Initialement programmée avant la crise sanitaire, l’exposition Folklore a pris ses quartiers au Centre Pompidou-Metz. Tableaux, sculptures, objets, ou encore costumes racontent comment les artistes ont trouvé – et trouvent encore – l’inspiration dans les traditions populaires. Un catalogue aussi beau que fouillé accompagne l’exposition.
Conçue par le Mucem de Marseille et le Centre Pompidou-Metz, l’exposition Folklore retrace les liens qui unissent l’art à la culture populaire. Car on le sait peu, mais les rites, les coutumes, les danses, les proverbes et les dialectes nourrissent depuis des décennies l’imaginaire des artistes. De Paul Sérusier, qui posa son sac à Pont-Aven à la fin du XIXe siècle, et mit en scène dans ses peintures une Bretagne mystérieuse, proche du mystique, à Vassilly Kandinsky et Gabriele Münter dont la collection d’objets et d’icônes d’arts populaires fait écho à leurs propres œuvres, le folklore est une source d’inspiration inépuisable. Flirtant parfois avec le surnaturel et le merveilleux, cet univers est donc en apparence à l’opposé de l’art moderne et contemporain. Pourtant, il est "un vivier de formes et un répertoire inépuisable de motifs et de techniques", comme le rappelle l’introduction de l’exposition.
Interrogé sur France Culture, Jean-Marie Gallais, responsable du pôle programmation du Centre Pompidou-Metz, rappelle aussi que si les traditions populaires fascinent artistes et amateurs, c’est parce qu’elles ont quelque chose d’insaisissable :
"Le folklore n'est pas définissable. Depuis la création du mot, on a essayé de le définir et personne n'y est parvenu. (...) Parce que c'est une chose de l'ordre du vivant, quelque chose qui évolue. Ce qu'on peut lui trouver comme dénominateur commun c'est évidemment un mode de vie, un mode de pensée qui se différencie d'une culture dominante, quelque chose qui échappe à tout apprentissage scolaire, qui serait plutôt transmis de génération en génération, qui serait de l'ordre du collectif, de l'ordre de l'immatériel, quelque chose qui ne s'incarne pas nécessairement dans un objet. Les objets ne sont que des traces des témoins de ce mode de vie et de ce mode de pensée."
Paul Sérusier, Le Pardon de Notre-Dame-des-Portes à Châteauneuf-du-Faou, vers 1894
Un catalogue à l’image de son exposition : foisonnant
L’exposition se déploie dans six salles et met à l’honneur tableaux, dessins, photos, costumes et autres trésors venus des quatre coins du monde. Un superbe catalogue réalisé en coédition par La Découverte, le Mucem et le Centre Pompidou-Metz, accompagne l’événement. Riche de 200 pages, fouillé et précis, l’ouvrage - dirigé par Jean-Marie Gallais et Marie-Charlotte Calafat, responsable du secteur histoire du Mucem - vaut aussi pour son iconographie, décidément captivante.
Rendez-vous au Centre Pompidou-Metz jusqu’au 4 octobre 2020 pour découvrir l’exposition Folklore. Elle se déplacera ensuite au Mucem à Marseille, du 4 novembre 2020 au 21 février 2021.