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Par Perrin, publié le 31/08/2023

Le Sceptre et la Plume

La France est souvent considérée comme un pays où la politique et la littérature entretiennent une relation unique. De Montaigne à François Mitterrand, comment cette tradition de croisement entre les deux domaines a-t-elle façonné l'histoire du pays ? Il est essentiel de comprendre comment elle a conféré aux mots une résonance et à la politique une élévation presque transcendantale.

Le mariage des ambitions politiques et littéraires :

En France, on trouve un phénomène particulier : des hommes d'État qui estiment que la légitimité issue du suffrage est rehaussée par le prestige de l'écriture, et des écrivains qui estiment que leur génie leur confère le devoir d'éclairer les destinées de la nation et de guider le peuple. Cette endogamie paradoxale a été plus que l'exception, elle a été la norme, depuis le XVIe siècle jusqu'au XXIe siècle.

Du côté des hommes d'État :

L'histoire témoigne de personnalités politiques éminentes telles qu'Henri IV, Richelieu, Louis XIV, Mirabeau, Napoléon, Clemenceau, Jaurès, Blum, de Gaulle et Mitterrand, qui ont tous été à la fois des acteurs politiques et des auteurs accomplis. La littérature était pour eux un moyen d'exprimer leurs idées, de consigner leur expérience et de marquer leur empreinte dans la postérité. Les mémoires de Charles de Gaulle, par exemple, publiés dans la prestigieuse collection de la Pléiade, témoignent de cette volonté de léguer une trace littéraire à leur action politique.

Du côté des écrivains :

La renommée littéraire a également été un tremplin pour de nombreux écrivains français ambitieux. Des figures telles que Montaigne, Chateaubriand, Lamartine, Tocqueville, Hugo, Barrès, Malraux et Senghor ont non seulement influencé la littérature française, mais ont également exercé une influence significative sur le paysage politique. Ils utilisaient l’écriture pour susciter des débats, inspirer des mouvements et jouer un rôle clé dans l'évolution de la société française.

La littérature comme vecteur d'ambition et de désillusion :

La littérature a parfois été utilisée comme un moyen de réaliser des ambitions politiques, mais elle a également servi de tribune pour exprimer la déception face aux espoirs déçus. Les mots ont été utilisés pour mobiliser, inspirer et critiquer, créant ainsi une dynamique constante entre la politique et la littérature.

Bien que cette relation spéciale entre politique et littérature ait été une caractéristique distincte de la culture française, elle a connu des variations au fil du temps. Les évolutions politiques et sociales, ainsi que les changements dans la perception de l'autorité et de la légitimité, ont influencé cette relation complexe.

Dans Le Sceptre et la plume, Bruno Cessole retrace le parcours de ces figures littéraires et politiques qui ont fait cette exception française et dévoile cette relation unique a conféré aux mots une puissance particulière et a élevé la politique au-delà de la simple gestion des affaires publiques. Des hommes d'État éminents ont écrit des chefs-d'œuvre, tandis que des écrivains renommés ont exercé le pouvoir et ont influencé la nation. Bien que cette liaison puisse sembler s'estomper avec le temps, il est important de reconnaître son impact sur l'histoire de France et son héritage culturel.

 

 

Perrin