Ce que tu as fait de moi : Le livre de Karine Giebel

Lecture addictive et éprouvante ! Si j'avais jeté un oeil aux étiquettes sur Babelio, je n'aurais certainement pas choisi ce titre pour ma première rencontre avec Karine Giebel : violences, viol, .. J'ai complètement pioché au hasard et, pour une fois, le résumé ne dévoilait rien. Alors, n'en dévoilons pas trop non plus... Laetitia va enfin accomplir son rêve : entrer dans la police. Pour son stage de fin d'études, elle choisit les stups. C'est une jeune femme fière et un peu impressionnée, qui arrive donc dans la brigade. A l'issue de ses six mois de stage, au sein du service, elle sera titularisée. Elle est aux anges, mais va vite déchanter... Sur la forme, rien à redire. L'autrice a un réel talent, pour nous tenir en haleine. On passe par toutes les émotions possibles, et surtout, on ne lâche pas le bouquin. Sur le fond, je serais plus nuancée. Les premiers chapitres m'ont mise très mal à l'aise. On souffre littéralement avec l'héroïne et on espère que ce cauchemar va s'arrêter. Oui, mais l'autrice choisit une voie singulière. Il serait question d'amour ? Vraiment ? J'y avais plutôt vu du harcèlement qui se solde par des viols. L'issue et la conclusion du roman, notamment le prologue, sont révoltantes. C'est un choix dérangeant, car il laisse planer le fait que la véritable passion serait forcément violente, destructrice. Tout ceci me gène énormément. L'autrice a peut-être réussi son pari : nous mettre totalement à la place de son héroïne. Et de ce point de vue, ça serait totalement réussi. Lecture très éprouvante donc, entre fascination et aversion, sentiments en total osmose avec l'héroïne de cette histoire violente, toxique et malsaine. Je retenterai un autre titre de l'autrice. Auteur sponsor du Challenge mauvais Genre

Ce livre se fonde tout du long sur un interrogatoire entre deux agents de police : le commandant Richard Ménainville et le lieutenant Laëtitia Graminsky. Tout commence dès l’arrivée de Laëtitia au commissariat. Le commandant a de suite été attiré par cette jeune femme (notons que les deux sont mariés) sauf que cette simple attirance s’est transformée en réelle obsession. Une obsession malsaine, dévorante, violente, maladive, détruisant tout sur son passage et notamment Laëtitia. Elle a tout subi, se sentant obligée si elle voulait garder son poste. Quelle horreur…. Le résumé évoque une passion mais selon moi, ce terme est trop positif pour décrire leur relation. Par amour, aussi intense soit-il, on n’écrase pas ainsi une personne, on ne devient pas aussi fou quand on nous a dit NON. Et pourtant, le commandant a décidé d’utiliser tous les moyens possibles et inimaginables pour faire plier son lieutenant. A t’il réussi ? Je vous laisse découvrir le récit de leurs interrogatoires pour le découvrir. Pour conclure, ça a été une lecture moyenne, j’ai trouvé cela tellement malsain que j’ai parfois eu du mal… mais je voulais tout de même connaître le fin mot de l’histoire.

« Racontez-moi ce qui s’est passé ce soir. » Deux salles d’interrogatoire. Dans l’une, le Commandant Richard Ménainville ; dans l’autre, le lieutenant Laëtitia Graminsky. Chacun va raconter l’histoire qui les a conduits à devenir des suspects en garde à vue : un amour passionnel destructeur. Le roman se passe essentiellement dans ces deux salles et on a en alternance la version de chacun. Tout au long de cet interrogatoire qui débute dès les premières pages, j’ai souvent changé de camp. J’ai pris parti tantôt pour Richard, tantôt pour Laëtitia. Mais chacun avait ses torts. J’ai été captivée par plus de cinq cents pages de cette atmosphère étouffante en ressentant aussi de l’empathie pour eux. On comprend très vite, hélas, que l’histoire va très mal se terminer et j’ai attendu avec anxiété le dénouement implacable. Un thriller haute tension que je n’oublierai pas !

Avec ses plus de 500 pages, ce roman est une véritable épreuve émotionnelle : impossible de le lâcher tant la tension monte. Karine Giebel, vous êtes cruelle avec vos lecteurs ! Je refuse toutefois d’y voir une histoire d’amour passion. C’est avant tout le récit glaçant d’un homme puissant qui s’acharne sur une très jeune femme isolée, jusqu’à en faire son obsession. Derrière une façade irréprochable, il se révèle cruel, égoïste, bestial, guidé par ses pulsions plutôt que par l’amour. Parler de passion charnelle revient à masquer une réalité plus brutale : il s’agit de viols, édulcorés par la drogue. Laetitia est une victime qui tente de survivre à son bourreau. Addictif, oppressant, ce roman me rappelle la colère suscitée par Lolita de Nabokov : même emprise, même manipulation maquillée en passion. La fin, amère, montre une fois de plus combien le sort des femmes dans un univers dominé par les hommes reste cruel et inégal. Un roman haletant, mais aussi une dénonciation en creux d’un monde profondément patriarcal où les femmes sont broyées.