L'Oeuvre : Le livre de Émile Zola
LES GRANDS TEXTES DU XIXe SIÈCLE
Ce livre sur la peinture, " où ses souvenirs et son cœur ont débordé ", Zola en retarde l'écriture durant vingt ans pour ne pas choquer son ami Cézanne qui se reconnut dans ce portrait impitoyable.
Dans L'Œuvre, il est l'écrivain Pierre Sandoz, qui pose pour son camarade Claude Lantier, artiste maudit poursuivant sa révolution picturale qui annonce les impressionnistes. Un rêve grandiose et lamentable à peine éclairé par une idylle qui sombrera elle aussi. Les tableaux de Claude déchaînent les rires. Il s'obstine pourtant, fou d'absolu, rongé d'incertitudes, damné, courant après un génie introuvable et un gigantesque chef-d'œuvre inachevé.
Préface de : Pierre-Louis Rey
De (auteur) : Émile Zola
Expérience de lecture
Avis Babelio
LaLisiere
• Il y a 5 mois
Publié en 1886, "L’Œuvre" est le quatorzième volume du cycle des Rougon-Macquart. Contrairement à d’autres romans plus ancrés dans les problématiques sociales (comme "L’Assommoir" ou "Germinal"), L’Œuvre explore un territoire plus intime : celui de la création artistique et de ses impasses. Zola y raconte l’histoire tragique de Claude Lantier, peintre inspiré, obsédé par une vision esthétique qu’il n’arrive jamais à concrétiser. Cette œuvre met en scène les tensions entre art, ambition, reconnaissance et dérive mentale. Claude Lantier est un personnage complexe, inspiré de plusieurs peintres contemporains de Zola, notamment Édouard Manet, mais surtout de son ami Paul Cézanne, qui rompra d’ailleurs avec l’auteur après la parution du roman. Lantier incarne l’archétype du génie incompris, qui poursuit une vision artistique absolue, au point d’en perdre tout contact avec le réel. Il cherche à saisir la vie sur la toile, mais chaque tentative se solde par un échec. Son intransigeance et son perfectionnisme l’isolent de ses pairs, de son épouse Christine, et même de son fils. Zola dresse ainsi le portrait d’un homme qui se consume dans sa quête artistique. Ce n’est pas seulement un échec personnel : c’est une interrogation sur les limites de l’art, sur le pouvoir de la représentation, sur la frontière entre création et destruction. À travers les scènes de discussions entre peintres, les salons, les ateliers et les échecs d’exposition, Zola offre une peinture précise, presque documentaire, du milieu artistique parisien à la fin du XIXe siècle. Il met en lumière les rivalités, les jalousies, le rejet des avant-gardes par les institutions, mais aussi les compromissions nécessaires pour survivre dans ce monde. Ce roman s’inscrit également dans le débat entre art académique et art moderne. Claude Lantier, pionnier incompris d’un style nouveau, anticipe les révolutions picturales qui viendront plus tard. Mais Zola, en naturaliste, montre aussi que le génie ne suffit pas : la société, les relations humaines, les conditions matérielles influencent lourdement la trajectoire d’un artiste. Comme dans d’autres romans des Rougon-Macquart, Zola développe ici le thème du déterminisme. Claude est le fils de Gervaise (vue dans "L’Assommoir") et d’Auguste Lantier : il hérite à la fois de l’instabilité familiale et d’un tempérament excessif. L’influence de l’hérédité, chère à la démarche naturaliste, s’ajoute à la pression sociale et à l’isolement psychologique pour expliquer sa chute. Le roman culmine dans une scène finale bouleversante, où Claude, incapable d’achever son grand tableau, se suicide dans son atelier. Ce dénouement tragique illustre la violence de l’échec artistique et le poids de la solitude. "L’Œuvre" est l’un des romans les plus intimes de Zola, et probablement le plus controversé. Il a suscité de vives critiques de la part de ses amis artistes, qui y ont vu une trahison. Pourtant, il ne s’agit pas d’un pamphlet contre la modernité picturale : c’est plutôt une tentative de comprendre la douleur et les contradictions du créateur. À travers Claude, Zola interroge ses propres angoisses d’écrivain et son besoin de reconnaissance. "L’Œuvre" n’est pas le roman le plus accessible de Zola, car il se concentre sur des questions psychologiques, esthétiques et existentielles. Mais il est d’une grande richesse. Il explore avec acuité la figure de l’artiste, la difficulté de créer, et les ravages de l’idéal inaccessible. Il offre un regard lucide sur le monde de l’art et sur la part de folie que peut contenir la quête du beau. C’est une lecture essentielle pour qui s’intéresse à la création artistique, mais aussi un témoignage émouvant sur la fragilité humaine.
Cricri08
• Il y a 6 mois
L'Œuvre, publié en 1886 par Émile Zola, plonge dans les tourments de la création artistique, les sacrifices qu'elle impose, les passions qu’elle suscite. Ce quatorzième tome de la série des Rougon-Macquart nous fait suivre Claude Lantier, un peintre obsédé par l'idée de réaliser un chef-d'œuvre absolu. Inspiré par des figures réelles comme Paul Cézanne, ami de Zola, ou Manet et son Déjeuner sur l’herbe, il symbolise la difficulté de faire accepter une nouvelle vision de l'art dans le cercle très fermé du Salon. Claude, persuadé de son génie, se heurte à l'incompréhension du public et du monde artistique. Entre ambition dévorante et réalité cruelle, il s'enferme peu à peu dans une obsession qui le consume. Christine, sa compagne aimante, tente de le soutenir, mais elle finit par souffrir de cet amour exclusif pour la peinture. Leur relation devient un combat entre passion et destruction. Zola nous offre une immersion fascinante dans le Paris artistique de la fin du XIXe siècle, avec ses débats enflammés entre tradition et modernité. Il décrit avec une grande justesse le rejet des nouveaux courants artistiques et la solitude de l'artiste incompris. Il y ajoute une touche autobiographique avec le personnage de Sandoz, cet aspirant écrivain qui rêve de son roman : « Je vais prendre une famille, et j'en étudierai les membres, un à un, d'où ils viennent, où ils vont, comment ils réagissent les uns sur les autres ; enfin, une humanité en petit, la façon dont l'humanité pousse et se comporte… D'autre part, je mettrai mes bonshommes dans une période historique déterminée, ce qui me donnera le milieu et les circonstances, un morceau d'histoire… Hein ? tu comprends, une série de bouquins, quinze, vingt bouquins, des épisodes qui se tiendront, tout en ayant chacun son cadre à part, une suite de romans à me bâtir une maison pour mes vieux jours, s'ils ne m'écrasent pas ! » Roman intense et bouleversant, L'Œuvre est un texte poignant qui met en lumière l'art et la quête de l'idéal. Les plus : - les descriptions des lieux, dont le vocabulaire renvoie à la peinture, magistrales - le monde artistique de la fin du XIXe siècle Le petit bémol : - la froideur de Claude, un être peu sympathique, qui ne sait exprimer ses sentiments qu’à travers ses toiles
Alya-Dyn
• Il y a 6 mois
L’œuvre est un de mes romans préférés dans la fresque des Rougon-Macquart. Décrire les tourments d'un artiste lors de la création de ses œuvres, il n'y avait que Zola pour réussir cette peinture aussi précise, tragique et belle. L'entourage de Claude, ce sont des artistes dont un écrivain Sandoz qu'on identifie sans problème à Zola. Claude rencontre sa muse Christine et toute son ardeur de jeune peintre va s'épanouir un temps, celui où ils vivent à la campagne. Mais leur enfant né hydrocéphale va faire resurgir les tares familiales. Claude est le fils de Gervaise, ne l'oublions pas. Cet enfant ne survivra pas. De retour à Paris, Claude va se lancer dans son œuvre avec rage, frénésie, obstination. Il va cumuler les échecs et deviendra l'artiste maudit qui n'arrive pas au bout de son œuvre et n'est pas reconnu par ses pairs. Il entraîne Christine dans son malheur. Il aime son œuvre et Christine l'aime lui. Il finit pas ne plus voir ce qui l'entoure et se perdre dans sa peinture. C'est un magnifique roman qui causa pourtant la brouille de Zola avec Cézanne.
Orlit
• Il y a 7 mois
Plus j'avance dans cette "saga", et plus l'univers s'assombrit… Celui-ci est sans conteste l'un des plus durs qu'il m'a été donné de lire, avec en personnage principal Claude, le fils de Gervaise, qui tente sa chance à Paris comme peintre. Si au début tout a l'air de lui sourire, vous vous en doutez, avec Zola une fin heureuse n'est pas envisageable. Mais cette fin, qu'elle est cruelle tout de même !
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Classiques et Littérature , Littérature Classique
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- EAN
- 9782266296014
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- Collection ou Série
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 432
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- Dimensions
- 179 x 109 mm
Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.
5,00 € Poche 432 pages