Une existence où se déploient mille tiroirs, des histoires à n’en plus finir, une débrouillardise qui laisse coi… C’est que même si son nom demeure peu connu, Marc Francelet a pourtant côtoyé le pouvoir de très près, du milieu des années 60 à aujourd’hui. À bientôt 75 ans, cet ancien photojournaliste se livre avec une franchise troublante dans une autobiographie qui pourrait tout aussi bien être un roman tant elle regorge de rebondissements fulgurants. De quoi passer des heures merveilleuses aux côtés de Johnny, BB, Belmondo et Françoise Sagan et même François Mitterrand…
À la façon de nouvelles, chacune ayant pour fil rouge le même protagoniste tonitruant – lui-même –, Marc Francelet se raconte, lui qui a traversé les décennies avec une fougue égale, sempiternellement prêt à tout risquer pour ses proches. Des proches qu’il dessine ici avec une grande habilité et surtout avec beaucoup d’honnêteté. Car si les biographies d’artistes ont parfois l’impardonnable défaut d’être consensuelles, L’Aventurier fait état des choses et des êtres sans artifice aucun. Johnny Halliday s’y découvre sous des atours méconnus et pas toujours glorieux, Belmondo y apparaît sous un jour plus discret, Françoise Sagan s’y révèle comme jamais… L’auteur, pas avare en anecdotes et révélations sur ses meilleurs amis de l’époque, s’en donne à cœur joie. Se dressent, mot après mot, des hommes et des femmes dans une vérité qu’on ne leur aurait pas prêtée, tant leur image a été figée par l’Histoire.
Parfois goguenard, appréciant ouvertement la flatterie, Marc Francelet revient sur des moments rocambolesques de son existence, notamment son entrée fracassante chez Paris Match où il décroche des scoops à n’en plus savoir qu’en faire, ses nombreux démêlés avec la justice pour trafics en tous genres, ses passages en prison… Sans peur aucune, il parcourt le monde avec panache et ne se formalise pas devant les hommes de pouvoir qu’il fréquente, la magouille en étendard. Son insatiable appétit pour l’argent et le luxe transforme le journaliste indépendant en millionnaire flamboyant. Si ses frasques peuvent faire grincer des dents, le plaisir de la vérité qui irrigue ses récits supplante l’agacement. Comme dans un film de Belmondo, l’impétueux homme d’affaires joue allégrement de sa superbe, ne se refuse rien et parvient in fine à s’offrir une vie où chaque instant a le délicieux goût de l’aventure. En mots et en photos, s’il vous plaît !