Le Déversoir, Arthur Teboul

Comme chanteur, Arthur Teboul incarne un esprit rock et romantique, entre popanglo-saxonne (Radiohead) et chanson française (Ferré, Gainsbourg, Bashung), entre ambiance feutrée d'un jazz club et néons perçants d'une scène underground ; poétique et inspiré, il est de ces nouvelles voix talentueuses qui parlent à la jeunesse et, brouillant les frontières habituelles entre les genres, redéfinissent de manière originale et séduisante la scène musicale en France.
Auteur des paroles du groupe (des paroles au caractère quasiment visionnaire, qui marquent par leur capacité à saisir l'air du temps), Arthur Teboul confesse qu'il est venu à la musique par la littérature. Il plaide pour une existence où la poésie aurait une plus grande part. On devine facilement qu'il porte en lui la dimension d'un écrivain.
De fait, entre les phases d'écriture des chansons de ses albums, il a pris l'habitude de composer ce qu'il appelle des poèmes minute, lors de séances de « déversement » ou d'écriture automatique. Entre le poème en prose et le récit onirique, ce sont de courts textes dont les idées et les émotions seraient les protagonistes, riches en inventions, pleins de mystère, de vivacité, de drôlerie, d'étrangeté et de beauté. Ils composent ce recueil, Le Déversoir.
Pour accompagner la sortie de son livre, Arthur Teboul poursuivra cette expérience lors d'un happening d'une semaine où chaque tête-à-tête donnera lieu à l'écriture d'un poème, face à un public, à Paris.
Le poète et son ombre, Paul Eluard

Les textes réunis dans cet ouvrage, publié pour la première fois en 1963 puis réédité en 2008 et aujourd’hui, complètent l’art poétique de Paul Eluard intitulé Donner à voir. Ils couvrent une période de trente ans, de 1920 à 1952, année de la mort du poète.
Le Poète et son ombre est composé de textes provenant de plaquettes à tirage limité, de catalogues rares, de revues aujourd’hui introuvables. Il s’agit essentiellement de notes sur la poésie, de prières d’insérer pour des livres d’amis, de préfaces à des expositions de peintres, de fragments de conférences. Ordonnés sur un mode chronologique, ces textes suivent l’itinéraire d’Eluard, de la Révolution surréaliste à son engagement pour la paix, la justice et la liberté.
Les critiques ont souvent parlé de la « magie poétique » d’Eluard, dont la puissance d’enchantement, l’étonnante pureté, la transparence leur paraissaient inexplicables. La même remarque pourrait être faite à propos des textes qui composent Le Poète et son ombre. Lorsqu’il parle de ses amis poètes ou des peintres qu’il aime, Eluard s’exprime avec naturel et sait donner le sentiment de l’évidence. « L’écoutant, on laisse tomber ses armes… », disait Francis Ponge. Le texte critique est l’ombre portée d’une lumière.
Un jour, un poème..., Jean Orizet
Jean Orizet a derrière lui un demi-siècle de familiarité avec la poésie française. Le grand public le sait, qui accorde sa confiance à chacune de ses anthologies : Les cent plus beaux poèmes de la langue française, Anthologie de la poésie française, Les plus beaux sonnets de la langue française, Les plus beaux poèmes d’amour de la langue française…
En 2014, il conçoit pour Omnibus une anthologie sur le thème des saisons et des jours, richement illustrée en couleurs. Tous les poèmes que nous aimons et que nous connaissons depuis l’école y sont, mais aussi ceux, moins connus, que Jean Orizet a souhaité nous faire découvrir.
Les illustrations en grand format – tableaux, sculptures, miniatures, dessins – ont été elles aussi puisées dans un patrimoine culturel qu’il est essentiel de conserver et de transmettre.
Notre âme ne peut pas mourir, Taras Chevtchenko

"Quelle que soit l’opinion que l’on professe sur l’importance, pour la connaissance de l’œuvre d’un poète, des événements de sa vie, force est d’admettre que pour Chevtchenko l’évocation de ces événements est indispensable. C’est que chez lui l’activité artistique et l’action sont indissociables. Peintre ou écrivain, Chevtchenko vécut pour l’indépendance de l’Ukraine démocratique, et, pour cette cause, il ne cessa d’agir en révolutionnaire conséquent, participa à des organisations et des mouvements patriotiques. Il connut la prison, l’exil, la surveillance policière et l’interdiction de prendre et d’écrire.
Sa courte vie (1814-1861) fut bien remplie. On ne peut qu’être étonné par l’abondance de ses œuvres : ses très nombreux poèmes, dont certains sont fort longs (des milliers de vers), deux drames historiques, une vingtaine de romans, et ses dessins et ses tableaux, malgré le temps consacré à l’action et les années de prison et de forteresse.
L’Ukraine est présente partout dans les poèmes de Chevtchenko, comme eue, l’était dans ses pensées. Présence physique de son territoire, de la plaine, du Dniepr qui avec ses îles, ses récifs, le vent sur ses eaux, est comme une personnification de l’Ukraine vivante ; présence de ses traditions populaires, de son histoire, de l’aujourd’hui ; espoir et inquiétude pour son avenir. Toute l’œuvre du poète a ses assises dans l’histoire de son peuple, de son peuple luttant pour son indépendance contre les rois de Pologne, les sultans de Turquie, les tsars de Russie. Toute son œuvre est une exaltation de l’héroïsme cosaque. Elle est pleine de bruit et de fureur, pleine de batailles, de violences, de sang, d’incendies, de larmes, d’invectives, d’appels. Il est clair que dans chaque récit, Chevtchenko projette ses préoccupations actuelles, que ces poèmes doivent servir le patriotisme ukrainien, fonder l’espoir et l’action du peuple ukrainien ; le passé garantit l’avenir." (Extrait de la préface de Guillevic)
L’association Aide Médicale et Caritative France-Ukraine (AMCFU) a été créée en 2014, à la suite des événements de Maïdan, par des professionnels de la santé et de la solidarité engagés dans les causes humanitaires. Sa vocation est de créer une chaîne de solidarité de la France vers l’Ukraine en réponse aux besoins urgents et d’améliorer dans la durée la situation humanitaire en Ukraine.
Souvenirs de la maison des fous, Paul Eluard

Dans L’Immaculée Conception, en 1930, Paul Eluard et André Breton offraient cinq variations autour des délires recensés par la psychiatrie pour démontrer qu’il n’y avait pas de frontière entre le langage des prétendus fous et celui des poètes, sauf aux yeux de la société. En novembre 1943, lorsque Eluard est accueilli à Saint-Alban par Lucien Bonnafé, épisode auquel fait allusion Xavier Donzelli dans Les Messagers également publié en janvier 2023 chez Seghers, les temps ont changé : l’euphorie et les provocations du surréalisme sont loin, la France est occupée, la poésie doit s’engager. Face aux fous de l’asile public départemental de Lozère, aux aliénés atteints cette fois réellement de débilité mentale, de manie aiguë, de paralysie générale, de délire d’interprétation ou de démence précoce, Eluard se fait confident, interlocuteur. Rappelons-nous que le poète du lyrisme amoureux est aussi le poète de l’indignation face aux injustices et de la compassion envers les malades des sanatoriums, les soldats du front, les femmes tondues de l’après-guerre et de toutes les misères du monde.
Dans ce long poème composé de sept parties et d’un épilogue, « Le Cimetière des fou », il dresse sept portraits de malades servis par les dessins poignants de Gérard Vulliamy, artiste peintre graveur proche du surréalisme et futur gendre du poète. Empreints d’une profonde empathie, ces textes font résonner des voix : celle du poète confronté au mystère impénétrable de l’esprit perdu, « chantant la mort sur les airs de la vie », ou celle des fous en proie aux hallucinations, à des absences ou à de rares éclairs de lucidité. « Le mannequin en croix est-il un homme ou moi ? » s’interroge une jeune femme triste ; « Peut-être aurais-je pu cacher cette innocence qui fait peur aux enfants ? » laisse entendre une vieille dame dont « un mur de regret cerne l’existence ».
Saint-Alban, berceau de la psychiatrie institutionnelle, fut le premier lieu en France à offrir une prise en charge thérapeutique aux fous devenus des patients – à une époque de restrictions qui allait voir mourir de faim la moitié de la population des asiles, soit quarante mille personnes. De la même façon, à travers ce texte, Eluard arrache ces individus à une solitude carcérale et les rend à leur humanité. À notre époque, à l’heure de l’inflation sécuritaire dans les hôpitaux psychiatriques, ses Souvenirs de la maison des fous nous rappellent plus que jamais à notre esprit et à notre humanisme.
Lait et miel, Rupi Kaur
voici le voyage d’une
survie grâce à la poésie
voici mes larmes, ma sueur et mon sang
de vingt et un ans
voici mon cœur
dans tes mains
voici la blessure
l’amour
la rupture
la guérison
- rupi kaur -
« lait et miel est un recueil poétique que toutes les femmes devraient avoir sur leur table de nuit ou la table basse de leur salon. Accompagnés de ses propres dessins, ses poèmes, d'une honnêteté et d'une authenticité rares, se lisent comme les expériences collectives et quotidiennes d'une femme du XXIe siècle. » Erin Spencer – Huffington Post
Les fleurs du mal, Charles Baudelaire
LES GRANDS TEXTES DU XIXe SIÈCLE
« Dans ce livre atroce, j’ai mis tout mon cœur, toute ma tendresse, toute ma religion, toute ma haine. » Étranger dans un monde qui le refuse, maudit et damné, Baudelaire n'a pas d'autre choix que d'explorer l'enfer et le mal. Puisque la vie n'est qu'extase et horreur, le poète la transfigure dans une contrée imaginaire où le désespoir et la beauté se confondent. Il s'évade dans les paradis artificiels du haschisch, de l'opium et du vin, de la luxure et du vice.
Les Fleurs du mal sont le journal intime, le cri de terreur et de jouissance du poète. « Fleurs maladives » qui annoncent toute la littérature moderne et dont le parfum et les poisons ne cessent de troubler.
@ Disponible chez 12-21
L'ÉDITEUR NUMÉRIQUE
Petits poèmes en prose, Charles Baudelaire
LES GRANDS TEXTES DU XIXe SIÈCLE
« Quel est celui de nous qui n'a pas, dans ses jours d'ambition, rêvé le miracle d'une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ? » C.B.
@ Disponible chez 12-21
L'ÉDITEUR NUMÉRIQUE
Couleurs primitives, Jeanne Cherhal et Petites Luxures
Au fil de trente poèmes, Jeanne Cherhal nous invite à suivre une femme amoureuse et libre, et à partager des moments intimes de sa vie.
Subtilement illustré par les dessins silhouettés de Petites Luxures, ce nuancier du désir propose une émouvante palette de trente couleurs dont les noms ont été imaginés par l'autrice, sous des formes multiples (sonnet, haïku, blason, calligramme...). De Fauve à Béluga, de Saint-Crème à Bleu d'orage, poèmes et illustrations se répondent, se mêlent et s'entrelacent dans un jeu aussi doux et lyrique que sensuel et érotique.
Coffret La Résistance et ses poètes, Pierre Seghers

Les éditions Seghers rééditent le grand livre de leur fondateur, paru en 1974 et depuis lors entré dans la légende : La Résistance et ses poètes. Vendu à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires, La Résistance et ses poètes retrace l’aventure individuelle et collective des poètes qui se sont engagés, au péril de leur vie, dans la lutte contre l’occupant, lors d’une des périodes les plus sombres de notre histoire. Dans une captivante présentation historique et littéraire, Pierre Seghers nous explique comment « sauver l’homme de l’humiliation, de l’avilissement et de l’écrasement devint action, réaction spontanée, écriture. » Cette aventure individuelle et collective, qui a rassemblé les grands noms de la poésie française du xxe siècle (Aragon, Char, Desnos, Eluard, Supervielle, Tardieu, Vercors) mais aussi de belles voix sans lendemain, nous rappelle que poésie et résistance vont fondamentalement de pair.
Conçu selon le principe de la collection « Poètes d’aujourd’hui », cet ouvrage de près de sept cents pages comporte deux parties nettement distinctes : une étude générale et une anthologie de poèmes qui deviennent, dans cette nouvelle édition, deux volumes distincts rassemblés, à cette occasion, dans un coffret.
« Jeunes gens qui me lirez peut-être, tout peut recommencer.
N’acceptez jamais de devenir les égarés d’une génération perdue.
Ce livre n’est pas un livre d’historien
Mais un témoignage vivant,
Le romancero des temps les plus sombres
où vous pouvez être à nouveau jetés.
Écoutez et souvenez-vous. »
The Black Flamingo, Dean Atta et Anshika Khullar
Je suis le flamant noir.
Le flamant noir, c'est moi.
J’essaye de me trouver.
Ce livre est un conte de fées
dans lequel JE SUIS le prince
et la princesse. JE SUIS
le roi et la reine.
Ce livre est un conte de fées
dans lequel je suis maudit
et béni par les autres.
Au bout du compte, je suis la fée
qui trouve sa propre magie.
Alors qu’il s’interroge sur son identité, Michael écrit des poèmes dans un carnet dont il nous livre certaines pages. Elles se mêlent à un récit dans lequel il nous laisse entrevoir ses moments de vie, de doute, de douleur et de joie, depuis sa première Barbie à l’école primaire jusqu’à sa première expérience amoureuse à l’université. Peu à peu, on assiste à l’éclosion d’une écriture humaine et sensible. Avec la délicatesse d’un poète, la musicalité d’un chanteur, la passion d’un acteur – tout le talent d’un Drag Artist – Michael crie au monde : vous seul avez le pouvoir de décider qui vous êtes !
Chasseurs de lumière, Tyler Knott Gregson
Un jour, en flânant dans une brocante, Tyler Knott Gregson tombe sur une vieille Remington. Là, debout, sur une page arrachée d’un livre, il tape sans réfléchir. Sous ses doigts naît le tout premier poème de la série de la machine à écrire. Il est aussitôt séduit par cette singulière incapacité à effacer, à retravailler. Par le reflet de son esprit sur cette page, imparfait et sincère. Dans un monde numérique, tenir dans sa main des mots analogiques, c’est pour lui comme une respiration. Quelques années et près d’un millier de poèmes plus tard, publiés sur Instagram et rassemblant toujours plus de Followers, l’auteur a réuni les plus pertinents dans ce recueil devenu depuis un best-seller dans plusieurs pays.
home body - édition collector, Rupi Kaur
« Avec ses mots limpides et doux comme le miel, Rupi Kaur pose des pansements sur les blessures de l’existence, comme le ferait une soeur. » Elle
après s’être sentis déconnectés
pendant si longtemps
mon esprit et mon corps
finissent par se retrouver
– home body
Après les best-sellers lait et miel et le soleil et ses fleurs, home body est le troisième recueil de poésie de rupi kaur.
À la fois sombre et lumineux, home body célèbre l’acceptation de soi, le corps, la féminité, et délivre un message d’amour et d’espoir en ces temps troublés
Cent poèmes d'Aimé Césaire

« La poésie est une démarche qui par le mot, l'image, le mythe, l'amour et l'humour m'installe au cœur du vivant de moi-même et du monde. »
C comme Cahier d’un retour au pays natal. C’est le chef-d’œuvre initial d’Aimé Césaire, un étudiant de 25 ans pétri de toutes les cultures du monde et qui compose pour la faim universelle, pour la soif universelle, ce qu’André Breton définira comme « le plus grand monument lyrique de ce temps ».
E comme Engagement. C’est la puissance de la création poétique de Césaire qui l’a conduit à l’engagement politique, et non l’inverse : ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche.
S comme Soleil, oeil fascinant mon œil. Toute sa poésie est fondée sur la parole donnée à la géographie, à la géologie, à la flore et la faune solaires de la Caraïbe : soleils à calculer mon être, natif natal.
A comme Armes miraculeuses de résistance créatrice (titre de son premier recueil en 1946). Ce sont pour Aimé Césaire celles de la poésie, du théâtre, du discours : ma voix, la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir. Le poète forge des armes de paroles qui deviennent les outils de l’émancipation et de l’identité conquises. Des Ferments contre les Ferrements.
I comme Insolite bâtisseur. Le poète comme l’homme politique a toujours l’obsession de bâtir, d’édifier la verticalité humaine avec des bouts de ficelle, avec des mailles forcées de cadène contre l’horizontalité des vies courbées ou écrasées : ne dépare pas le pur visage de l’avenir, bâtisseur d’un insolite demain.
R comme Résistance. De la dissidence antillaise des années 1940 aux combats de la décolonisation, Césaire promeut l’idée de résistance créatrice, solidaire de tous ceux qui se battent pour édifier et non pour détruire : capte au décor le secret des racines, la résistance ressuscite.
E comme Espérance à flanc d’abîme, du poète qui habite un paradis raté, mais garde confiance en chaque graine et chaque goutte endurant solidairement le défi du désert sur la carte voyageuse du pollen. Du Cahier jusqu’à ses derniers vers : tout se retrouvera là/cumulé pour le sable généreux.
Liberté j'écris ton nom, Paul Eluard et Fernand Léger

Publié clandestinement en 1942, traduit en dix langues et parachuté par la RAF sur l’Europe occupée, « Liberté » de Paul Eluard est un poème mythique : avec ses vingt et un quatrains, il a la ferveur d’une déclaration d’amour et la force d’un mot d’ordre. En novembre 2016, « Liberté j’écris ton nom », le poème de Paul Eluard illustré par Fernand Léger, reparaît chez Seghers à l’identique de l’édition originale, datée de 1953.
Tandis que nous nous apprêtons à rendre hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015, la « liberté » scandée par Eluard apparaît plus que jamais comme un leitmotiv, un mot de rassemblement généreux, optimiste, qui va bien au-delà des clivages politiques, sociaux et religieux. Celui qui clame « Liberté, j’écris ton nom » invoque toute une histoire de luttes et de sacrifices – celle de nos aînés –, mais affirme aussi le désir de se sentir vivant, humain, aspirant au bonheur. Dans ce contexte troublé, il nous a semblé important que cette œuvre soit de nouveau disponible, dans une belle édition, soignée et accessible au plus grand nombre.
Femme phénoménale, Maya Angelou et Elizabeth Catlett

Maya Angelou (1928-2014) a été reconnu, de son vivant, comme l'une des grandes voix américaines du XXe siècle. Tour à tour chanteuse, danseuse, actrice, militante des droits civiques, poète, écrivaine, enseignante et réalisatrice, elle n'a cessé de se battre pour sa liberté de femme africaine-américaine, contre les stéréotypes de genre et les préjugés raciaux.
Femme phénoménale, son poème fétiche, est un manifeste pour une féminité décomplexée, une ode à la joie de vivre, la revanche souriante d'une petite-fille d'esclave. La grande Maya Angelou l'entonnait à chaque apparition publique, avec l'humour et la détermination qui la caractérisaient.
Première femme noire diplômée des beaux-arts aux États-Unis, en 1940, Elizabeth Catlett (1915-2012) était, elle aussi, une pionnière. Quand Maya Angelou fit sa connaissance à Mexico, elle la qualifia de « reine des arts » : toutes deux partageaient le même engagement envers leur communauté et souhaitaient lui offrir des modèles féminins empreints de force et de générosité.
Ce poème-objet bilingue, création de Vahram Muratyan, rassemble les œuvres de Maya Angelou, Femme phénoménale (traduction de Santiago Artozqui), et d'Elizabeth Catlett, There Is a Woman in Every Color. Dans le climat que l'on observe aujourd'hui aux États-Unis, il résonne comme un mot d'ordre pour la défense des droits des femmes.
Après Liberté, j'écris ton nom de Paul Eluard et Fernand Léger, puis Dentelle d'éternité de Jean Cocteau, les Éditions Seghers perpétuent la tradition du poème-objet.
Anthologie de la poésie française, Pierre Fouillet et Jean-Joseph Julaud
L’amour, la tendresse, le désir, la passion, l’émotion, l’humour, la mélancolie, la nostalgie… Tout cela vous attend au fil des pages de ce livre. Vous allez croiser des poètes, des plus anciens aux plus récents, de Marie de France à Cadou, en passant par Ronsard, La Fontaine, Hugo, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, et tant d’autres. Redécouvrez ainsi les plus beaux poèmes de la langue française, accompagnés des illustrations de Pierre Fouillet, pleines de finesse et d’élégance.
Poésie involontaire et poésie intentionnelle, Paul Eluard

En 1937, dans L’Évidence poétique, Eluard écrivait : « Depuis plus de cent ans, les poètes sont descendus des sommets sur lesquels ils se croyaient. Ils sont allés dans les rues, ils ont insulté leurs maîtres, ils n’ont plus de dieux, ils osent embrasser la beauté et l’amour sur la bouche, ils ont appris les chants de révolte de la foule malheureuse et, sans se rebuter, essaient de lui apprendre les leurs. »
Ainsi, dans cette anthologie de citations qui date de 1942, il affirme une nouvelle fois cette conception d’une poésie qui accueille aussi bien la parole involontaire, souvent populaire, fruit du hasard dans lequel le dire dépasse le « vouloir dire », et la parole intentionnelle où affluent les images, les combinaisons nouvelles, les jeux de répétitions et échos sémantiques. Un dialogue est ainsi ouvert entre les tenants de ces deux paroles, abolissant toute conception bourgeoise de la poésie et confirmant l’optimisme Eluardien en une fraternité à laquelle il aspire.
La particularité de ce recueil tient également en son dispositif de lecture : selon un ordre chronologique, en page de gauche (paire) s’affiche la poésie involontaire, en page de droite (impaire), la poésie intentionnelle. Voisinent de la sorte – et parmi d’autres – le facteur Cheval et Léon-Paul Fargue, Jacques Rigaut et Blaise Cendrars, la Religieuse portugaise et Salvador Dalí. À noter : les écrivains les plus prestigieux sont parfois classés parmi les poètes involontaire, tels Honoré de Balzac ou Dickens qui rejoignent Dame Tartine et Nicolas Flamel. Une anthologie très personnelle donc, où humour et scandale font toujours bon ménage.
Les Contemplations, Victor Hugo
« Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis. » En 1856, le public fait un triomphe à ce monument de 11 000 vers que Hugo présente comme les « mémoires de son âme » et « la grande Pyramide » de son œuvre.
Dans les six livres de cette autobiographie sublimée, il célèbre la grâce enfantine et les jeunes années, le temps des amours et des extases, il médite sur les luttes, les épreuves et les douleurs de l’âge adulte, il plaint la misère des sociétés modernes. C’est ensuite le chant de l’énergie retrouvée, et le dialogue avec la « Bouche d’Ombre » ouverte sur l’infini qui annonce enfin l’avènement d’un pardon universel.
Mage, prophète, voyant, « rêveur sacré », Hugo déchiffre l’énigme du monde et de la destinée humaine.
Les yeux d'Elsa, Louis Aragon
Publié en Suisse en 1942, puis diffusé sous le régime de Vichy grâce à la négligence d’un censeur, Les Yeux d’Elsa comporte d’innombrables allusions à l’Occupation. À travers l’évocation de la France médiévale, Aragon invite son lecteur à reconnaître les déchirures du présent et à s’engager dans la défense d’un pays dévasté.
Cette édition intègre la préface rédigée en février 1942, ainsi que trois textes en prose : « La leçon de Ribérac », « La rime en 1940 » et « Sur une définition de la poésie ».
« Tes yeux sont si profonds qu’en me
penchant pour boire
J’ai vu tous les soleils y venir se mirer
S’y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j’y perds
la mémoire »
Poèmes de minuit, Robert Desnos

Des poèmes inédits de Robert Desnos ont été retrouvés, Desnos, le poète de la liberté et de l’amour, le voyant inspiré, le surréaliste à la fibre populaire ayant joué un rôle si fondamental auprès d’André Breton, le résistant qui trouvera la mort dans le camp de Teresin en Tchécoslovaquie, en 1945.
Ces textes ont été composés en 1936-1938. A cette époque Desnos s’était fixé pour contrainte d’en écrire chaque soir vers minuit. Après avoir pratiqué le journalisme, il consacrait alors beaucoup de temps à la radio, media pour lequel il s’était pris de passion (composant des slogans publicitaires pour Radio-Luxembourg et le Poste-Parisien, écrivant une pièce radiophonique avec son comparse Antonin Artaud sur une musique de Kurt Weill). Mais il s'obligeait, pour rester en contact avec la poésie à écrire un poème « forcé » tous les soirs. Parfois « le poème s’imposait, il s’était construit de lui-même au cours de la journée. D’autres fois le cerveau vide, c’était un thème inattendu qui guidait la main plutôt que la pensée », écrit-il.
On y trouve des bandes de gamins parisiens, Napoléon 1er, le « maréchal Ducono », des « nymphes qui dansent dans des clairières », un drôle d’animal qui « tient de l’arbre et de l’éponge », des faisans et des coqs, l’éclat du soleil et des étoiles, les quais de seine, un brouillard matinal en automne, des souvenirs de la grande guerre alors qu’il était adolescent, l’amour et l’amitié, l’histoire d’un pirate affligé d’un chagrin d’amour, une ode à l’aube naissante (« La lumière qui grandit / n’est pas la même que celle qui meurt. »). Beaucoup d’humour aussi chez cet amateur de farce et de calembours, dans des quatrains rimés où il s’en prend aux gradés, aux prêtres et aux juges.
Certains de ces poèmes ont rejoint le recueil Fortunes, en 1942 d’autre Etat de veille en 1943. Ceux qui n’ont pas été publiés viennent donc d’être retrouvés dans quatre précieux cahiers reliés datant de 1940, à l’occasion d’une vente et de l’acquisition faite par le bibliophile et collectionneur Jacques Letertre. On y découvre l’écriture régulière de Desnos qui s’était appliqué en vue d’une prochaine parution à recopier, corriger quatre-vingt poèmes, complétés par des dessins de sa main. En 1940, Desnos revient à lui-même et se juge, accompagnant d’une ou deux croix les poèmes qu’il trouvait les meilleurs.
A l’époque où il recopie ces poèmes, Desnos rejoint le quotidien Aujourd’hui, qui va bientôt glisser dans la collaboration. De son poste d’observation, il collecte des renseignements pour le réseau de résistance « Agir ». Il mènera ce combat jusque 1944. Dénoncé, arrêté par la Gestapo, Desnos connaîtra la prison de Fresnes, le camp de Compiègne, puis Auschwitz, Buchenwald, Flossenbürg, Floha et Teresin, où, survivant des « marches de la mort », il succombera au typhus. Il n’avait pas 45 ans.
Cent poèmes de Victor Hugo
Au-delà de nos souvenirs de récitations d’enfance, nous avons ardemment souhaité qu’au fil des pages revive l’homme – l’homme dont les poèmes sont le miroir des émotions sur toute la gamme des sentiments qu’il vécut : des premiers émois amoureux dans une Espagne vibrante de sensualité aux larmes du deuil, quand meurt sa fille Léopoldine, en passant par les poèmes pour les heures gaies. Ce choix n’est pas seulement celui des plus beaux poèmes de Hugo. Il est également la biographie poétique d’un être exceptionnel qui communiquait avec toutes celles et tous ceux qui l’approchaient, dans un élan charismatique intense. C’est le journal de bord en vers et en couleurs d’un homme qui communiquait aussi avec les fleurs, les oiseaux, l’océan, les clochers des cathédrales et les plus humbles objets parce qu’il avait le don insigne de tout créditer d’une âme.
Lettres et poèmes à Gabriële, Francis Picabia
J’avais beaucoup de choses à te dire, mais j’ai tout oublié.
Ces lettres et ces poèmes, jamais publiés à ce jour, racontent l’amour de Francis Picabia pour sa première femme, Gabriële Buffet. Plus qu’un amour – un lien unique, intemporel, qui permet à l’artiste de se livrer entièrement à celle qui toujours le subjugua par son esprit.
« Quand Francis parle à Gabriële, il n’y a ni passé ni futur. Quand Francis parle à Gabriële, c’est l’éternel vertige d’être vivant dans l’instant, de se tenir en équilibriste dans “la juste indignation du présent”. » Claire Berest
« Picabia est un peintre qui peint en écrivant sur ses toiles. Un écrivain qui écrit en dessinant sur ses poèmes. Ogre en mouvement, éructant tableaux et poèmes. Tout ce qui sort de ses mains devient substance picturale, déflagration poétique. » Anne Berest
Préfaces de Anne et Claire Berest
Éphémérides, Patrice Franceschi

« Qu’est une vie sans poésie, ou une vie que n’habite aucun sens poétique ? À mes yeux, une vie amputée. Quelque chose manque qui ne devrait pas, car toujours à portée. La poésie se fait même impérieuse nécessité pour ceux qui choisissent l’aventure comme territoire de liberté afin d’agir et de penser par eux-mêmes. Aventure et poésie deviennent ainsi les sœurs jumelles d’une quête mystique de sens destinée à surmonter tout ce qui réduit l’existence à une somme de marchandises périssables.
Elles obligent alors à une tentative exigeante, constamment incertaine, souvent menacée, parfois impossible, mais toujours exaltante : faire de sa vie une poésie en acte – modestement mais avec certitude.
Éphémérides est l’une de ces tentatives. Les poèmes que contient ce recueil, pour la plupart très brefs, jetés sur le papier au cours d’expéditions lointaines ou écrits au retour de périples difficiles, s’efforcent de traduire dans leur musique propre ce que l’aventure peut éclairer de nous-mêmes et de notre expérience du monde à travers l’expression poétique de cette expérience. Par là même, aventure et poésie nous offrent à tous la possibilité, fragile mais sans cesse présente, de vivre doublement. »
Dans l'hiver des villes, Tennessee Williams

La Ménagerie de verre, Un tramway nommé Désir, La Chatte sur un toit brûlant, La Nuit de l’iguane… On connaît surtout l’œuvre de dramaturge de Tennessee Williams, exaltée, lyrique, très largement adaptée au grand écran avec la postérité que l’on sait. Pourtant, en privé, l’homme se définissait comme un poète avant tout, un poète solitaire et torturé, inspiré de la lecture de Keats, Shakespeare, Rilke et Rimbaud. Il publia Dans l’hiver des villes en 1956, mais sa célébrité en tant qu’auteur dramatique était déjà telle à l’époque qu’elle ne pouvait qu’éclipser son œuvre poétique. Aujourd’hui, quarante ans après sa mort, on comprend à la lecture de ce recueil combien ses vers et son sens poétique nourrissent tout son travail d’écriture, destiné ou non à être mis en scène. Aussi, ses poèmes sont-ils, à l’image de ses pièces, caractérisés par l’intensité de son expression, sa passion de la sincérité, son sentiment de solitude et sa compassion envers les marginaux. À une nuance près : ils apparaissent dans une certaine mesure comme une confession. Contrairement à son théâtre qui se voulait exempt de toute thématique ouvertement homosexuelle, il parvient ici, au moyen de conventions poétiques ou de formes libres, à rendre acceptable le récit de ses expériences avec les hommes, ou de son amour pour Frank Merlo – son compagnon de longue date. « Orphée sous les tropiques », Tennessee Williams écrivit ces poèmes dans le but d’exprimer sa sexualité propre, ce que le théâtre lui interdisait. « Quand les poètes deviennent délibérément des hommes de lettres, nous nous mettons à les lire avec davantage de respect que de plaisir », écrivait-il. La lecture de ce recueil, traduit avec talent par Jacques Demarcq, vient le contredire avec bonheur.
Chair vive, Grisèlidis Réal

Réunies pour la première fois en un seul volume, les poésies écrites par Grisélidis Real tout au long de sa vie (de l'âge de treize ans à sa mort) forment une œuvre d’une cohérence et d’une force rares. A la mesure d’une vie hors du commun.
Née dans une famille de bourgeois intellectuels de Genève, vite orpheline de père, révoltée contre sa mère et l’éducation rigide qu’elle lui fait subir, artiste peintre, mère très jeune de quatre enfants de quatre pères différents, elle emmènera deux d’entre eux en Allemagne, illégalement, pour suivre un amant qui la mettra sur le trottoir quand ils seront tombés dans la misère…
Elle vivra encore de grandes amours, passionnelles, parfois violentes, sortira de la prostitution pour y retourner finalement de façon définitive et par conviction jusqu’à devenir dans les années 70 une porte-parole très remarquée des prostituées (dont elle défend le rôle social).
Sa vie est aussi ponctuée de séjours au sanatorium (tuberculose dans sa jeunesse), en prison (un deal de shit qui tourne mal lors des années en Allemagne), et à l’hôpital (le cancer qui l’emportera).
Ces expériences extrêmes seront le terreau de sa création poétique.
Et pourtant je m'élève, Maya Angelou
Longtemps, Maya Angelou a été méconnue du public français, avant d’être célébrée à sa juste mesure depuis 2008 pour ses romans autobiographiques, dont le célèbre Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage. Activiste et écrivaine, Angelou l’était bien sûr, mais elle se considérait aussi comme une poète. Au début de sa carrière, elle alternait la publication de chaque texte autobiographique avec un recueil.
Je dis,
C’est le feu dans mes yeux,
Et l’éclat de mes dents,
Le swing de mes hanches,
Et la gaieté dans mes pieds.
Je suis une femme
Phénoménalement
Femme phénoménale
C’est ce que je suis.
Poèmes tardifs, Margaret Atwood

« Ces poèmes ont été écrits entre 2008 et 2019. Durant ces onze années, les choses se sont assombries dans le monde. J’ai également vieilli. Des personnes très proches de moi sont mortes.
La poésie prend pour thèmes tout ce qui se situe au coeur de l’existence humaine : la vie, la mort, le renouveau ; ainsi que l’équité et l’iniquité, l’injustice et parfois la justice. Le monde dans toute sa diversité. Le temps qu’il fait. Le temps qui passe.
Et les oiseaux. Il y a davantage d’oiseaux dans ces poèmes qu’il n’y en avait auparavant. Je souhaite qu’il y ait encore plus d’oiseaux dans le prochain recueil de poèmes, s’il en est un ; et je souhaite aussi qu’il y ait plus d’oiseaux dans le monde.
Nous l’espérons tous. »
Margaret Atwood
Beaucoup connaissent les romans de Margaret Atwood, parmi lesquels les best-sellers La Servante écarlate et Les Testaments, mais peu savent qu’elle est aussi l’une des plus brillantes poétesses contemporaines.
« Le nouveau recueil de poésie d’Atwood – son premier depuis plus de dix ans – rappelle combien elle maîtrise le genre. Atwood y met en doute nos savoirs et nous demande à la place d’accorder du crédit à nos sentiments. »
Time
Dentelle d'éternité, Jean Cocteau

« Qui ne voudrait posséder chez soi, mieux que l’anthologie qu’on doit ouvrir en tout trois ou quatre fois dans toute sa vie, ou qu’on ignore, qui ne voudrait vivre dans la compagnie de ce poème et de ce tableau, unis à jamais pour le plaisir des yeux et de la poésie ? »
C’est dans ces termes que Pierre Seghers présentait en 1953 le concept du poème-objet dans Les Lettres françaises. Conjointement à la parution de Liberté j’écris ton nom (Eluard-Léger) Dentelle d’éternité (Cocteau) était alors tiré à cent dix exemplaires seulement, dont cent sur velin d’Arches.
Ce poème-objet se compose de deux feuillets superposés de 63 par 41 cm : sur le premier feuillet est inscrit le poème en vers libres et un découpage formant deux colonnes ajourées, laissant apparaître le fond bleu du second feuillet. Chaque exemplaire a été découpé à la main par Albert Jon, d’après le modèle réalisé par Jean Cocteau.
Œuvre d’un artiste en tout point visionnaire, d’un esthète rétif à tout effet de mode, ce poème-objet offre, près de soixante-dix ans après sa parution, un design particulièrement graphique, incroyablement moderne.
Derniers poèmes d'amour, Paul Eluard
Ce volume, devenu un classique incontournable de la poésie sentimentale et érotique, rassemble les poèmes de Paul Eluard dédiés à l’amour, écrits durant les dix dernières années de sa vie : Une longue réflexion amoureuse (1945), Le Dur Désir de durer (1946), Le temps déborde (1947), Corps mémorable (1948) et Le Phénix (1951). Moderne et lyrique, Eluard choisi le vers libre, exempt de toute ponctuation, pour chanter la femme divinisée et déclarer sa flamme à ses muses et compagnes, de Nusch à Dominique, en passant par Jacqueline. Comme le note Jean-Pierre Siméon dans la préface, Derniers poème d’amour est l’« un des opus sacrés de l’adolescence, un bréviaire insolent où puiser, à chaque instant d’ombre et d’abandon, telle ou telle de ces formules dont la jeunesse a besoin pour oser le pas... »
« Même quand nous dormons nous veillons l’un sur l’autre
Et cet amour plus lourd que le fruit mûr d’un lac
Sans rire et sans pleurer dure depuis toujours
Un jour après un jour une nuit après nous »
Circé et autres poèmes de jeunesse, Margaret Atwood

« Margaret Atwood, poète ? L'idée pourrait presque faire sourire, tant l'image de l'écrivaine s'est construite autour du roman et de ses prolongements au succès planétaire que sont les adaptations télévisées de Captive et de La Servante écarlate.
Mais les faits sont là : c'est par la poésie que Margaret Atwood est entrée en littérature au début des années 1960. Et elle n'a jamais cessé d'écrire de la poésie. De se référer à la poésie. D'habiter le monde en poète.
Circé et autres poèmes de jeunesse rassemble dix années de création poétique. Dix années d'éclosion, qui précèdent et accompagnent l'émergence de l'oeuvre romanesque. Dans le cycle de Circé sur lequel s'achèvent ces poèmes de jeunesse, Margaret Atwwod s'attache à la magicienne qu'Ulysse rencontre lors de son Odyssée, s'intéresse à la manière dont les femmes survivent dans les structures qui les déshumanisent. Et rêve pour elles d'un avenir meilleur. »
Bruno Doucey
« Voici un recueil de la poétesse canadienne Margaret Atwood qui saute au visage de celui qui le lit. Par ses mots, elle se saisit du parcours de Circé. Mais à sa manière : la Circé qui se dévoile ici nous semble inconnue. »
Loup Besmond de Senneville, La Croix
Poèmes dispersés, Jack Kerouac
« Cette jolie ville blanche
De l’autre côté du pays
Ne me sera plus
Disponible
J’ai vu le firmament bouger
Ai dit « C’est la fin »
Parce que j’étais fatigué
De tous ces présages
Et dès que vous aurez besoin
de moi
Appelez
Je serai à l’autre
bout
Attendant
contre le mur final »
Extrait de « San Francisco Blues »
Même si l’auteur de Sur la route n’est pas toujours célébré pour sa poésie, à l’inverse de son complice Allen Ginsberg, celle-ci représente une part essentielle de son œuvre.
Pendant de son écriture romanesque, la poésie de Kerouac met en avant les aspects les plus caractéristiques de son écriture : là, plus encore peut-être que partout ailleurs, il cherche à se libérer de tous les carcans, faisant confiance à la spontanéité de sa plume, multipliant les libres associations, les mots-valise, les onomatopées, la recherche du rythme et de la sonorité pure… tout en créant de superbes métaphores.
Il ne m'est Paris que d'Elsa, Louis Aragon

Des proses éblouissantes du Paysan de Paris à La Semaine sainte, des Beaux Quartiers à En étrange pays dans mon pays lui-même, Louis Aragon n’a cessé de célébrer une cité que ses amis surréalistes prenaient pour le décor de leurs rêves, un « Paris qui n’est Paris qu’arrachant ses pavés ». Il intègre ainsi la famille de tous ceux qui ont chanté la ville lumière et décide de sa filiation en donnant à relire, comme en surimpression, les tableaux parisiens de Baudelaire, les poèmes d’Apollinaire, le Paris de Francis Carco et de Robert Desnos. Mais Paris est également le théâtre où se joue l’histoire d’un amour écrit aux portes de la légende : celui que Louis voue à Elsa, rencontrée en 1928. Le poète ne se contente pas de célébrer les endroits que le couple fréquentait – à travers Elsa, il retrouve l’empreinte affective que le temps a laissée sur les murs de la capitale. Et lorsqu’Aragon écrit : « Arrachez-moi le cœur vous y verrez Paris », nous comprenons, bien sûr : « Il ne m’est Paris que d’Elsa ».
« Qui n’a pas vu le jour se lever sur la Seine
Ignore ce que c’est que ce déchirement
Quand prise sur le fait la nuit qui se dément
Se défend se défait les yeux rouges obscène
Et Notre-Dame sort des eaux comme un aimant »
(« Le paysan de Paris chante »)
Tu as oublié mon coeur en partant, Léa Jeunesse
Le livre pour tous les coeurs qui ont aimé une première fois.
La rupture amoureuse en cent textes poétiques illustrés avec délicatesse par Maxime Lombard.
« Je pense à toi lorsque la nuit tombe doucement,
quand je regarde les centaines d’étoiles scintiller
dans l’obscurité en me demandant si tu m’as oubliée.
Je pense toujours à toi en marchant dans certaines rues,
comme si tu ne les avais jamais vraiment quittées,
comme tu n’as pas quitté mon coeur. »
L'immaculée conception, André Breton & Paul Eluard

La légende raconte que c’est afin de « tuer le temps » que Breton et Éluard se lancèrent, en août 1930, dans l’écriture de ce recueil intitulé, avec un sens aigu de la provocation, L’Immaculée Conception. « La connaissance parfaite que nous avions l’un de l’autre nous a facilité le travail, diront-ils plus tard. Mais elle nous incita surtout à l’organiser de telle façon qu’il s’en dégageât une philosophie poétique. » Dans ce recueil en prose, se trouve ainsi réunies les deux tendances qu’incarnent Breton et Eluard au sein même du mouvement surréaliste – le premier, ardent défenseur de l’écriture automatique la plus baroque, le second, plus incliné à une certaine transparence poétique, une évidence qui désarme le lecteur. Ici, leur volonté commune est affichée : à travers une parole radicalement nouvelle, ils entendent partir en quête de la Vérité même, le désir mystérieux qui sous-tend toute existence humaine. À noter trois pages mémorables en guise de Kama-Sutra littéraire et « Le Jugement originel », renouant avec la forme proverbiale chère aux deux auteurs, qui incite à bannir toute tiédeur dans la vie comme dans l’art.
La Diane française, Louis Aragon

« La rose et le réséda », « Il n’y a pas d’amour heureux », « Ballade de celui qui chanta dans les supplices », les poèmes ici rassemblés ne sont pas seulement devenus des classiques incontournables de la poésie française du XXe siècle, ils sont aussi le chant des années les plus sombres de notre histoire. C’est d’un pays prisonnier que la voix d’Aragon sonne la diane, roulement de tambour destiné à réveiller la patrie endormie. Le poète parle comme Charles d’Orléans, comme Hugo, comme Péguy. Son chant est celui d’une France éternelle, blessée. Plein de colère et d’amour, de tendresse et de révolte, il s’élève au cœur de Brocéliande et par-delà les quais de la Seine pour apporter aux hommes l’espérance de la victoire. Cette édition rassemble deux recueils, La Diane française et En étrange pays dans mon pays lui-même, qui furent d’abord publiés séparément par Pierre Seghers.
« Trouver des mots à l’échelle du vent
Trouver des mots qui pratiquent des brèches
Dans le sommeil comme au soleil levant
Des mots qui soient à nos soifs une eau fraîche »
(« Je ne connais pas cet homme »)
Erotiques, E.E. Cummings
Tout au long de sa vie, Edward Estlin Cummings a composé des poèmes et des dessins érotiques avec une liberté de ton remarquable pour son temps. Pour lui, la crudité des corps et de la jouissance se présente au cœur même de l’aventure poétique.
« si je frôle dit-il
(ça m’affole dit-elle
juste une fois dit-il)
ma foi dit-elle
(si je touche dit-il
c’est louche dit-elle
pas qu’un peu dit-il)
donc on peut dit-elle
(allons viens dit-il
pas trop loin dit-elle
loin c’est où dit-il
là-dessous dit-elle) »
No Thanks, 16
Dans la tête des poètes, Jean-Joseph Julaud
« Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
Jeter l’ancre un seul jour ? »
Ces vers vous rappellent probablement de doux souvenirs d’adolescence. Mais connaissez-vous leur histoire, les raisons mystérieuses qui ont conduit Lamartine à les composer un jour d’août 1817, alors qu’il attend Julie au bord du lac du Bourget ?
Suivez Jean-Joseph Julaud dans la tête des plus grands poètes, à la découverte d’histoires insensées, empreintes de bonheurs, de drames, de déceptions, et qui donneront un goût tout nouveau à ces vers familiers.