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Par 404 éditions, publié le 22/06/2023

Big Under, l'interview qui va te secouer !

Big Under est un comics qui redonne à la ville de Paris son aura de mystère et de fantastique dans un environnement contemporain. Son univers singulier et immersif intrigue beaucoup. C'est pourquoi, nous avons posé toutes nos questions à l'auteur de ce comics : Virgile Iscan.

Attention : Interview renversante !

 

  • Pouvez-vous nous présenter le livre en une phrase ?

Paris, Adèle Blanc-Sec, Ghostbusters et Stranger Things sont dans un bateau. Les trois derniers tombent à l’eau. Qui reste-t-il ?

 

  • Quel a été le point de départ pour cette histoire ?

À la base, un scénario de film qui voulait insuffler du H.P. Lovecraft dans la mythologie parisienne par le biais des catacombes en mettant en scène l’Inspection Générale des Carrières (qui existe réellement). Quinze ans plus tard, le filtre Stranger Things est passé par là pour en faire un scénario de jeu de rôle pour un groupe d’adolescents. Puis quelques années plus tard encore, le scénario est devenu celui de Big Under.

 

  • Avez-vous un personnage que vous avez préféré écrire ?

Sonia, sans hésiter. Et je pense que ça se ressent. Elle a horripilé certains lecteurs, mais c’était volontaire. C’est un personnage agaçant, mais son effronterie la rend attachante. Elle m’agaçait moi-même à certains moments, quand je l’écrivais, mais c’est sa nature. On m’a pas mal reproché son langage peu châtié et trop ancré dans « l’air du temps », quitte à le rendre déjà obsolète. C’était un désir aussi. Le « langage des jeunes » va très vite, plus vite que le temps qu’il faut pour sortir une BD. On peut tenter d’y échapper en évitant ce qui peut être perçu comme un piège, mais je préfère me vautrer un peu là-dedans quitte à le pousser plus que le naturel pour le rendre un peu satirique.

C’est dommage de ne pas refléter l’air du temps dans les dialogues, même si l’air du temps a déjà deux, trois ans de retard, car ça signe une époque, aussi éphémère eut-elle été. J’avais vraiment en tête des bandes dessinées de Tramber et Jano parues aux Humanoïdes Associées dans les années 80 - qui sur-utilisaient l’argot de leur époque jusqu’à en faire un ressort comique - quand j’ai fait parler Sonia et même si ça n’a pas plu à tout le monde, je retrouve une parenté, et ça me plaît bien. Elle est elle même un patchwork d’un tas de héroïnes et de héros de diverses époques, mais si je devais en choisir une, ce serait Punky Brewster.

Je vois Sonia comme une Punky Brewster parisienne d’aujourd’hui. Il y a évidemment une part de fantasme dans son écriture, mais j’ai tout fait pour m’éloigner au maximum de mes projections pour tenter d’en faire un personnage d’aujourd’hui réaliste. Après je suis attaché aux quatre ados, mais j’ai pas mal d’atomes crochus avec Dez - un diminutif inventé de Déborah juste parce que je voulais qu’elle s’appelle Dez comme l’un des chanteurs du groupe Black Flag. C’est elle qui est le plus issue de la culture punk, hardcore et alternative. Elle porte en elle l’histoire des gangs de rue parisiens des années 80 et c’est la plus politisée des quatre. L'histoire aurait été bien différente si elle avait été le leader de la bande.

 

  • Avez-vous eu l’occasion de visiter les catacombes de Paris pour documenter votre travail ?

J’ai eu l’occasion de les visiter deux fois, oui. La première, dans les années 90, avec des cataphiles. Je me suis alors rendu compte que j’étais claustrophobe. J’ai vécu l’une des expériences les plus angoissantes de ma vie. Je ne retournerai plus jamais dans les catacombes parallèles haha. J’ai attendu la réouverture post-Covid des catacombes officielles pour les visiter. C’était nécessaire et ça faisait des années que je voulais le faire. Mais comme beaucoup de Parisiens qui ne sont jamais montés sur la Tour Eiffel, j’ai pris mon temps. À ce moment-là, les touristes n’étaient pas encore revenus dans la capitale, et on était une dizaine de visiteurs. C’était assez magique. D’ailleurs, anecdote amusante : en sortant de cette visite, j’ai croisé une personne qui ressemblait en tout point à l’idée que je me faisais de Dez. Je l’ai prise en photo pour l’envoyer à Alex. Elle se reconnaîtra peut-être.

En revanche, une chose que je n’ai pas faite et que j’aurais vraiment voulu pouvoir faire, c’est aller interroger les gens de l’inspection générale des carrières. Je ne l’avais pas fait quand j’avais écrit la première mouture du scénario il y a 20 ans car je ne me sentais pas la légitimité de le faire. Aujourd’hui, je l’aurais eu, mais Big Under a été écrit début 2020, et le temps que la crise du COVID se tasse, la BD était déjà lancée, il était trop tard pour le faire. Dommage. Je ne pense pas que j’aurais changé le scénario pour autant, mais l’IGC telle qu’elle apparaît dans le bouquin est une pure projection fantasmatique. J’aurais bien aimé qu’elle soit un peu accrochée dans le réel en y ajoutant quelques détails tiré du travail des équipes de l’IGC. Il faudra s’en contenter pour le moment. Mais j’aimerais bien que la BD leur passe entre les mains, histoire qu’ils se moquent copieusement de la manière dont je les ai représentés, car la réalité doit être beaucoup moins romantique que ce que je montre, je pense.

 

  • Vous êtes-vous inspiré de bâtiments ou monuments français pour illustrer votre travail ?

Plus précisément que « français », il fallait que la bande dessinée ait une identité parisienne très marquée. J’aurais voulu que toutes les cases reflètent un vrai coin de Paris. Qu’on soit à Paris en lisant Big Under comme quand on est à Paris en lisant certains albums de Tardi. En ça, certains détails m’ont un peu froissé comme un panneau stop qu’Alex - le dessinateur - a dessiné. Or, il n’y a pas de STOP à Paris - techniquement il y en a un, mais positionné à un endroit très précis et anecdotique. Du coup, on sortait de Paris en en faisant figurer un comme ça. Mais j’ai mis de l’eau dans mon vin, et j’ai compris que ce Paris pouvait être aussi « un peu » fantasmé haha. Mais on retrouve tout de même une rue de Montmartre, des toits bien parisiens, le Trocadéro et le Jardins des Plantes. J’aurais aimé faire figurer plein de petits détails que j’aime beaucoup à Paris, une église par-ci, une mystérieuse porte perchée entre la gare de l’est et la gare du nord… mais ce sera peut-être dans le deuxième volume !

 

  • Qu’aimerez-vous dire à vos lectrices et lecteurs pour les convaincre de découvrir Big Under ?

Je suis très mauvais vendeur et pas forceur pour un sous. Je ne cherche à convaincre personne. En revanche, si la couverture vous parle. Si vous aimez bien le résumé de la quatrième de couverture, alors n’hésitez pas acheter l’album (mais pas sur Amazon) ou vous le faire offrir. Et volez-le si nécessaire (mais seulement chez Amazon). Auquel cas, je ne peux qu’espérer que vous ne serez pas déçu. C’est un bel album pour commencer - les dessins d’Alex et les couleurs de Fabiana relèvent clairement le niveau de mon écriture et c’est déjà ça ! Et pour ce qui est de l’écriture, justement, j’espère que cette bande de potes vous parlera, vous amusera, vous agacera… bref, vous fera ressentir des trucs et vous donnera envie de foutre un coup dans la fourmilière. La bande dessinée s’adresse à des adolescents. Je n’ai manifesté aucun désir de les rendre acceptables aux yeux d’un public plus âgé. Pour ces lecteurs-ci, il y a quelques pages pour lesquelles j’ai beaucoup pensé au réalisateur Michael Mann et sa manière de coller des couples en crise au coeur de films qui racontent totalement autre chose. Mais pour tout le reste, je vais être très ostracisant : tous les retours m’intéressent, mais ceux des jeunes lecteurs seront, à mon sens, les plus pertinents. Si un jeune lecteur me dit que Sonia est une caricature grossière d’adolescente, j’estimerai que j’ai raté un truc. Si ça vient d'un vieux gars de 57 ans, je le prendrais moins à coeur.

 

  • Avez-vous un message pour finir cette interview ?

Je pense que Big Under dit, ou dira, pas mal de trucs derrière ses gros mots, ses « swastikrats » et son Paris qui s’effondre. Un effondrement, ce n’est pas forcément triste. Ça peut être nécessaire. Ça peut être tragique. Mais ça peut être aussi être salutaire. Je pense que le monde court à sa perte et qu’on va tous crever, mais c’est aussi pour ça que je pense que même si ça doit être douloureux, ça doit être extrêmement stimulant d’être adolescent aujourd’hui, parce qu’en aidant à faire s’effondrer le vieux modèle, il est possible de penser et construire le nouveau. Ce sera dur, ce sera lent, la vieille garde fera tout pour leur mettre des bâtons dans les roues, mais si ce n’est pas cette génération, ce sera la prochaine, ou la suivante, mais un jour, cette vieille garde tombera pour de bon, et ce jour-là, le monde redeviendra enfin à nouveau respirable, comme Hyrule dans le dernier Zelda. Peut-être qu’au final, c’est tout ce que raconte Big Under.

 

Big Under
Paris, hiver 1774.
La terre tremble. Rue d’Enfer, c’est un pâté de maisons entier qui s’affaisse pour laisser place à un cratère géant. Contraint par l’état catastrophique des galeries et des carrières souterraines, Louis XVI fonde l’Inspection Générale des Carrières.
 
Paris, printemps 2021.
Sophie, fille de Pierre-Guillaume Alain-Serré, directeur actuel de l’Inspection Générale des Carrière, a disparu. Sa seule amie, Sonia, remarque son absence du lycée. Elle décide alors de convoquer trois autres ami.e.s : Dez, Berry et Kim pour tenter d’élucider ce mystère dont les catacombes parisienne semblent être le point de départ. Simultanément, Antoine part avec trois collègues étudier les éboulements survenus dans les galeries souterraines, à des emplacements historiques bien particuliers.


Ces deux groupes vont plonger au cœur du bassin parisien qui pourrait s’avérer être bien plus qu’un simple bassin géologique.
 
Big Under redonne à la ville de Paris son aura de mystère et de fantastique dans un environnement contemporain. Ce récit revendique sa filiation avec les séries françaises des années soixante tels Belphegor ou Les compagnons de Baal, tout autant que les récits adolescents des années quatre-vingt de John Hughes comme The Breakfast Club.
 
Puisant chez Lovecraft l’indicible horreur poisseuse en sommeil dans les catacombes de Paris, l'aspect horrifique est contrebalancé par le dessin lumineux d’Alex Nieto (Locust, Beyond) et les couleurs de Fabiana Mascolo (Yasmeen, Firefly, Seven Secret). Virgile Iscan signe avec Big Under sa première bande dessinée.

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