Les Assassins de l'aube : Le livre de Michel Bussi

Je connaissais Michel Bussi pour son roman Nymphéas noirs qui a été un coup de coeur pour moi, mais quand j'ai vu que son dernier roman se situait en Guadeloupe je me suis dit aïe... alerte rouge. C'est parce que je suis antillaise, Martiniquaise pour être précise, et j'avais peur de me retrouver devant une collection de clichés de touriste, en mode téléfilm des années 80. C'est un peu comme quand on regarde un film américain en VO et que tout à coup débarque un personnage supposément français mais qu'on comprend dès qu'il ouvre la bouche, que c'est en fait un américain qui fait un mauvais accent français avec en plus des fautes et au final on ne comprend même pas ce qu'il dit, et ça vous sort du film direct. Là j'avoue ça m'a fait un peu pareil (mais pas tant que ça, j'ai vu pire). Page 23 j'étais déjà en train de soupirer. Et maintenant je vais lister toutes les choses qui m'ont sortie de la Guadeloupe pour me ramener vers un écrivain Normand qui écrit à 8000 km d'ici. Tout d'abord c'est le choix du terme "Créole" pour désigner des Guadeloupéens. Je peux imaginer le dilemme. le mot "black" c'est désuet, ça fait années 90. Étant donné que plus de 90% de la population des Antilles est composée d'Afro-descendants, on pourrait se dire qu'il n'est même pas utile de préciser, mais le public de Michel Bussi n'étant pas majoritairement constitué d'antillais, peut-être qu'ils peuvent se faire une représentation mentale faussée. Je ne sais pas mais en tout cas personne aux Antilles ne désigne ses semblables comme des "Créoles". Ce terme évoque pour moi une appellation du 18e siècle (je dis ça au hasard) utilisée dans l'Hexagone pour désigner des gens "exotiques" revenus "des îles", et qui pouvaient d'ailleurs être des colons. le mot m'a mise mal à l'aise, à chaque fois que je l'ai lu. Certains éléments m'ont amusée comme la scène où Jolène mange plusieurs pomme-cannelles au petit-dejeuner. C'est physiquement impossible: 1 seule pomme-cannelle suffit à blinder un estomac. Ou encore le rhum arrangé: pourquoi ? c'est une spécialité Réunionnaise qui n'est pas particulièrement répandue aux Antilles. On a le rhum blanc, le rhum vieux, le rhum ambré, le rhum canne bleue, le ti-punch, le planteur, punch coco, pina colada, mojito, Caïpirinha etc, mais rhum arrangé ... bof. Le mot "lolo" a une autre signification aux Antilles. Je vous renvoie vers une chanson de Francky Vincent intitulé "le lolo" et vous comprendrez pourquoi on n'utilise pas spécialement ce terme pour parler de boutique, mdr. Les gilets jaunes ? S'il y avait vraiment un tueur qui dépose ses victimes sur des lieux de commémoration de l'esclavage, ce n'est certainement pas vers les gilets jaunes que les Guadeloupéens se seraient tournés, il y a suffisamment de syndicats, d'association et de politiciens indépendantistes Guadeloupéens. D'autres éléments m'ont un peu plus fait tiquer, comme par exemple Amiel le Guadeloupéen qui n'aime pas son île et qui déplore la prétendue "absence de saisons". Ça c'est une vision de quelqu'un qui n'a jamais vécu sous les Tropiques. Des antillais qui n'aiment pas la chaleur il y en a plein, mais aucun qui dirait qu'il n'y a pas de saisons ici. Côté recherches historiques je trouve que l'auteur a fait du bon travail, j'ai même appris des choses et c'est appréciable. Par contre, une chose m'a un peu chagrinée: l'idée selon laquelle Napoléon a rétabli l'esclavage en Guadeloupe pour faire plaisir à sa femme Josephine, la béké, c'est une croyance populaire, qui a été démentie par les historiens. Napoléon a pris cette décision tout seul comme un grand, pour des enjeux variés, économiques bien-sûr mais aussi géopolitiques. Et je m'arrête là pour les points négatifs, en vérité, j'ai trouvé aussi une multitude de petits détails authentiques qui m'ont fait plaisir. Et puis l'histoire en elle-même était haletante, bien rythmée, un vrai page turner, du suspense et un beau plot twist à la fin. [masquer] C'était une excellente idée de nous faire penser à des crimes liés à l'esclavage. En vérité ça soulève une question: à quoi les gens s'attendent quand on parle des Antilles et des antillais au-delà des cocotiers ? C'est un peu toujours la même chose, à tel point que si on est un écrivain descendant d'esclave, on peut se sentir obligé d'aborder des thématiques comme le racisme etc, même si on n'en a pas envie, parce que c'est tellement ce que les gens attendent et qu'on peut même le ressentir comme un devoir... J'ai trouvé ça brillant comme principe pour ce plot twist. [/masquer] Si jamais Michel Bussi avait besoin d'une beta lectrice antillaise, je suis là, lol. Sinon, j'ai passé un excellent moment de lecture. Je me suis attachée aux personnages et en fin de compte j'ai beaucoup aimé ce roman.

En Guadeloupe, le commandant VALÉRIC KANCEL et ses deux adjoints (AMIEL et JOLENE) enquêtent sur la mort de touristes, assassinés au harpon de plongée, à l’aube du jour. À chaque meurtre, ÉVARISTE (étrange vieillard aux sombres prédictions) a des visions de l’emplacement des cadavres : des lieux tristement marqués par l’esclavage. De retour sur son île d’origine, affrontant les souvenirs douloureux de sa jeunesse, VALÉRIC s’implique totalement dans la recherche du ou des coupables. Mon avis : BIEN. Un bon polar dépaysant sur l’île paradisiaque de Guadeloupe où flottent les vers du poète Aimé Césaire (voisin martiniquais). [ Dans Au Soleil Redouté (2020), BUSSI nous emmenait aux Marquises, avec Jacques Brel. ] Une intrigue bien ficelée, baignée dans la culture antillaise, cousue de fausses pistes et suspects potentiels, remplie d’indices et de suspense. Un roman policier bien construit et très agréable à lire. (comme souvent avec Michel BUSSI).

Michel Bussi est un de mes auteurs préférés, et c'est toujours avec une joie immense que je me plonge dans un de ses nouveaux romans. Tout commence avec le meurtre de Jacob Santamaria, magnat de l'immobilier, harponné en pleine baignade. L'enquête est confiée à Valéric Kancel, policier revenu depuis peu en Guadeloupe. Michel Bussi a ce don de me faire voyager immédiatement, de planter le décor des lieux comme personne : ici la Guadeloupe qu'il nous fait voir à la fois comme endroit paradisiaque sans nous cacher les difficultés sociales et le passé tumultueux de ce département d'outre-mer. J'ai adoré me balader d'un bout à l'autre de l'île, en apprendre toujours plus sur l'histoire de l'esclavage sur cette île et ailleurs, échafauder de nombreuses hypothèses et me tromper complètement ! C'est un bon imbroglio à la Bubu comme je les aime, et j'ai passé un excellent moment !

Très bon roman, personnages attachants,lieu de l’intrigue bien choisi, final surprenant : Michel Bussi nous prouve une nouvelle fois son talent pour nous emmener vers de fausses pistes, nous convaincre d’une probable conclusion et finalement nous tenir en haleine jusqu’aux dernières pages.