La France est le pays où l’on s’oppose le plus à la vaccination, pourquoi ? C’est d’ailleurs, le propos de votre livre… pouvez-vous nous en dire plus ?
La France a acquis cette réputation à l’issue d’une enquête datant de 2016 où l’un des items montrait une hésitation vaccinale chez 40 % de la population. Depuis, de nombreux événements sont survenus, obligation vaccinale pour onze vaccins en 2018, et surtout épidémie de Covid. Les enquêtes longitudinales réalisées par la suite ont montré une amélioration de la confiance vaccinale en France. Toutefois, ce mouvement d’opposition reste fort, notamment en Europe. L’OMS l’identifie comme une menace majeure contre la santé publique. L’objet de ce livre est donc de comprendre ce mouvement qui est assez largement présent dans les démocraties occidentales. Il faut bien sûr différencier les antivax militants des hésitants qui sont simplement troublés par la complexité du sujet et les multiples messages de désinformation qui circulent, en particulier sur les réseaux sociaux.
Pourquoi ce choix de réaliser une enquête à travers l’histoire et la sociologie du vaccin ?
Pour comprendre ce phénomène il m’est apparu nécessaire d’étudier l’historique de ce mouvement ainsi que les courants de pensée qui l’animent. Si les réseaux sociaux ont fourni une caisse de résonance à ces militants, les antivax sont pratiquement aussi anciens que l’apparition même du vaccin. Depuis lors, ce mouvement s’inscrit dans une forme de continuité, même si les moyens de son expression ont largement évolué.
Selon vous, comment peut-on lutter contre les fake news dans le domaine du soin et de la santé ?
Il s’agit d’un enjeu majeur. J’évoque dans le livre la difficile régulation de l’information sur les réseaux sociaux et les enjeux du fact checking dans les médias et sur Internet. Il faut souligner que les méthodes d’entretien individuel, notamment de type motivationnel, donnent de bons résultats. Rappelons que la source d’informations considérée comme la plus fiable par le grand public reste le personnel soignant. La campagne vaccinale contre le Covid doit donc impérativement prendre en compte la dimension sociologique de la vaccination et s’appuyer plus largement sur les professionnels de ville, seuls à même de convaincre les hésitants.