Yo-yo : Le livre de Steinunn Sigurdardottir

La quatrième de couverture annonçait : à la croisée du drame psychologique et de l'humour noir, Yo-Yo est le récit sensible et cocasse de la quête éperdue d'un remède, autant que celui de la traque du mal. J'imagine bien qu'un résumé, une quatrième de couverture doit être alléchant, enthousiasmant au risque de ne pas rencontrer son public. Je suis une grande lectrice de drames psychologiques, Je suis donc satisfaite de ma lecture. Mais je cherche encore l'aspect "humour noir" et la cocasserie du récit. Si c'est le fait que l'on parle de suicide toutes les 3 pages, où, quand, comment le réaliser, on peut éventuellement parler de cynisme mais pas d'humour noir et encore moins de cocasserie. Rien ici qui ressemble à la crise de fou rire que j'ai eu en lisant "petit suicides entre amis" d'Arto Paasilinna par exemple. Ca c'était du suicide cocasse. Ici, le fait que le protagoniste y pense sans cesse sans jamais passer à l'acte m'indique qu'il est en grande souffrance mais sur la corde raide (sans vilain jeu de mots), que finalement sa vie est en mille morceaux, mais qu'il a malgré tout des raisons de rester en vie. Et c'est très bien ainsi. J'aurais été vraiment déçue de le perdre. C'est une histoire attachante, deux personnages, deux Martin, un allemand et un français, l'un est radiothérapeute et soigne l'autre. Au fil de leurs discussions, de leurs confidences, ils se découvrent alter ego. Ils ont sensiblement le même âge, sont tous deux heureux en amour, mais portent en eux les stigmates d'une enfance traumatisante. Peut-on réellement penser à se donner la mort à 34 ans alors que l'on sert à ce point l'humanité en soignant les cancéreux admis dans son service d'oncologie à l'hôpital? Doit on soigner tous les patients que l'on reçoit, même les personnages les plus abjects? Voilà des questions existentielles, philosophiques abordées dans ce texte qui ne se donnent pas à lire ni sur l'illustration de la couverture ni dans le résumé en dernière page. Un livre pioché au hasard sur les étagères de la bibliothèque, pour répondre à un item du challenge "plumes féminines" de Babelio, une très belle découverte, une autrice à suivre.

Un livre qui décontenance par son style particulier et son manque de ponctuation dans les dialogues, ce qui le rend un peu plus difficile au début. En plus, les 2 personnages principaux portent le même prénom. C'est vraiment le genre de livre sur lequel il est difficile de motiver son avis. Je ne connaissais pas l'histoire avant d'acheter le livre et je m'en réjouis car il est fort probable que je ne l'aurais pas choisi. Et j'aurais eu tort. Tout repose sur un sujet difficile, des actes de pédophilie (mais qui ne ressortent que dans les dernières pages) commis sur 2 personnes, par ailleurs amis intimes pour d'autres raisons : un médecin cancérologue et un clochard. La suite pour ceux qui voudront le lire, mais mon bilan est très positif et je le relirai sans aucun doute.

Je comprends volontiers que la forme de roman puisse dérouter : ponctuation, mélange de dialogues et de narration, etc. Cependant, Yo-yo est à ce jour mon livre préféré de Steinunn Sigurdardóttir (je n'ai pas encore lu Le voleur de vie et Maîtresses femmes). Tous les éléments habituels du style de cette autrice sont ici présents sous leur plus beaux aspects : la sensibilité, la douceur, la gravité, la dérision comme forme d'humour. Yo-yo m'est apparu avant tout comme une grande histoire d'amitié ; de ces amitiés qui sauvent l'humanité, dans un sens presque religieux, par sa seule existence. C'est l'amitié des deux Martin qui va les sauver au même d'affronter leur passer et d'assumer leur humanité. Car dans toute la littérature de Steinunn Sigurdardóttir, il y a une confiance constante dans l'être humain même quand les thèmes abordés sont aussi graves que la pédophilie et que l'issue peut être l'autodestruction. Je n'ai qu'un regret (mais sans importance je pense) est que l'histoire se déroule en Allemagne (où vit l'autrice) et non pas en Islande. Serait-elle inimaginable en Islande ? Les romans de Steinunn Sigurdardóttir sont toujours courts car elle a un don pour la concision. Je ne crois pas que la justesse de ses histoires résisteraient à des dizaines de pages supplémentaires. Si vous aimez la délicatesse et la psychologie, ce petit roman est fait pour vous.

Sous sa couverture de livre pour enfants, le quatrième roman de Steinunn Sigurdardóttir raconte avec un humour très noir une saisissante histoire d’amitié masculine. Croquant de manière incisive la psychologie de deux hommes en proie à leur passé, Yo-yo fait tressaillir d’effroi autant que d’émotions.