Où s'adosse le ciel : Le livre de David Diop

Un roman voyageur et initiatique dans l'Afrique contemporaine. Pour son nouveau roman, l'auteur s'attaque à l'Egypte ancienne et à la thématique du voyage et de ses imprévus. Deux destins croisés, celui du prêtre Ounifer et de ses sacrilèges et celui de Bilal Seck, sénégambien, parti en pèlerinage à La Mecque. Deux temporalités, le 19eme siècle pour Bilal Seck, le IIIème siècle pour Ounifer. A travers ses deux odyssées, David Diop tisse des liens, pose des passerelles, et l'on devine Biblal Seck en dépositaire de l'histoire d'Ounifer mais aussi du général Phatophet, de l'archer Antifer ou encore de la belle Kémi. Un récit flamboyant si on s'accroche car le début, la mise en jambe est assez complexe et j'ai failli arrêter. Ce n'est clairement pas le meilleur roman de David Diop tant le début est loupé. Néanmoins, l'imbrication des deux histoires, la découverte d'une histoire de l'Egypte, le voyage et ses paysages africains valent de s'accrocher et de finir ce roman. Listé dans le première sélection Goncourt, il y a toute sa place par sa différence et son récit historique et initiatique.

S’il demande un petit temps d’adaptation lors des premiers chapitres, pour comprendre l’articulation entre deux récits en apparence très éloignés dans le temps, le nouveau roman de David Diop réserve bien des trouvailles à celles et ceux qui décideront de suivre les pas du renégat Ounifer et du griot Bilal Seck. Le style est dense et parfois épique, le récit est rythmé, même si, de peur de perdre le lecteur peut-être, on peut regretter quelques lourdeurs explicatives. Les échos entre les deux histoires se tissent peu à peu, s’éclairant et se renforçant toujours davantage. Il faut saluer un roman qui fait le choix de s’attaquer à l’histoire, et une histoire lointaine encore, panafricaine, ambitieuse, plutôt qu’explorer encore une fois les méandres de l’âme de la petite bourgeoisie blanche (coucou les autres prétendants au Goncourt).

Comme j'ai apprécié la lecture de ce roman qui m'a entraînée dans un univers à cheval entre le XIXème siècle et l'Egypte antique ! Bilal Seck a accompagné son maître en pèlerinage à La Mecque. Or, une épidémie de choléra se déclare dans la région et ledit maître abandonne Bilal, lui donnant juste un peu d'argent pour rentrer par ses propres moyens à Saint Louis du Sénégal. Contre toute attente, le jeune homme survivra à la terrible épidémie, semblant être immunisé. Bilal est le soixante-treizième chantre de sa famille, il porte en lui le mythe de l'odyssée de ses ancêtres qui ont quitté l'Egypte au temps de Ptolémée pour s'installer le plus loin possible à l'Ouest. Bilal, plusieurs siècles plus tard, va suivre le même itinéraire pour s'en retourner chez lui. Une longue marche qui va durer des années. J'ai tout aimé dans ce roman : la poésie de l'écriture, le sujet historique, les personnages et le dépaysement que sa lecture m'a procurée.

Deux histoires en miroir. Fin XIXe, notre héros entame le pèlerinage à la Mecque mais une épidémie de choléra va bouleverser son voyage et il ne rentrera chez lui que bien des décennies plus tard. En face, au temps des pharaons, un scribe qui participe bien malgré lui aux complots de palais et qui entame l'histoire de sa famille faite de "raconteurs". L'auteur nous invitant à des liens sans vraiment les écrire et partageant avec nous mythologies et le courage de ses personnages, et leur trésor. La vengeance est un plat qui se mange froid, il paraît. Quelques belles phrases. Malgré tout cela, je ne suis pas rentré dedans, peut-être justement ces deux histoires mélangées et distantes... tant pis pour moi