Sommeil : Le livre de Haruki Murakami, Kat Menschik

Sommeil est une nouvelle envoûtante où Haruki Murakami explore le glissement subtil entre réalité et dérèglement intérieur. Une femme ordinaire cesse soudainement de dormir, sans en ressentir ni fatigue ni inquiétude. À partir de ce point de bascule, le quotidien bascule dans une étrangeté feutrée. Murakami déploie son art du minimalisme onirique : une atmosphère feutrée, une héroïne lucide mais passive, des pensées qui tournent en boucle dans le silence de la nuit. La lecture devient hypnotique, presque somnambulique, rythmée par des détails banals et pourtant chargés de menace sourde. Rien n’est expliqué, tout est suggéré. Le texte, court, laisse derrière lui une sensation d’inachevé volontaire, comme un rêve dont on ne saisit que des fragments au réveil. Sommeil est une expérience littéraire plus qu’un récit : une méditation inquiétante sur l’ennui, la liberté, et l’étrangeté tapie sous la surface du quotidien.

Énigmatique et envoûtant. Ce sont les deux mots qui me viennent pour qualifier cette nouvelle d'Haruki Murakami. Une femme, mère, épouse et femme au foyer dévouée, vit une vie tout ce qu'il y a de plus routinière. Jusqu'à cette insomnie... Une première nuit blanche au cours de laquelle elle redécouvre le plaisir de la lecture avec Anna Karénine. Et étrangement, après cette nuit blanche, elle est en pleine forme : pas sommeil, envie de se dépasser à la piscine, envie de continuer sa lecture, envie de s'adonner à des plaisirs qu'elle s'interdisait jusque là, comme le chocolat. Et puis, la nuit suivante, l'insomnie continue. Ainsi que la nuit d'après. Et celle encore après.... Ni son mari, ni son fils ne semblent remarquer le moindre changement chez elle. Murakami installe en quelques pages une ambiance feutrée comme les nuits de solitude éveillée de cette femme. Et tellement mystérieuse, car cette insomnie semble si peu naturelle... C'est cette ambiance surtout qui m'a embarquée. Cette insomnie, sa cause, sa symbolique : tout est laissé à la libre interprétation du lecteur. L'ambiance est magnifiquement portée par le très beau travail d'illustration de Cat Menschik, tout en noir, blanc et argent sur papier glacé. Une très jolie édition 10-18. Bémol juste sur les deux dernières pages : une fin qui n'achève pas véritablement la nouvelle, sortie de nulle part, incompréhensible, qui n'apporte rien. Comme deux pages d'un autre livre qu'on aurait collées là.

Je suis partagée entre le fait que j’adore Murakami grâce à 1Q84, mais j’avoue que je n’ai pas compris quand chose avec cette nouvelle. Je suis certaine qu’il y a une morale importante qui m’a échappée, mais le talent d’écriture de l’auteur est clairement indéniable !

[masquer]Cette nouvelle évoque l’enfermement d’une femme au foyer dans sa vie quotidienne et la rupture provoquée par son impossibilité à dormir. C’est une nouvelle onirique qui parle de folie d’une femme, la folie liée à la répétition des tâches, à son incapacité/impossibilité à penser par elle même, faire des choses qu’elle aime , sa négation d’elle même durant de nombreuses années provoque une remise en question brutale de sa vie et de ce qu’elle souhaite. Elle résume la vie de nombreuses femmes au foyer qui ont été et qui sont toujours… [/masquer]