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Par le cherche midi éditeur, publié le 31/10/2023

Et moi, et moi, et moi : Jacques Dutronc dévoile enfin ses mémoires

Après Pensées et répliques (2002) et Encore ! Pensées et répliques (2010), tous deux publiés au Cherche Midi, Jacques Dutronc livre pour la première fois une autobiographie, sans pour autant délaisser son plaisir du bon mot. Une épopée intime pour l’artiste qui fête cette année ses 80 ans, où se racontent aussi plusieurs décennies d’histoire musicale et cinématographique.

L’héritage que représente l’œuvre de Jacques Dutronc, tant dans sa contribution à la musique avec des titres devenus cultes et des paroles ayant marqué les imaginaires, que dans les rôles qu’il a tenus avec panache au cinéma, semble difficile à condenser dans un seul et même ouvrage. Or, quand ce même travail de voyage entre différents mondes et époques est entrepris par l’intéressé lui-même, c’est un rapport introspectif qui s’engage quant à ce qu’il garde de souvenirs, d’horizons, de mélodies. Cette plongée intime dans le matériau si riche de son art, Dutronc la veut drôle, abonnée aux traits d’esprit qu’on lui connaît, mais aussi franche, dans la vérité qu’il se remémore sur des périodes plus troubles de son parcours.

Au fil des pages, c’est son enfance dans le 9e arrondissement de Paris qui prend vie, avec la saveur unique que lui donne Dutronc, certainement pas avare en anecdotes. On y découvre la folle histoire qui entoure sa naissance, en 1943, alors que Paris est encore sous couvre-feu, mais aussi les terrains de jeu d’un petit garçon qui va connaître une trajectoire inattendue, en rencontrant le succès de manière fulgurante. L’artiste s’attarde évidemment sur ses premiers succès, couronnés de tournées à guichets fermés, mais aussi sur sa rencontre avec une autre légende de la musique française, Françoise Hardy. Les personnalités qui ont percuté le chemin de Dutronc – Gainsbourg, Pialat ou encore Johnny Hallyday – se font une place de choix dans ce récit enlevé, sensible et pétri d’un regard aussi drôle que tendre sur lui-même.


Et moi, et moi, et moi
La guerre et la nuit ne vont pas ensemble. Je déconseille de naître la nuit, en pleine guerre, par exemple. Ça m’est arrivé : c’est une mauvaise idée. C’était en 1943, le 28 avril. Courir dans Paris en bravant le couvre-feu, sans laissez-passer, ça aussi, je le déconseille. Mais mon père n’avait pas le choix : Madeleine, sa femme, était sur le point de m’infliger la vie. Il a filé demander de l’aide au commissariat le plus proche : il est tombé sur la Kommandantur, le seul bâtiment éclairé. Là, on lui a indiqué le poste de police, qui a envoyé une estafette. J’ai donc été à deux doigts de naître dans un panier à salade. Finalement, j’ai attendu d’être à la clinique, près de la porte de Champerret, pour pousser mon premier cri. Il était 5 h 20 du matin.
Je n’étais pas le premier enfant du couple : mon frère Philippe m’avait précédé dans cet emploi. Je n’étais pas non plus le premier Jacques Dutronc : on m’a donné le prénom d’un de mes oncles, mort au champ d’honneur, le 7 juin 1940. Avant de naître, j’avais donc déjà ma tombe au Père-Lachaise. J’avais pris de l’avance.

 
La Trinité, Johnny Hallyday, Les Play-Boys, les premiers galas, Jacques Lanzmann, Serge Gainsbourg, les escapades marocaines, Maurice Pialat, Claude Sautet, Jean-Luc Godard, Merde in France, les cigares, l’alcool, la Corse… À sa façon inimitable, Jacques Dutronc se souvient et raconte.

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