. Et cela grâce à Anna Funder dont le travail de recherche, d'immersion est remarquable. Elle a su éclairer l'être dissimulé, la femme, l'épouse, l'amie, la secrétaire et bien plus encore. Une personne. Présente. Je ne pourrai plus penser à Orwell sans la voir désormais. Dans son quotidien, rude ; dans la guerre d'Espagne, épouvantable ; sous les bombes à Londres etc. Belle, intelligente, patiente, courageuse. Humble ? Je n'en suis pas si sûre. Elle savait ce qu'elle faisait. Elle aurait pu, on le perçoit tout au long du livre, laisser une œuvre personnelle. Elle semblait au-dessus de ces ambitions, également visionnaire, participant dans l'ombre à la création de son mari, à sa survie. Au-delà de ces considérations personnelles - et résumées - je me suis attachée à elle. Que diraient Eileen et George de ce "roman" ? Seraient-ils perplexes, contrariés, admiratifs, déçus, amusés ? Sachant que nul ne pourra jamais savoir ce qui se jouait entre eux. Une part du mystère leur appartient. A partir de quelques lettres, de situations avérées, de confidences, peut-on résumer une vie entière avec tout ce qu'elle comporte de paradoxes, de fonctionnements intimes, de réactions bizarres aux yeux d'autrui, mais qui ne le sont pas pour les protagonistes ? Ce livre féministe, équilibré, nuancé, lucide, sans fanatisme - même si je réprouve certains actes - ne m'a pas fait détester Orwell. Il m'a fait aimer sa femme. Alors, merci à Anna Funder pour son implication, sa passion, son talent, sa révélation. Même s'il me semble que parfois elle a puisé de manière subjective dans ses propres réflexions et vécus, son travail d'enquêtrice est remarquable. Il rend justice à Eileen, à toutes les femmes. Merci également à la traductrice, Carine Chichereau dont j’apprécie une fois de plus le travail.

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Meta6

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 6 mois

Traduit de l’anglais (Australie) par Carine Chichereau. Huitième biographie de George Orwell ? Écrite par une femme…. Qui, très consciente de sa propre charge mentale, imagine celle d’ Eileen O’Shaughnessy au début du 20eme siècle, épouse invisibilisée par les autres biographes d’Eric Blair (Orwell). Anna Funder, grande admiratrice de l’œuvre d’Orwell, réalise sous forme fictionnelle , extrêmement documentée (appuyée notamment sur des lettres), le portrait d’un homme entièrement centré sur lui, dont le mariage n’aurait consisté qu’en la possession d’un être féminin corvéable à merci. Et le diable sait à quel point ces corvées furent nombreuses et incessantes durant les neuf années que durèrent leur mariage entre 1936 et 1945. Elle aurait supporté toutes les tâches ménagères dans des conditions d’inconfort extrêmes, les innombrables maîtresses de son mari, ses départs intempestifs, ses problèmes de santé (jusqu’à ignorer les siens propres et en mourir). En outre , c’est elle qui, pendant la plus grande partie de leur vie commune, a dû travailler pour subvenir aux besoins du foyer, en attendant une reconnaissance bien tardive du travail d’écriture d’Orwell qu’elle aurait encouragé, accompagné, notamment sur celui de « la ferme des animaux » : écrit en trois mois, refusé par de nombreux éditeurs, temps infini avant une première publication. Tout ça, totalement édulcoré, voire ignoré, dans les autres biographies qu’elle a lu et relu pour effectuer ce travail. Ce texte soulève deux questions chères à l’auteur : — Celle du patriarcat millénaire qui empêche les femmes d’être celles qu’elles désirent être, ce qui est amplement développé exemples à l’appui. — Celle du « Grand »écrivain versus l’homme tyrannique, prédateur sexuel, (voire violeur), piètre amant, homophobe, sans aucune reconnaissance quant au soutien multidimensionnel de son épouse invisibilisée durant sa vie et restée invisible longtemps après sa mort. Merci donc à Anna Funder et à ses traducteurs pour ce travail de réhabilitation, non dépourvu d’un certain militantisme.

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Lectrice_inspiree

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 6 mois

J'ai clairement dû m'accrocher pour lire et terminer la lecture de l'invisible Madame Orwell...Roman ? Essai ? Biographie ?  "L'Invisible Madame Orwell "peut dérouter par son style narratif complexe...il faut se laisser porter par les contours et détours utilisés à dessein par Anna Funder. Interprétation sans nul doute, parti pris féministe clairement assumé de l'autrice' : réhabiliter Eileen O'Shaughnessy, l'épouse méconnue de George Orwell. L'autrice explore avec finesse la vie d'une femme brillante, éclipsée par le génie de son mari. Le récit alterne habilement entre archives et fiction, offrant un éclairage nouveau sur la genèse des œuvres majeures d'Orwell. #x1f50d Funder, telle une archéologue des âmes, exhume avec minutie les traces d'Eileen. À travers une analyse méticuleuse de lettres, de photographies et de témoignages, elle reconstruit le portrait d'une intellectuelle effacée sous la coupe d'un patriarcat bien visible, lui. #x1f494 Le récit, parfois ardu et exigeant, nous entraîne dans les méandres d'un couple complexe, de la guerre d'Espagne au Blitz londonien. Funder ne recule devant aucun détail, quitte à frôler la prolixité, pour déconstruire le mythe du grand écrivain et révéler les zones d'ombre d' Orwell. #x1f31f Si j'ai pu trouverquelques longueurs, j'ai été entraînée par la plume incisive de Funder et son interprétation résolument féministe. Elle parvient à tisser habilement l'intime et le politique, offrant une réflexion percutante sur la condition féminine et les mécanismes d'effacement à l'œuvre dans notre société. #xNaN "L'Invisible Madame Orwell" est bien plus qu'une simple biographie romancée. C'est un acte de résistance littéraire, une œuvre qui redonne voix à celle qui fut réduite au silence. Un livre exigeant, certes, une lecture que je ne regrette en rien, loin de là ! Une perspective nouvelle sur l'Histoire et la création artistique

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Étranger
  • EAN
    9782350879338
  • Collection ou Série
  • Format
    Grand format
  • Nombre de pages
    496
  • Dimensions
    207 x 144 mm

L'auteur

Anna Funder

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23,00 € Grand format 496 pages