Le Booktok permet aux jeunes de se réintéresser à la lecture

Avec Booktok, les clubs de lecture, tombés en désuétude, reprennent vie. Et ce sont justement les réseaux sociaux qui ont inventé cette nouvelle manière d’échanger ses émotions de lecture en instaurant un bouche à oreille viral ! C’est ce qui est arrivé au Chant d’Achille de Madeline Miller chez Pocket ou encore à Et ils meurent tous les deux à la fin d’Adam Silvera chez Robert Laffont, deux romans sortis quelques années auparavant, plutôt discrètement avec environ 8000 exemplaires vendus, et qui, peu à peu, sont devenus des best-sellers, dépassant la barre des 100 000 exemplaires ! Et tout cela sans même que les maisons d’éditions ne comprennent d’abord pourquoi ces deux titres se hissaient soudain dans les meilleures ventes ! C’est en voyant les chiffres grossir chaque jour davantage qu’il a fallu se rendre à l’évidence : Booktok en était la cause et avait une réelle influence sur les lecteurs. 

Mais qu’est-ce donc que Booktok ? Tout simplement une sous-communauté de la célèbre application chinoise de partage d’informations, Tiktok, centrée sur la littérature. De petites vidéos, généralement très courtes, parfois amusantes, permettent aux passionnés d’alerter leur communauté sur leurs derniers coups de cœur. Peu à peu, Booktok est devenu un phénomène avec ses 115 milliards de vues dans le monde ! Et la grande différence avec les critiques d’un journal classique ou d’un supplément littéraire, c’est la manière dont ces jeunes expriment leurs émotions après la lecture d’un ouvrage, n’hésitant pas, de temps à autre, à verser quelques larmes sur le sort de leur héros ou héroïne favorite. Peu à peu, un lien se noue entre ces lecteurs. Les booktokers, comme on les appelle, peuvent alors faire le succès d’un livre, des plus récents aux plus anciens.

Cela n’a pas échappé aux éditeurs qui ont décidé eux aussi d’utiliser cette manière de faire connaître leurs ouvrages au plus grand nombre. Editis s’est lancé depuis 2021 dans cette aventure en créant un Booktok dédié à sa production avec un parti pris : mettre en avant les polars. Avec l’aide d’une community manager, les maisons d’éditions du groupe peaufinent des vidéos, le plus souvent drôles et originales, pour annoncer la sortie du nouveau titre de Michel Bussi, par exemple, ou du dernier thriller d’Olivier Bal. Elles mettent le plus souvent en scène des jeunes femmes « lookées » qui jouent avec humour des petits sketchs présentant les dernières parutions. 

Le jeune public (et parfois les moins jeunes) a ainsi accès à un univers qui pouvait jusqu’ici leur sembler rébarbatif. Une simple mode, disent les méchantes langues. Elles oublient seulement qu’une nouvelle génération est en train de naître : des lecteurs avides d’histoires qui, jusqu’alors n’avaient pas envie, pas l’idée, d’ouvrir un livre. Un phénomène inespéré, pas une tendance éphémère. De quoi réjouir éditeurs, auteurs et libraires.