Un soir d'été : Le livre de Philippe Besson, Julien de Saint Jean

Philippe Besson propose, avec Un soir d'été, une plongée dans les années 80 et sur une île de Ré ante-ère bobo, que le touriste des années 2000 sera surpris de découvrir sous un jour qu'il n'aurait pu imaginer (moi la première). Mais avant tout, Besson nous invite à retrouver, le temps de quelques pages, l'insouciance adolescente, l'oisiveté bienfaitrice des vacances, le désœuvrement salvateur d'une époque sans écran. Ce livre agit un peu comme une machine à remonter le temps pour le lecteur qui fut enfant ou adolescent dans les années 80, lui redonnant un peu de cette légèreté et les frissons des premiers émois de vacances, le plaisir de retrouver des amis simplement pour être ensemble. Besson s'appuie sur la culture musicale de l'époque, Jean-Pierre Madère, Étienne Daho, Modern Talking et Germaine Jackson, mais aussi sur les marqueurs vestimentaires, qui prêtent à sourire (avec tolérance quand même, car les tongs fluos, le gel dans les cheveux, on a eu...) C'est d'autant plus saisissant que Besson nous ramène à cette insouciante jeunesse pour brutalement y mettre fin. Un soir d'été, ces jeunes, Philippe, François, Christophe... Vont rudement, abruptement, violemment, découvrir que l'innocence de l'adolescence a une échéance. Une fin. Et que cette fin est irréversible.

Les romans de Philippe Besson, c'est un peu comme une friandise préférée qu'on se réserve pour une occasion spéciale. Je les apprécie tous, ils sont doux, apaisants, un côté cajolant même si le sujet est dur. Celui-ci ne fait pas exception à la règle, j'ai aimé suivre ces 6 grands adolescents, j'ai senti la chaleur du soleil, le sel sur la peau, la grandeur de l'océan. Il y a juste un détail qui m'a frappée et parfois un peu agacée, c'est l'usage "légèrement" abusif que fait Philippe Besson de plusieurs termes pour dire la même chose (une figure de style qui a sans doute un nom?). Il ne va pas seulement dire qu'un qu'untel est triste, il va le décrire comme triste, maussade, éploré, dévasté, tout ça dans la même phrase. Mais cela ne m'empêchera pas d'apprécier encore à l'avenir ses romans.

Le seul livre que j'avais lu de Philippe Besson jusqu'ici était "ceci n'est pas un fait divers" et je l'avais adoré. J'avais donc hâte de retrouver sa plume avec ce roman intimiste et tiré de son vécu. On découvre ici la jeunesse insouciante et déjà désabusée des années 80. Philippe Besson nous parle de musique, de films, de premiers flirts, d'homosexualité et d'une jeunesse un peu dorée le temps d'un été. Ce livre joue sur la nostalgie, c'est un récit personnel et intime qui veut partager l'histoire d'une rencontre le temps d'un été qui se termine de façon brutale et énigmatique. Plutôt court, ce roman se lit très rapidement. L'écriture est fluide, réaliste et concise, plutôt agréable. J'avoue ne pas avoir pourtant été totalement emballée par l'histoire. Il ne se passe pas grand-chose et la fin est finalement un peu frustrante, sans qu'on puisse rien tirer de ce roman. C'est, bien sûr, ainsi que va la vie: des choses se passent sans qu'on ne les comprenne totalement, sans qu'on ait le fin mot de l'histoire... C'est un roman un peu cathartique, qui offre un fait au lecteur sans autre but que la libération de cette histoire, et, même si j'ai apprécié le talent de narration de l'auteur, elle n'a pas fait mouche chez moi.

#x1f31e Un soir d’été raconte l’histoire d’une bande de six amis - cinq garçons, une fille - qui se retrouve tous les été à l’île de Ré. Avec la disparition soudaine de l’un d’entre eux, l’été 1985 marque un point de rupture. C’est mon premier livre de l’auteur, et bien que j’ai eu du mal à accrocher au début de l’histoire (environs 40 pages), je suis agréablement surprise par la suite des événements. J’avais peur de la petite taille de ce roman, de ne pas avoir assez d’éléments mais l’écriture simpliste et efficace de l’auteur m’a totalement embarqué. Ici, pas de fioritures, pas de blabla, pas de longueurs, tout est fait pour que le lecteur puisse avoir juste ce qu’il faut en terme d’informations. C’est une belle découverte, et je souhaite découvrir d’autres romans de Philippe Besson. J’ai relevé plusieurs phrases pleines de sens qui méritent une réflexion approfondie, et ma préférée est celle ci : #xNaN « De nouveau, je songe à ce que parfois les gens nous disent entre les mots et qu’on ne relève pas, à ce qu’ils nous montrent d’eux et qu’on ne regarde pas, parce qu’on est affairé ailleurs ou simplement distrait, parce que la vie d’autrui au fond ne nous intéresse pas tant que ça, ou parce qu’on ne sait pas que celui qui, de loin, semble nager peut en réalité être en train de se noyer. Je songe à nos indifférences, nos désinvoltures qui, la plupart du temps, sont sans conséquences et quelquefois s’avèrent coupables. Je songe à ceux que nous laissons partir sans comprendre qu’ils nous suppliaient en silence de les retenir. » #xNaN