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Par Sonatine, publié le 20/05/2021

Les Heures furieuses : Casey Cep répond à nos questions !

Avec Les Heures furieuses, déjà disponible en librairie, Casey Cep relate l'affaire aussi édifiante que passionnante du révérend Willie Maxwell, accusé de cinq meurtres, acquitté puis brutalement assassiné. Mais surtout, elle dresse à travers cette histoire le portrait bouleversant de Harper Lee (Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur), l'une des plus grandes auteures de son pays et de son temps, dont le dernier manuscrit n'a jamais été retrouvé... Casey Cep nous livre les dessous de l'écriture de son roman, désigné par Barack Obama comme l'un de ses préférés de l'année 2019.

Comment avez-vous connu Harper Lee ?

J’aime Harper Lee depuis que je suis gamine. J’ai été captivée par Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur et je me suis immédiatement identifiée à son héros, Scout Finch : pour un garçon manqué comme moi, qui a grandi dans une petite ville, toujours plongée dans un bouquin, le personnage et le roman avaient quelque chose d’à la fois familier et fascinant.

Pourquoi avoir choisi de faire de Harper Lee le personnage principal de votre livre ? 

Le fait divers au cœur du roman implique assez de personnages et d’histoires pour en remplir dix, mais j’ai toujours su qu’en plus des meurtres et des procès, je voulais parler de Harper Lee elle-même. Je trouve fascinant qu’elle ait été attirée par cette histoire, et tout aussi fascinant qu’elle ait eu autant de difficultés à écrire son livre. Mais elle était si étroitement liée à cette affaire et aux légendes qui entourent le tueur en série présumé que je savais qu’elle devait faire partie du livre. Inclure Harper Lee m’a aussi permis de parler du genre littéraire qu’est le true crime et des différentes décisions que prennent les écrivains lorsqu’ils racontent des histoires

Quel écho l’affaire racontée dans le livre trouve-t-elle dans l’univers d’Harper Lee ? Et dans le vôtre ?

C’est une question vraiment fascinante, et ç’a été un honneur pour moi d’entendre tous ces gens touchés de près ou de loin par l’affaire raconter comment le livre capture leur expérience et l’atmosphère de cette partie du Sud profond. Mais je pense aussi que l’histoire a une portée beaucoup plus universelle – il s’agit de secrets et de peur, de violence et de politique, de lois et de justice, de notoriété et de créativité – et quand on voit les choses sous cet angle, on comprend aisément pourquoi Harper Lee a été attirée par l’histoire du révérend Maxwell, et pourquoi j’ai voulu reprendre cette histoire là où elle l’avait laissée.

Pouvez-vous nous parler de votre processus d’écriture et de la manière dont vous vous êtes approprié l’histoire ?

La non-fiction est aujourd’hui un genre incroyablement novateur, et j’ai beaucoup appris d’auteurs comme Janet Malcolm, David Grann, Erik Larson et Svetlana Aleksievitch. L’idée était d’enquêter en profondeur sur cette série de meurtres – me procurer tous les documents et dossiers judiciaires possibles, passer du temps dans le Sud, là où tout s’est déroulé, et interviewer tous les témoins encore vivants qui accepteraient de me parler – mais aussi de trouver un moyen d’ancrer ce fait divers dans le contexte de la vie d’Harper Lee, de son travail d’écriture, dans l’univers plus littéraire, plus intellectuel de Manhattan, qui est véritablement un autre monde. Comme il y avait déjà une romancière au cœur de ce livre, j’ai décidé de m’effacer, de laisser les événements se dérouler chronologiquement : la naissance du révérend et les prémisses de la modernisation du Sud, puis les premiers meurtres, l’émergence du mouvement des droits civiques, la publication de Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur et enfin le travail d’Harper Lee sur ce projet de true crime. Ma voix est bien présente, dans la moelle du livre, mais je suis la narratrice invisible, presque omnisciente, qui vous parle de ces personnages fascinants et de cette histoire incroyable.

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