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Par le cherche midi éditeur, publié le 12/01/2021

Charlie Roquin : « Si un prétendant au trône parvenait à rassembler autour d'un idéal fort, neuf, il pourrait susciter de l'engouement »

Grand écart pour Charlie Roquin après un premier roman remarqué sur le monde de l’entreprise. Avec Le roi, il imagine la conquête du pouvoir par le descendant de Charles X, aîné de la maison de Bourbon. Un avènement des idées royalistes qui n’est pas si ubuesque et qui prête sérieusement à réfléchir. Rencontre avec un auteur à l’écriture teintée d’humour et aux personnages flamboyants.

Qu’est-ce qui vous fascinait dans l’univers royaliste que vous explorez dans ce second roman ?

Charlie Roquin : Un jour, j’ai demandé à un légitimiste s’il croyait vraiment que le roi allait revenir. Il m’a répondu : « C’est pour demain ». Voilà ce qui me fascine chez les royalistes légitimistes : ce décalage entre leur certitude qu’une restauration est imminente, et l’infime probabilité de ce scénario. Ils sont animés d’une foi qu’aucun sondage ne peut ébranler. Cela m’a inspiré l’idée d’une trame narrative du type Rasta Rocket : on a envie qu’ils gagnent parce qu’ils n’ont aucune chance d’y arriver. Par ailleurs, sans être du domaine de la « fascination », j’ai été surpris de découvrir que les royalistes, aujourd’hui, ne souhaitent nullement rétablir une monarchie autoritaire. Au contraire, ils prônent un régime plus démocratique que ne l’est, à leurs yeux, la Ve République, d’où une intersection importante entre royalistes et gilets jaunes, à laquelle je ne m’attendais pas.

 

Quel a été votre travail de recherche sur cette « niche » de la population française ?

Il existe trois familles de royalistes, dont les légitimistes. Ce sont des catholiques, un peu « vieille France », qui n’ont pas digéré les horreurs de la Révolution et pensent que la République est intrinsèquement corrompue. C’est cette dernière famille qui m’intéressait et sur elle que j’ai le plus investigué, en participant à des événements du très conservateur Institut de la Maison Bourbon, en assistant aux cérémonies de commémoration de la mort de Louis XVI et de Marie-Antoinette, en me joignant à des réunions et en m’abonnant aux publications de l’Alliance royale, le tout petit parti légitimiste. Enfin, j’ai vu des interviews et lu plusieurs essais de Thierry Ardisson, qui est un fervent légitimiste.

 

À ce moment charnière de l’Histoire de la France, le scénario que vous imaginez dans Le roi semble relativement plausible. Avez-vous hésité quant au fait d’écrire un roman, à la place d’une enquête, d’un ouvrage de non-fiction, donc ?

Je me considère romancier à 100% et j’ai choisi ce sujet pour les possibilités romanesques qu’il m’offrait, non pour exprimer des idées. Cela dit, il est vrai que le scenario du Roi me paraît plausible et susceptible de créer un débat dans le contexte politique actuel. Tant mieux !

 

De manière plus générale, quels sont les défis que vous avez rencontrés dans la rédaction de ce second livre ?

Mon écriture est à la frontière du sérieux et de l’humour, du crédible et de l’absurde. C’est une ligne ténue sur laquelle j’ai « marché » d’un bout à l’autre du roman, en tâchant de ne tomber ni d’un côté ni de l’autre. Je souhaitais, par exemple, que mes personnages aient quelque chose de théâtral, sans être caricaturaux. Il s’agissait d’un dosage subtil et difficile : je devais continûment résister à la tentation de céder à telle ou telle facilité.

 

Le personnage de John, qui travaille au service de Louis de Bourbon, est infiniment charismatique. Comment l’avez-vous façonné ?

Pour moi, John est le personnage du roman, celui pour lequel je me suis donné le plus de mal, auquel je me suis le plus attaché. John est en quelque sorte la « fusion » de deux personnes dont je suis proche, qui lui ressemblent sans être royalistes. Il a également subi l’influence plus ou moins consciente de personnages de fiction, en particulier celle de Tyler Durden, interprété par Brad Pitt dans le film Fight Club, qui a marqué mon adolescence. À travers John, j’ai voulu rendre hommage à ce genre de personnalités entières, solaires, qui brûlent la vie par les deux bouts et se fichent totalement de ce que les autres pensent d’elles.

 

Au-delà de sa précision quant aux faits d’histoire et de société, Le roi est un roman très vivant, fourni en péripéties. Quel a été votre travail sur le rythme, l’enchaînement des événements ? Aviez-vous des ouvrages de référence en tête qui ont pu vous servir de guides ?

J’essaye d’écrire des choses que j’aurais plaisir à lire, si je les lisais sans les avoir écrites. Or, quand je lis, je suis sensible aux longues scènes très vivantes, parfois délirantes, comme on en trouve chez Dostoïevski, Balzac, Zola, Thomas Mann, ou dans les films de Tarantino. J’apprécie également les textes qui comportent de l’humour et un bon équilibre entre action, descriptions, émotion… autant d’ingrédients que j’ai voulu mettre dans Le roi. Le rythme et les péripéties me sont venus assez naturellement, à partir de l’histoire que j’avais en tête et pour laquelle j’ai préparé, puis suivi, un plan détaillé. Concernant le rythme, cependant, l’apport de mon éditrice a été particulièrement bénéfique : c’est en supprimant des phrases, des paragraphes, des pages entières que nous l’avons rendu aussi soutenu.

 

Enfin, estimez-vous que l’histoire de Le roi puisse connaître une concrétisation réelle dans les années à venir ?

J’ai le sentiment que la Ve République est un régime en bout de course. Je ne serais pas surpris qu’un de ces jours lui succède une forme démocratique plus locale et participative. Que cette forme soit monarchique, j’en doute, mais rien n’est impossible. Les changements de régime sont toujours soudains et inattendus. Si un prétendant au trône se lançait en politique et parvenait à rassembler les Français autour d’un idéal fort, neuf, il pourrait susciter de l’engouement.

 

Le Roi
Tout commence par un curieux SMS que reçoit le narrateur, pigiste pour le magazine Histoire Mag. Il en rencontre l’expéditeur, John, un homme nerveux travaillant au service de Louis de Bourbon. Selon John, le descendant de Charles X entend restaurer la monarchie en se présentant aux élections présidentielles et cherche une plume pour ses discours.

Bien que peu féru de politique, notre narrateur accepte le poste par curiosité, loin d’imaginer l’aventure dans laquelle il s’embarque.

Louis vit en famille dans son fief de Bourbon-l’Archambault. D’un tempérament simple, il semble plus doué pour chasser que pour tenir une tribune. Sa femme Charlotte a tout d’une mondaine. Leur fille Mahaut apparaît comme une mélomane énigmatique. Leur fils, Hugues-Amédée, est un jeune homme précieux dont l’homosexualité semble résolument taboue.

Il règne dans cette famille une atmosphère étrangement théâtrale, mais la comédie résistera-t-elle à l’épreuve de la campagne électorale tandis que Louis s’approchera de la victoire ?

À travers des péripéties réjouissantes et des personnages hauts en couleur, Charlie Roquin imagine un scénario politique possible où se déploie une réflexion sérieuse sur l’histoire de France et les valeurs de la royauté.

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