Entrez dans la danse : Le livre de Jean Teulé

Une BD géniale sur un phénomène fascinant ! J'ai adorer les touches d'humour et les dialogues savoureux. Le dessin est pas déplaisant non plu. Je tourne la dernière page plus que jamais intrigué par cette "manie dansante" qui n'a toujours pas d'explication scientifique établi aujourd'hui.

Ce qui est certain, c'est que cet auteur ne pouvait laisser indifférent! Ou on l'adorait ou on le détestait.... Dans ce roman inspiré d'un fait réel, ce récit jubilatoire, grinçant, horrifique m'a littéralement scotchée! Et Que dire de ces quelques paroles d'une chanson sortie en 1985 et prononcées par un gars en 1518? Que dire de certaines expressions qui n'étaient sûrement pas usitées à cette époque... Oui, j'adore cette folie, cet irrespect, cette truculence! Pour moi, Jean Teulé avait le talent rare de mêler l'horreur, le malheur, la misère avec un humour très très particulier!

Jean Teulé reprend et détourne avec humour un fait divers français : un village entier touché par la famine se met à danser frénétiquement sans pouvoir s'arrêter ! Une étrange épidémie a eu lieu dernièrement Et s’est répandue dans le peuple, De telle sorte que, dans leur folie, Beaucoup se mirent à danser Et ne cessèrent jour et nuit, Sans interruption, Jusqu’à tomber inconscients Beaucoup en sont morts. Chronique alsacienne - 1518

En 1519, à Strasbourg, le peuple se met subitement à danser et cela, sans s'arrêter... Grand nombre d'entre vous connaissent cet épisode historique, mais c'est avec Jean Teulé qu'on va plonger dans les coulisses de cet épisode de l'Histoire. Pour immerger au maximum le lecteur, Jean Teulé va mettre en scène des personnages historiques dans des lieux historiques dans une atmosphère que la famine, la misère et les rumeurs d'invasion ne font que de la rendre davantage tendue, étouffante. Pour davantage de réalisme, il va même employer à certains moments un dialecte allemand qui est le dialecte alsacien du XVIème siècle. Ce roman va aussi être l'occasion de peindre le portrait satirique, presque dégradant de l'ordre ecclésiastique de ce XVIème siècle. On y apprend, grosso modo, que l'Eglise prive le peuple de nourriture, le fait chanter et l'appauvri encore plus qu'il ne l'est déjà, et on apprend tout cela de la bouche du maire et de Guillaume de Honstein, l'évêque. Un roman assez court, ludique et gorgé d'humour que je ne peux que vous recommander !