Au Bonheur des Dames : Le livre de Émile Zola
Alors que le Second Empire invente les grands magasins, Octave Mouret, jeune provincial ambitieux, dirige son enseigne du Bonheur des Dames comme un " temple élevé à la folie dépensière de la mode ". Le commerce moderne vient de naître, dans l'élan démocratique des classes moyennes, avec sa frénésie publicitaire, sa loi du progrès, de la concurrence et du profit immédiat.
Mouret règne en maître sur son empire de la soie et du ruban, machine à exciter les désirs des femmes, ruinant au passage les petits boutiquiers. Seule Denise Baudu, une jeune vendeuse venue de sa campagne, ose lui résister. Mais ni le séducteur chevronné ni la naïve employée ne comprennent qu'ils sont tombés amoureux l'un de l'autre...
Préface de : Claude Aziza, Robert Sctrick
De (auteur) : Émile Zola
Expérience de lecture
Avis Babelio
CSBlitaussi
• Il y a 3 semaines
Dans le cadre de mon défi personnel de lire davantage des « classiques », et sur recommandation d’une amie, j’ai lu Au Bonheur des Dames. Ce n’était pas une lecture facile pour moi parce qu'à mon goût il y a trop de descriptions. J’avoue d’avoir lu certaines pages en diagonal. Au Bonheur des Dames est donc l’onzième opus du cycle des Rougon-Macquart. Zola aborde dans ce roman le sujet du commerce moderne qui est en train de changer la mentalité des petits commerces parisiens. Il s’est inspiré du grand magasin le Bon Marché. Octave Mouret y règne et fait en sorte que tout ce qu’une femme désire, il le vend, et ce au détriment des petits commerces dans le quartier. Octave Mouret aime les femmes. Après la mort de leur père, Denise et ses deux jeunes frères arrivent à Paris afin de trouver de l’aide auprès de leur oncle, un petit commerçant en tissus. Denise pensait pouvoir travailler dans le magasin de son oncle, mais depuis l’arrivée du grand magasin Au Bonheur des Dames, les affaires ne sont plus tellement rentables. Son oncle ne peut pas l’embaucher. Heureusement et à son plus grand plaisir, Denise trouve une place de vendeuse dans ce grand magasin. Ses collègues se moquent d’elle, de sa timidité, mais par sa manière simple et sa gentillesse la jeune Denise attire l'attention d'Octave Mouret, le propriétaire du magasin. Ce qui rend jalouse plus qu'une. Quelque part Denise est une jeune femme très moderne pour son époque, elle tient à garder son indépendance et ose s’affirmer même si cela provoque son licenciement. Lorsque Octave Mouret réengage Denise dans son grand magasin, une histoire d’amour nait entre eux. Une histoire d’amour une peu niaise, mais placée dans son contexte, ça passe. J’ai trouvé la fin aussi un peu cucul la praline, mais sachant dans quelle période l’histoire était écrite, on accepte aussi. Malgré certaines longueurs j’ai passé un moment de lecture avec Denise, Octave et toutes les personnes secondaires. Challenge ABC Challenge Multidéfis Challenge Pavés Challenge Cœur d’Artichaut
Symetra
• Il y a 3 semaines
Un excellent roman, plus optimiste (dans une certaine mesure) que d'autres Rougon-Macquart. Zola nous plonge dans le Paris de la seconde moitié du XIXe siècle et décrit avec une grande acuité et une abondance de détails l'avènement des Grands Magasins. Ils révolutionnent les façons de consommer et phagocytent progressivement la totalité de la clientèle des commerces spécialisés. Les craintes des commerces traditionnels, les agrandissements démesurés des Grands Magasins, la situation très précaire des vendeuses et vendeurs, la cohabitation du luxe et de la misère... Tout ces aspects sont traités par Zola, à travers le récit d'événements dont certains sont inspirés de faits réels, suite à ses recherches fouillées auprès du Bon Marché et autres enseignes. In fine, ce roman reste très sombre mais la décrépitude des personnages n'est pas totale contrairement à d'autres Rougon-Macquart. J'ai particulièrement apprécié l'évolution de Denise et de Mouret ; ainsi que les échanges entre Mouret et Vallagnosc, l'un convaincu du néant de l'existence et noyé de pessimisme, l'autre dans une fuite en avant incessante.
JustAWord
• Il y a 1 mois
Chef de file du courant naturaliste qui repose sur une description minutieuse et quasi-scientifique du réel, Émile Zola est l’un de ces géants de la littérature française qu’on ne présente plus. Son œuvre majeure, la saga des Rougon-Macquart, composée de vingt romans écrit sur un peu plus de vingt ans, est certainement l’une des pierres angulaires de la littérature moderne. Au sein de cette suite romanesque, certains ouvrages ont acquis un statut particulier comme Nana, Germinal, L’Assommoir ou encore Au Bonheur des Dames. C’est à ce dernier roman, onzième opus de la saga, que nous allons nous intéresser aujourd’hui, récemment réédité dans la magnifique collection Classiques des éditions Points. C’est avec cette prose riche, généreuse et d’une précision redoutable que nous entraîne dès les premières pages Émile Zola, s’intéressant cette fois à un évènement tout particulier du XVIIIème siècle : l’avènement des grands magasins parisiens. Comme il le fera avec Germinal deux ans plus tard, Zola s’immerge complètement dans ce milieu très particulier et passe un temps considérable à étudier des mastodontes bien réels de l’époque comme Le Bon Marché ou La Place Clichy. Il en tire son propre géant qu’il baptise Au Bonheur des Dames, géré par Octave Mouret, celui-là même qui occupait les pages de Pot-Bouille, son roman précédent, et installe l’atmosphère si particulière de ces années 1860 sous le Second Empire. Point de Mouret dans un premier temps mais l’arrivée à Paris d’une jeune femme, Denise Baudu, Normande et orpheline, responsable depuis plus d’un an de ses deux frères : Pépé, cinq ans et Jean, seize ans. Elle répond sur le tard à la proposition de son oncle, Mr Baudu, qui l’a invité un an plus tôt à le rejoindre pour venir travailler dans son propre magasin, le Vieil Elbeuf. Denise découvre pourtant une situation qui a beaucoup évolué depuis et qui la force à reconsidérer ses plans. Le Vieil Elbeuf, comme tous les commerces alentour, vit désormais dans l’ombre d’un grand magasin qui semble grossir à vue d’œil, le fameux Au Bonheur des Dames dont le tout Paris cause depuis des mois. Émile Zola installe ainsi une double atmosphère à partir de là : d’un côté, un roman crépusculaire où l’on sent le petit commerçant fébrile devant l’arrivée du prédateur, où l’ancien monde, celui de la boutique à taille humaine, est en train de sombrer, de l’autre, un roman lumineux, comme une nouvelle Aube, celui d’un changement de paradigme total, avec la naissance de l’ancêtre des grandes surfaces. On sent, dès les premières pages, que la guerre est déjà perdue d’avance. Pourtant, Denise devra par la force des choses aller travailler en face, à ce Bonheur des Dames qui fascine autant qu’il effraie. L’occasion rêvée pour rentrer dans le ventre de la Bête. En bon naturaliste, Zola va alors décrire avec une précision incroyable ce grand magasin qui ressemble davantage à une ville en miniature qu’à un commerce tel qu’on le connaît. Denise y loge et y mange, elle règle sa vie et ses loisirs sur son emploi du temps de vendeuse, va apprendre les codes d’un monde complètement différent, un monde nouveau et, souvent, cruel. Au Bonheur des Dames est le symbole du Capitalisme triomphant, dans tout ce qu’il a de merveilleux et de tragique. Le lecteur se perd avec les personnages dans ce dédale de rayons, de produits, de commis, de recettes et de grandes dames. On virevolte à travers les comptoirs, on essaye le linge avec les clientes, on vit véritablement au rythme de la révolution en marche. Une révolution qui laisse des traces. Et avant de parler évidemment de ces petits commerces qu’il écrase littéralement, Émile Zola veut nous faire voir l’envers du décor en accompagnant Denise, la petite nouvelle. Victime des autres vendeuses comme du rythme effréné, elle témoigne de cet univers qui ne laisse pas la place à l’erreur, où la compétition se fait par l’aiguillon de la commission, où la cliente est reine et où l’on passe à la caisse pour un rien. L’aventure devient éprouvante, usante. On se fatigue avec Denise, on pleure avec elle, on désespère même. En face, Mouret, le directeur, autre personnage principal du Bonheur des Dames, apparaît d’abord comme distant, froid, calculateur, l’image parfaite du patron. Zola dissèque son génie de la vente, sa joie de la manipulation des femmes, son ambition dévorante qui semble abattre tous les obstacles. Mouret est à l’image de son magasin : attirant et repoussant, fascinant et tétanisant. Ce qui impressionne après tant d’années, c’est l’acuité des propos tenus par Zola, c’est sa perspicacité devant le rouage de la vente, devant la capitalisme qui n’en finit pas de grossir et de triompher. Pendant longtemps, il décrit chaque journée à l’intérieur du Bonheur des Dames comme une bataille, emploie un lexique de guerre, compte les morts et attribue les soldes. La vente devient ici un acte de bravoure pour le vendeur comme pour le client, qui pénètre dans une foule impressionnante et qui menace à tout moment de l’engloutir. On se bat à chaque étage, à chaque étape. Et l’on en ressort souvent lessivé, si ce n’est pas blessé. La qualité initiale du récit repose ainsi sur ce tempo impitoyable où Zola saute de personnage en personnage, dévale les étages et saisit les enjeux avec une fluidité qui émerveille. Encore une fois, l’impression est celle d’une lutte. Malheureusement, Denise n’est pas (encore) armée pour ce monde là, elle n’est pas taillée pour la lutte, elle qui vient de la province, pour l’enfer carnassier qui règne à l’intérieur de ce mastodonte qui semble ne jamais s’apaiser. En repartant auprès des petits commerces, Émile Zola regarde le Bonheur des Dames avec un œil extérieur, il transpose une lutte non plus interne entre les commis et les vendeuses mais externe entre ces boutiques qui luttent désormais littéralement pour leur vie. C’est là tout le drame de cette révolution, une révolution inévitable, qui profite au public mais qui en fera une proie alors même qu’il applaudit. Denise symbolise ce passage de flambeau qu’on ne peut éviter, et cela malgré toute la tendresse que l’on peut avoir pour la combattivité de ces gens qui se font marcher dessus. Les Vanpouille, les Baudu, Bourras ou encore Robineau, tous y passeront, et cela quelque soit leur domaine d’expertise et leur entêtement. Car l’une des spécificités de ces grands magasins, c’est leur démesure qui ne connaît aucune barrière. Qui commence par le linge et va jusqu’au meuble et aux parapluies. Pour peu, ils vendront un jour des pommes de terres et des soupes. On retrouve la prescience dont on parlait plus haut et qui rend le roman complètement fascinant à suivre. Ce n’est cependant pas tout, puisque Zola, non content de visiter les différents milieux, de figurer le peuple du plus riche au plus pauvre, se prend d’envie de nous montrer une histoire d’amour qui incarne la vengeance de celles qui sont les premières victimes des grands magasins : les femmes ! En revenant au sein du Bonheur des Dames, Denise a murît. Elle a compris qu’elle ne peut faire de cadeaux ni en recevoir. Elle devient une dame, une vendeuse. Et elle attire l’attention d’un Mouret qui s’était juré de ne jamais retomber dans les bras d’une femme. Mouret, l’homme dans toute sa splendeur, qui profite de la gente féminine et qui en fait son fond de commerce, qui livre une guerre à coup de Paris-Bonheur et de ristournes. Il piège la femme et s’enorgueillit de son succès toujours croissant. Mais l’argent n’est plus rien quand il tombe devant un amour qui lui résiste. Denise ne sera pas une maîtresse de plus, n’ira pas au champ de bataille sans arme et sans charme. C’est sa gentillesse autant que sa détermination qui font d’elle un être à part pour Mouret, aussi têtu que Bourras mais qui, finalement, ne peut résister à ce qui fait le cœur des grandes sagas familiales : le mariage et l’amour. Tout du long, le mariage, les relations, les tromperies et les déceptions vont rythmer le récit et décider de la chute des uns et des autres, comme si l’argent n’expliquait pas tout et qu’il existait toujours d’autres faiblesses. Zola regarde tout ça avec un œil acéré et lucide, il saisit la romance comme on saisit une éprouvette pour en faire une expérience scientifique, avec ses codes, ses règles et ses résultats parfois inattendus. La revanche des femmes, torturées par le crédit, prises en piège de la bonne affaire, suppliciées par la nouveauté, se trouve dans le cœur d’une seule et, au fond, donne une autre intemporalité à ce Bonheur des Dames, celui de l’Amour qui résiste au commérage et au profit. Témoin du Capitalisme naissant, Au Bonheur des Dames sublime son propos par la beauté vertigineuse de sa prose mais aussi par la capacité d’Émile Zola à saisir les enjeux humains de ce crépuscule du petit commerce. Roman visionnaire qui annonce déjà les siècles à suivre, indispensable et magnifique. Une sacrée bonne affaire en somme, n’hésitez plus !
lacerisaie
• Il y a 1 mois
J'avais lu au lycée, après Germinal, ce onzième tome des Rougon-Maquart et, sous le charme, je m'étais promis de le relire un jour. Je ne me suis jamais séparée de ce livre. Beaucoup d'années ont passées mais je viens de tenir ma promesse et j'ai bien fait! J'ai adoré retrouver ce temple de la consommation, ce bruissement permanent d'étoffes bigarrées si bien nommées, si finement décrites. Le foisonnement des matières et des couleurs qui nous donne un peu le vertige. Une vraie caverne d'Ali Baba à l'architecture avant-gardiste toute d'acier et de verre. Ces grandes vitrines qui attirent le badaud, ces arches d'entrée qui aspirent les passantes. Cette ruche incessante où l'on se frôle, se croise, se bouscule soumise aux multiples tentations, envouté par cette abondance. Une description tellement riche et précise qu'elle avait marqué mon imaginaire et gravé dans ma mémoire des souvenirs de profusion, de douceur, de musicalité du toucher et des mouvements. Souvenir aussi de cette sensualité des matières et des envies de ces consommatrices avides. Dans mes souvenirs il y avait bien sûr Mouret. Cet homme d'affaire impitoyable à l'immense fortune. Ce capitaliste charismatique et visionnaire amoureux d'une de ses vendeuses, la jeune Denise. Une jeune femme orpheline indépendante et persévérante s'occupant avec soin et amour de ses deux frères. Une personne droite, intègre au caractère affirmé et aux principes rigoureux. Deux êtres si différents qui s'attirent et se respectent. Une histoire d'amour romantique en diable. Un couple d'anthologie. Ce qui m'avait échappé, par jeunesse, par paresse ou par légereté c'est l'aspect historico social de ce roman. Car au bonheur des dames est un roman qui dénonce cette nouvelle forme de commerce qui détruit le paysage parisien. Mouret est un précurseur qui balaie le petit commerce pour ses ambitions et sa réussite personnelle. Aucune pitié, pas d'état d'âme. Il met en place un système fait de mises en scène, de promotions, de publicité encore à l'oeuvre aujourd'hui. Il crée le besoin et entourloupe toutes les classes sociales. Il crée une boulimie de désirs, de besoins sans cesse renouvelés. Il exploite aussi son personnel heureux d'avoir un emploi, de partager un peu de ce luxe à portée de main. Heureux de pouvoir gagner un pourboire, une prime, un échelon, un poste plus prestigieux en écrasant son voisin. Il nous décrit à merveille ce monde du travail, avec ses relations amicales et amoureuses, ses rivalités et ses solidarités. Des hommes et des femmes exploités mais plein d'humanité. Un roman qui résonne avec ma jeunesse mais aussi et surtout avec notre époque de surconsommation, de mode à bas prix, de capitalisme assumé et décomplexé. Un grand texte très critique sur ces méthodes mais plein de compassion pour ces travailleurs et leurs dures conditions de vie.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Classiques et Littérature , Littérature Classique
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- EAN
- 9782823875294
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- Collection ou Série
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- Format
- Livre numérique
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- DRM
- Adobe DRM
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