Les grandes nacres : Le livre de Catherine Baldisserri
Sur une île méditerranéenne écrasée de soleil et hérissée de montagnes, Efisia est devenue, comme son aïeule, gardienne des grandes nacres, les précieux coquillages fichés dans les profondeurs cristallines. Depuis qu'elle a prêté serment, elle entonne la prière à la mer et plonge inlassablement pour récolter leurs longs filaments qu'on appelle byssus. Puis elle file, tisse et façonne la soie marine, auréolée de mythes.
Rosalia a toujours vu Efisia, sa grand-mère, laver, teinter, sécher et faire danser le byssus entre ses doigts. Dans son atelier, elle a appris les gestes et les légendes. Mais comment continuer de protéger les grandes nacres quand la folie des hommes menace ?
De (auteur) : Catherine Baldisserri
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Avis Babelio
ManouB
• Il y a 2 semaines
Efisia a prêté serment à la mort de Pittifatta, sa grand-mère. Depuis qu'elle est femmina, et qu'elle a été initiée, elle est devenue comme son aïeule, gardienne des Grandes Nacres, ces bivalves vivant dans les fonds sableux au cœur des herbiers de Posidonie. Elle plonge inlassablement dans la profondeur de la mer méditerranée, en pleine nuit, pour ramener à la surface le long byssus de ces magnifiques coquillages. Puis, une fois revenue à terre, sur son île baignée de soleil, elle lave, teint, tisse ces précieux filaments de soie marine pour en faire de magnifiques vêtements, des châles ou des gants, ou simplement broder de jolis motifs sur des tissus. Elle les offrira ensuite à qui les voudra car "ils appartiennent à l'humanité" donc à tous et, il ne faut jamais gagner de l'argent aux dépends de la mer, sous peine de voir disparaître à jamais ces fils de soie précieux. Mais plonger pour récolter le fameux byssus, c'est aussi une contrainte même si elle n'est pas ressentie comme telle, la femme doit y consacrer sa vie et ne jamais quitter son île. Tout le processus de la récolte au tissage est entouré d'un secret qui se transmet uniquement par les femmes et ne doit pas être souillé. La jeune fille initiée devra être pubère, elle pourra alors, en dehors de ses règles, plonger dans les eaux transparentes, après avoir prononcé la prière secrète. C'est tout un rite et des gestes ancestraux qu'il faut apprendre par cœur. Pittifatta qui s'était mariée avec Vittorio avait déjà consacré sa vie à cette récolte. Ils ont eu trois fils dont le père d'Efisia. Efisia devenue veuve très jeune, espérait transmettre son secret à Anna, sa fille, mais celle-ci n'aimait pas la mer, ni l'odeur, ni la vue des filaments. Elle avait même peur de mettre les pieds dans l'atelier et s'opposait au fond d'elle-même à tout ce qui comptait dans la vie de sa mère sur l'île. C'est donc à Rosalia, sa petite-fille qu'elle a élevée après le départ d'Anna pour le continent, qu'Efisia va transmettre le secret des femmina. Mais Rosalia a fait des études, elle se consacre à la préservation des ressources marines, elle veut elle-aussi devenir gardienne des profondeurs, mais elle ne veut pas pour autant renoncer à sa vie actuelle, ni à l'amour : le monde a changé. Il lui faut œuvrer différemment pour protéger son île. Pourra-t-elle continuer à protéger les ressources marines quand les hommes veulent prendre toujours davantage à la terre ? Nous sommes sur une île méditerranéenne qui se situe au large de l'Italie (sans nul doute près de la Sardaigne). Les ancêtres d'Efisia viennent d'une île proche de Tabarka (en Tunisie). L'endroit déjà est auréolé de mystère et nous fait rêver : les eaux cristallines, les montagnes qui entourent l'île, les coquillages qui peuplent les fonds marins et jouent inlassablement leur rôle de filtre, le continent où personne ne va jamais, mais où les jeunes fuient de plus en plus souvent. Les grandes nacres sont des bivalves, Pinna nobilis, les plus gros bivalves de méditerranée. Il y en a sur les côtes françaises et l'espèce est protégée en Europe. Le byssus pour ceux qui ne le savent pas (car j'ai vu beaucoup d'erreurs dans certaines chroniques sur la toile) est le "fil" que les grandes nacres fabriquent pour se fixer au substrat. Une fois le byssus coupé, le bivalve en fabrique un nouveau, mais il ne faut pas le récolter n'importe comment sous peine de blesser le coquillage. Cette soie marine a beaucoup été tissée dans des îles proches de la Sardaigne où actuellement d'ailleurs le byssus d'un autre coquillage plus petit (Atrina pectinata,) est employé en remplacement de celui des grandes nacres qui ont toutes quasiment disparues et sont très protégées. C'est donc une tradition ancestrale, connue depuis l'Antiquité, qui se transmettait "de femmina en femmina" et qui va disparaître. Le roman reprend dans une première partie la vie des ancêtres femmes de la famille puis, dans une seconde partie, s'attache plus particulièrement à Rosalia, la plus jeune. Les personnages féminins sont très attachants, ce sont des femmes fortes et rebelles chacune à leur manière, même Anna qui ne rêve que de s'opposer à sa mère et de vivre sa vie sur le continent en toute liberté et bien loin des traditions imposées. Elles doivent souvent renoncer à l'amour pour tenir leur parole et rester sur l'île pour accomplir leur destin. Ce roman écologique sur le thème de la transmission entre génération et de la protection de la nature et de ses richesses, est très poétique, parfois lent car c'est aussi un hymne à la mer, au rythme féminin, au respect des saisons (c'est en mai et juin qu'il faut récolter le fil de soie). La mer est un personnage à part entière car elle est omniprésente à chaque page. Le ton est tout en délicatesse et douceur. La tendresse entre les femmes est magnifique, le serment et la prière sont des preuves de l'engagement qui les unit car tout se joue autour des femmes, elles sont les "passeuses d'histoire", des traditions et de la protection de leur île. Elles seules peuvent dire la prière, plonger, récolter, filer et tisser ensuite. Les gestes sont transmis de génération en génération accompagnés par les mythes et légendes qui entourent la récolte qui se fait toujours dans le respect du bivalve qu'il ne faut à aucun moment blesser, ni ramener en surface comme le faisait pourtant leurs ancêtres quand à l'époque le bivalve abondait autour de l'île. J'ai beaucoup aimé lire cette ode à la nature marine qui nous démontre, si vous en doutiez, l'urgence de sa préservation.
gerardmuller
• Il y a 5 mois
Les grandes nacres Catherine Baldisserri Alors que sa grand-mère Pittifatta se mourrait, la jeune Efisia prêta serment à sa demande pour poursuivre son œuvre, récolter le byssus des bivalves pour en faire un tissu et respecter la mer et la vie. Pittifatta avait consacré sa vie à la mer dès sa jeunesse et se maria avec Vittorio, un remarquable et beau plongeur, pêcheur et corailleur. Six ans plus tard il y avait trois garçons en la maisonnée et Bastiano, le cadet, se fit remarquer par sa détestation des odeurs de poisson. Plus tard il se maria à Nina, jeune couturière qui ouvrit la première école de tissage de l’île. Vint bientôt au monde la petite Efisia qui donc allait plus tard prêter serment de ne jamais souiller les eaux et d’avoir toujours le geste précis tout en promettant d’aller au grand dolmen où un secret était caché. Efisia le mois de juin venu plongea au-dessus des grandes nacres et cueillit le précieux byssus sans blesser la bivalve. À dix-neuf ans, elle épousa Zingaru, un entrepreneur. Vint au monde la petite Anna alors que Zingaru était parti pour un chantier sur le continent. Et Anna en grandissant déteste toute ce que fait sa mère et entend bien ne pas prendre sa suite. Toute jeune fille, elle fait la connaissance d’un pilote automobile et se marie. Nait bientôt une petite Rosalia dont Anna a vite fait de la confier à Efisia sa mère. Efisia va découvrir que la petite Rosalia a la même passion qu’elle pour la mer et elle va l’initier peu à peu pour la conduire à prêter serment comme elle-même le fit avec Pittifatta, sa grand-mère. Cette première partie en quelque sorte généalogique du roman, terminée, on va suivre la vie de Rosalia qui va devenir elle aussi la gardienne des profondeurs après des études poussées dans le domaine de la mer et de la préservation du biotope. Comme ses aïeules avant elle, elle veut préserver les grandes nacres tout en en prélevant le byssus, mais va devoir faire face à un monde différent, un monde de rudes marchands, et aussi faire face aux enjeux climatiques pour protéger son île. Elle veut créer une aire marine protégée pour les grandes nacres, éduquer les écoliers dès leur plus jeune âge, et inventorier les bivalves, le trésor inaliénable de l’île. Un beau roman écologiste de transmission et de filiation féminines au cœur de la Méditerranée, une ode à la mer et une réflexion sur l’avenir des fonds marins. L’écriture est soignée et précise, restituant bien les paysages, les couleurs et les fragrances sur un rythme très méditerranéen. Une découverte pour moi qui ne connaissais pas l’existence des grandes nacres ni l’usage du byssus.
Mediatheque_de_Lattes
• Il y a 5 mois
Une île, quelque part dans la Méditerranée. Ce pourrait être au large des côtes espagnoles, italiennes ou grecques. En tout cas, c’est une Méditerranée universelle et fantasmée, avec son folklore et ses croyances. L’époque n’est pas vraiment définie non plus. Elle est suffisamment récente pour qu’on y parle de bouleversements climatiques et d’espèces menacées. En l’occurrence, les grandes nacres. Dans cette île non identifiée, les femmes ont un lien particulier avec ces coquillages. Elles plongent pour récolter leur byssus afin de le tisser. Cela commence avec la Pittifatta, charismatique matrone qui impose cet héritage à sa petite-fille Efisia, qui, à son tour, désespère de le transmettre à sa fille Anna et finit par le déposer sur les épaules de sa petite-fille Rosalia, laquelle va finalement le transformer afin de relever les nouveaux défis écologiques. Bref, on l’aura compris, une magnifique histoire de femmes et de mer qui s’inspire d’une pratique authentique. Car oui, le tissage du byssus, la soie marine, n’est pas une invention fabuleuse ! Les Romains le pratiquaient déjà. Son évocation contribue à conférer au livre une atmosphère intemporelle et magique, servie par des personnages féminins inoubliables.
Marine_sistersbooks
• Il y a 10 mois
“Les grandes nacres” de Catherine Baldisserri. L’auteure signe une très belle histoire, sur le savoir-faire traditionnel de filer la soie de mer. À travers ces pages nous découvrons l’art de récolter et traiter le byssus, un filament produit par les grandes nacres. Cette tradition ne se transmet qu’à des femmes nubiles. Nous suivons alors La Pittifatta , Efisia et Rosalia qui se transmettre ce savoir de génération en génération, de mère en fille. Ces dernières doivent porter serment et respecter plusieurs règles, quitte à mettre leurs vie de côté. Mais malheureusement cette pratique est de moins en moins pratiquée et est menacée à cause de l’appauvrissement des fonds marins lié aux activités humaines et au réchauffement climatique. J’ai passé un agréable moment grâce à ce livre. Le premier mois de ce challenge est une vraie réussite. Même si j’ai trouvé que ce roman manquait de détails à certains moments, je vous recommande pour la plume délicate et fluide de Catherine Baldisserri, ainsi que pour les valeurs qu’elle nous transmet. Ce sujet a été une vraie découverte pour moi. Avant ma lecture, je ne connaissais vraiment pas l’existence de la cueillette de la soie de mer, cela a donc été un plaisir de découvrir ce savoir-faire
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Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Français
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- EAN
- 9782260056041
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- Collection ou Série
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 208
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- Dimensions
- 207 x 143 mm
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19,00 € Grand format 208 pages