Les Choses : Le livre de Georges Perec
Sylvie et Jérôme, tout juste sortis de leurs études de sociologie, entrent dans la vie active en travaillant comme enquêteurs pour des agences d'opinion. Ils cherchent un bonheur aux apparences simples : un logement confortable, de beaux meubles, des vêtements élégants, des après-midi au café et des soirées au cinéma. Mais la différence entre ce qu'on nous donne à rêver et la réalité de notre vie, mesquine et rétrécie, est cruelle. De leur minuscule appartement encombré, aux Puces où ils chinent, jusqu'en Tunisie où ils espèrent se réinventer, Jérôme et Sylvie se cherchent sans fin dans les reflets des objets qui les entourent. Que faire face au vertige des choses ?
Paru en 1965 chez Julliard et récompensé par le prix Renaudot,
Les Choses s'est imposé comme un classique de la littérature contemporaine. En mettant l'analyse sociologique au service de la fiction, Georges Perec y inaugure une forme littéraire à la drôlerie mordante et à la singulière perspicacité, jamais démentie, sur notre société de consommation.
De (auteur) : Georges Perec
Expérience de lecture
Avis Babelio
luis1952
• Il y a 2 semaines
Très bon petit roman : écrit dans les années soixantes . le temps où on avait pas de télé encore, pas de gsm non-plus ni d'internet, ni des sandales entre-orteils comme j'aime en porter. A Paris vit un jeune couple la vingtaine passée, Jérôme et Sylvie, dans un petit trois pièces, minuscule, confort sommaire. Ils travaillent tous deux, ont des désirs comme tout le monde, y arrivent à peine, et sont attirés par les richesses, les devantures de magasins exposants de beaux vêtements, des jolies chaussures. On peut rêver et c'est ce qu'ils font après leur travail, c'est la société de cette époque, j'ai aimé rêver aussi comme le jeune couple, mais j'ai moi, mes sandales entre-orteils pour montrer mes pieds nus à tous, comme sur ma photo profil.
les_aventures_livresques
• Il y a 4 semaines
Perec est un de ces auteurs dont on entend parler en fac de lettres, mais qu’on ne lit jamais. C’est dit. Durant toute ma scolarité, j’ai entendu son nom à de très – trop – nombreuses reprises, par des professeurs du XXe siècle, d’Histoire littéraire, et j’en passe, et tout le monde finit par en parler comme d’une commune mesure, comme d’un qu’on déjà lu des centaines de fois, sans que, pourtant, nous le lisions pour autant (il n’est pas seul, Proust en fait également partie). Et son nom ne m’est jamais apparu dans un autre contexte que celui de mes études. C’est significatif. L’auteur est légèrement tombé dans l’oubli (ou bien est-ce un mot trop fatal, peut-être puis-je dire qu’il est seulement moins lu qu’autrefois) et j’ai voulu combler une lacune qui, depuis des années, m’apparaissait comme entourée d’un halo cerné. L’ouvrage de Georges Perec était vraiment très intéressant. Il m’a beaucoup plu, mais non tant pour ce qu’il racontait que pour la façon dont il le faisait. En effet, l’auteur joue dans ce livre d’un regard sociocritique poussé vers ses personnages comme excuse pour, en réalité, exercer un portrait caractéristique, presque nosologique, d’une classe entière de la population. Les deux personnages principaux, Jérôme et Sylvie, deux jeunes psychosociologues (qui peuvent également enseigner), ne sont personnages que parce que leur nom n’apparait qu’au troisième chapitre, et c’est par ce même procédé que Perec leur substitue leur caractère de personnage : ils ne sont nommés que tardivement, et peu, ils perdent alors leur identité et deviennent tout le monde, ils sont l’image d’une catégorie de gens. Jérôme et Sylvie sont deux personnes (car ils ne sont plus personnages, mais un reflet) qui sont absolument obsédés, je dirais même oppressés, par leur condition sociale, économique, sociétale, politique, si bien que cette condition conditionne (le terme est bien choisi) parfaitement leur vie. Ils ne songent à rien d’autre que l’image, ce qui renvoie l’image d’un style bon-chic-bon-genre qu’ils adorent se donner, ou plutôt qu’ils adorent montrer. Pour donner quelques exemples, ils tiennent à posséder des choses qui ont une connotation très forte, lorsqu’on les acquiert ; ils songent très souvent à un type de canapé très précis, lorsqu’ils voyagent il ne reviennent sans rien qui ne renvoie pas cette image de richesse, ils adorent Paris sans réellement l’aimer (plutôt pour l’image qu’elle renvoie, cette image d’excellence, cette image très suprémaciste, très vaine mais aussi et malheureusement très réelle), et l’image la plus parlante de leur déficience vaniteuse est celle où, dans un chapitre, lorsque le couple se déplace dans une ferme – expérience-même du prolétariat et de la pauvreté paysanne – ils jouissent d’un fantasme de la domination et de la puissance. Les deux personnages de ce roman-portrait, de cette étude romanesque, sont absolument hypocrites et m’ont dégouté tout au long du livre aussi court soit-il. C’est cependant quelque ouvrage qui mérite sa lecture car, bien que son sous-titre soit « Une histoire des années soixante », le livre fait serrer les dents de par son actualité encore aujourd’hui. Il n’a pas pris ne serait-ce qu’une seule ride, et les personnes comme Jérôme et Sylvie font partie de notre quotidien à tous, je suis même persuadé que vous qui lisez ces mots vous en connaissez. C’est un brillant roman, une étude plate et insipide, très dédaigneuse des personnes qui vivent pleinement dans cette société de consommation, qui la nourrissent ; philosophie marxiste dans son plus pur jus, le livre – qui est par ailleurs doublement brillant par le fait qu’il s’agisse d’un très bon premier roman de son auteur – montre avec une justesse terrible, froide, sans affect, et dégoût que l’or de la vie peut être à la portée de chacun, mais encore faut-il se donner le moyen de l’apprécier. Le premier roman de Georges Perec est un ouvrage très conceptuel, l’auteur n’aura pas démérité sa place dans le canon des études de lettres grâce à ce texte-ci, l’un de ses plus connus, sur un couple de personnages qui forment, à eux deux, un portrait diabolique et grinçant de la classe moyenne qui ne vit que pour paraître, ces gens qui n’ont pas d’argent mais qui veulent paraître en avoir. {17}
Lune
• Il y a 2 mois
Prix Renaudot 1965. Ce roman aborde les balbutiements de la société de consommation des années 60 (après la guerre d’Algérie). Un homme, une femme, prétextes pour décrire un milieu tenté par les sirènes de la consommation. Des désirs inassouvis, des leurres liés à l’argent dont certains deviennent l’esclave, tout un monde sur fond social et politique de l’époque nous est décrit. Vivre mais à quel prix? Effondrement devant les « choses » proposées par la publicité, la comparaison, l’envie… et l’argent, toujours l’argent… Tout est détaillé, déconstruit, énuméré, tenu à distance, aucune émotion vis-à-vis de ces êtres qui surnagent étouffés par ce qui les entoure et semble être l’unique sens donné à leur vie. Ce qui est prenant, c’est la forme donnée par Georges Perec. Les temps conjugués et différents se succèdent, les énumérations précises ont le regard d’un sociologue, l’analyse se fait critique sans l’air d’y toucher, les prémices de notre société s’y trouvent décrits. Une lucidité un peu froide énumère ces êtres qui ont perdu leur regard personnel pour se fondre dans un méli-mêlo de consommation sans sens ni avenir. 70 ans que ce livre fut écrit, un livre riche qui amène une réflexion loin d’être d’un autre temps.
simrc13
• Il y a 2 mois
Première lecture en septembre 2023. Deuxième lecture qui prend fin ce jour. Imaginez une pièce de théâtre avec au premier acte, une scène bondée d’objets entre lesquels les personnages se faufilent habilement. Au fur et à mesure, il les remarque, ces objets et ils commencent à les gêner. Au second acte, les objets ont disparus et plonge les personnages dans un flou dans lequel il est impossible de voir, même avec les meilleures corrections ophtalmologiques. Enfin, les objets reviennent petit à petit, puis ils recommencent à se faufiler entre eux. Par moment ils arrivent à s’en échapper mais ils y reviendront pour sûr. Cette critique de l’abondance montre que si on se noie dans la possession matérielle, on finira par se déposséder nous-mêmes, c’est tout du moins, ce que j’ai compris.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Français
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- EAN
- 9782260056195
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- Collection ou Série
- Collection permanente
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 176
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- Dimensions
- 208 x 144 mm
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18,00 € Grand format 176 pages