Germinal : Le livre de Émile Zola

Très grand roman. La mine comme si on y était... Emile Zola a l'art de rendre vivant ses personnages comme peu de romanciers. Ils sont tous inoubliables, jusqu'à ce malheureux cheval condamné à ne plus voir la lumière... L'exploitation de l'homme par l'homme : on y est... Et cette chose très émouvante : les moments de joie (enviés par les notables) qui existent toujours même dans les pires situations.

Germinal est peut-être le roman le plus connu de la saga des Rougon-Macquart après L'Assommoir dont il est une suite. Loin des tumultes des spéculateurs, avec le fils de Gervaise : Étienne Lantier, Zola part dans les revers de la révolution industrielle, les bas-fonds des mines du Nord, où les ouvriers forcés de vivre dans la misère sont soumis aux aléas du marché. Grand ethnographe, Zola comme dans L'Assommoir part pour décrire les réalités dans ce qu'elles ont de plus cru et de plus violent dans l'âme et le corps. Lantier, tel un héros romantique, rêve de mourir dans une grande bataille et convainc ses camarades de se lancer dans une grève générale face au délabrement de leurs conditions de vie déjà précaires. Dans son travail de description, Zola propose un roman-univers où il va faire côtoyer ses personnages dans cette grande danse macabre : patrons, peuple ouvrier. Pour ces derniers, Zola se force à décrire toute la complexité de ces derniers, que ce soit les rivalités amoureuses avec Catherine et Chaval, les tentations du vice avec Jeanlin ou dans leur animalité. le capitalisme ne détruit pas seulement le corps, mais l'esprit. le peuple est condamné par la misère aux bassesses entre violence et trahison. le lecteur sera compatissant vis-à-vis de ces malheureux dont le combat n'est plus que légitime. Tandis que pour la bourgeoisie, il est bien moins tendre. Tout comme Pot-Bouille, c'est cochon et compagnie. Cette élite grande défenseuse de la morale face à la dégénérescence des peuples va avoir un respect approximatif pour cette dernière. Pendant que le peuple crève de faim, il mange de la brioche, on peut parfois leur donner des vêtements mais pas d'argent, ça serait trop. Pendant que les ouvriers se reproduisent comme des lapins, l'infidélité est là pour les autres. Zola traite la dégénérescence de la race maudite des Macquart avec un grand final meurtrier, mais c'est avant tout la dégénérescence d'une société qui étouffe, la preuve de ses limites dans un grand massacre rappelant les bacchantes. Cependant, Zola — à la différence de Tolstoï — a de grandes difficultés à gérer l'ensemble de sa troupe. Ce n'est pas moins d'une cinquantaine de personnages que Zola fait vivre. Certaines intrigues sont traitées de façon trop superficielles ou trop lourde comme les filles Hennebeau, le mariage de Cécile et Grégoire ou l'intrigue avec Paul Négrel.

Si nous avons bien des chefs-d'œuvre qui nous appartient à nous, français, Germinal en fait partie. Tant son écriture qui est incroyable et l'idée qui veut être transmise, génération après génération, et lorsque à notre époque, un homme à le bonheur d'ouvrir celui-ci, on se rend compte que les inégalités non pas changer et la société, en plus de 100 ans, n'a pas évolué.

Je voulais lire un Zola, mais j'avais beaucoup d'appréhension : la peur de trouver cela ennuyeux et de ne pas réussir à terminer le livre. J'ai décidé de commencer avec Germinal. Peut-être aurais-je dû commencer par La Fortune des Rougon ? Il y a parfois trop (beaucoup trop, même) de descriptions, ce qui ralenti l’action. Je voulais absolument terminer ce livre , pour me motiver j’en ai acheter un nouveau (plus moderne et sûrement plus facile à lire). Si on met de côté ces passages lents, le roman se lit plutôt bien. La misère, la lutte pour la survie et contre la bourgeoisie y sont très bien décrites: on visualise facilement les scènes. Cela me conforte dans l’idée de m’attaquer de temps en temps à des « classique » notamment d’autres Zola.