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Par Seghers, publié le 20/10/2023

Entretien avec Franck Maubert, coauteur de « Bacon, éclats d'une vie »

Écrivain passionné d’art et spécialiste de la peinture du XXe siècle, Franck Maubert signe le texte du roman graphique « Bacon, éclats d'une vie », illustré par Stéphane Manel. Mais comment a-t-il travaillé sur cet ouvrage et qu'est-ce qui le rend si unique ?

Franck Maubert nous donne quelques éléments de réponse dans une interview exclusive.

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Dans quel contexte aviez-vous rencontré Francis Bacon ?

Depuis la fin des années 1970, je cherchais à entrer en contact avec Francis Bacon, que je considérais comme le peintre contemporain le plus intéressant. Il m’a fallu de la patience. Je venais d’entrer à l’Express en tant que critique d’art. J’ai écrit et téléphoné à plusieurs reprises à ses galeries, Lelong à Paris et Marlborough à Londres ; et ce n’est qu’après plusieurs années que miraculeusement Bacon a bien voulu recevoir le jeune journaliste que j’étais. C’était l’été 1983 … Et, par chance, nos conversations se sont poursuivies -presque- jusqu’à sa mort.

Les souvenirs des moments partagés avec lui émaillent ce livre, quelle place a-t-il occupé dans votre parcours ?

Bacon a été un compagnon de pensée depuis notre toute première rencontre. Il avait la répartie cinglante, il lisait beaucoup et nous partagions nos impressions de lectures, surtout la poésie. Et je dois dire que ses fulgurances continuent à me poursuivre, comme celles d’un vieux compagnon.

Qu’est-ce qui vous fascine chez Bacon ?

La violence de son œuvre d’abord, une peinture unique portée à son comble qui répond à la définition même de l’artiste : créer ce qu’aucun autre n’a fait avant vous, une rupture même. Cette peinture figurative, certes, toute en tension et en ellipses où le sujet même finit par se dissoudre dans un théâtre… Cette apologie du corps humain et ses frémissements nourris de tragédie grecque et de tradition chrétienne. Comment ne pas s’y intéresser, ne pas y être réceptif ? Et je dois avouer avoir été sous le charme du bonhomme, comme envoûté par son intelligence, sa perception de l’art toute en finesse …

C’est le troisième ouvrage que vous consacrez au peintre. Quelle différence trouve-t-on dans votre approche dans ce livre, outre la collaboration avec Stéphane Manel ?

Mon premier livre étaient nos conversations, le deuxième une suite des moments et des échanges partagés avec l’artiste. Là, c’est, à la fois une approche biographique de l’artiste, une analyse synthétique de son travail, des portraits des écrivains ou autres artistes qu’il a fréquenté… Bref son univers à la fois intellectuel, artistique, sensoriel. Et amical. Ce qui m’intéresse chez les artistes, c’est le process de création, au sens le plus large. Enfin, je reviens sur les moments, uniques, partagés avec lui, aussi bien à Londres dans son atelier, dans les bars ou les errances dans la ville, comme à Paris.

En quoi cet ouvrage apporte-il une lumière nouvelle sur Bacon ?

Ce livre pourrait être une première approche de l’homme comme de l’œuvre. La singularité de cet ouvrage vient sans doute des images de Stéphane Manel qui accompagne mon texte, de sa vision de Bacon qui le fascine, lui qui ne l’a pas connu.

Comment avez-vous travaillé sur ce livre avec Stéphane Manel ?

Des nombreux échanges et conversations avec lui. Il faisait des suggestions, j’en faisais d’autres… Au départ je pensais que c’était lui qui allait me donner ses dessins, que je commenterai et en définitive c’est le contraire qui s’est produit. Les choses naissent en les faisant…

 

Seghers

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