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Par Lisez, publié le 12/03/2019

"L'expérience de la pluie" : Clélie Avit se confie sur son nouveau roman

Dans son nouveau roman, L’expérience de la pluie (Plon), Clélie Avit retrace la rencontre improbable entre un homme désabusé et une femme atteinte du syndrome d’Asperger. Elle nous dit tout sur cette histoire lumineuse et émouvante.

Dans son nouveau roman, L’expérience de la pluie (Plon), Clélie Avit retrace la rencontre improbable entre un homme désabusé et une femme atteinte du syndrome d’Asperger. Elle nous dit tout sur cette histoire lumineuse et émouvante.

Camille et son petit garçon sont tous les deux autistes Asperger et souffrent d’hypersensibilité sensorielle. Chaque rencontre, chaque contact physique, s’ils ne sont pas prévus et anticipés pourraient les blesser profondément. Une main qui rattrape, une bousculade dans le bus, des gouttes de pluie sur la peau... Pour les protéger du monde, Camille a donc créé une bulle autour d’eux. Mais un jour, Camille croise le regard d’Aurélien, un  homme désabusé qui entrevoit entre cette femme et son enfant une forme de "vérité". Le duo acceptera-t-il de laisser cet inconnu entrer dans sa bulle ? Clélie Avit nous dit tout sur son roman, L’expérience de la pluie.

Comment est né ce roman ?

Je voulais parler de l’autisme en évitant la caricature. Je me suis lancée et je suis assez contente de ce qui est arrivé. Je n’avais rien prévu, je ne fais pas de plan, je pars à l’aventure quand j’écris. Tout ce que je savais c’était que j’allais avoir affaire à des personnages pour qui le contact physique serait difficile. C’était mon seul point de départ.

Vous saviez donc que vous alliez parler d’hypersensibilité sensorielle avant de parler d’autisme ?

Tout à fait. Je savais que certains autistes peuvent être hypersensibles. Mais je pense que ce n’est pas une pathologie que l’on connaît forcément. C’était, pour moi, intéressant de la mettre en valeur, d’écrire sur un sujet dont on parle peu.

Retranscrire ce que ressentent des personnes autistes hypersensibles ne doit pas être facile. Avez-vous fait beaucoup de recherches sur le sujet ?

J’ai fait quelques recherches mais je ne me laisse pas guider par ça parce que l’on peut rapidement basculer dans quelque chose de trop médical et terre à terre. La relation qui va naître entre Camille, Arthur et Aurélien, en dépit ou grâce à leur autisme, c'est cela que je voulais mettre en scène. Je ne voulais pas être trop figée et lister toutes les pathologies de l’autiste Asperger. J’aime savoir ce qui est possible et ce qui ne l’est pas et laisser les choses évoluer autour. Ça doit être crédible sans être scientifique.

Quand vous écrivez ce que ressentent Camille et Arthur dans leur tête et dans leur chair quand ils ont un contact physique avec une autre personne ou quelque chose, vous allez donc puiser uniquement dans votre imagination ?

Oui, c’est quelque chose que j’ai d’avantage imaginé. Je n’ai pas osé chercher des témoignages ou interviewer des personnes, je trouvais cela un peu déplacé. Sur cette partie-là, mon imagination m’a vraiment portée même si je pense que ce que j’écris doit se rapprocher un peu des véritables sensations d’une personne hypersensible.

Quel regard portez-vous sur Camille et Aurélien, vos deux héros ?

Aurélien est un jeune homme très monotone, un peu fade. Il s’éclaire uniquement lorsqu’il est au contact de sa meilleure amie, Lucil, et de sa mère à elle, Éloïse. À côté de ça, Camille est quelqu’un qui réfléchit et planifie en permanence pour que tout se passe le mieux possible pour son fils. C’est une collision entre deux personnages qui sont très différents, sans parler du syndrome de Camille. Pour moi, Aurélien est dans le gris et il fallait lui montrer qu’autre chose existe. Camille est beaucoup plus dynamique. Étant toujours sur le qui-vive, dans sa tête tout va très vite. Le roman est souple, il n’y a pas de montagnes russes, mais quand j’écrivais les chapitres qui concernent Camille, c’était toujours à 300 à l’heure dans ma tête. J’ai mis plus de moi en elle qu’en lui car avec elle il fallait toujours être dans l’action.

Votre premier roman, Je suis là, peut-être vu comme un roman miroir de L’expérience de la pluie. Il s’agit de deux êtres qui s’attirent mais qui doivent faire face à des obstacles. La construction est également similaire, les chapitres alternent entre son point de vue à elle et son point de vue à lui. Qu’est-ce qui vous intéresse dans ces histoires-là ?

D’un point de vue de lectrice, j’ai toujours trouvé ça dommage de ne pas connaître les pensées de certains personnages. Je ne vois pas ça comme une marque de fabrique et je n’ai pas prévu d’aborder tous mes romans avec cette construction mais quand on travaille sur des intrigues qui peuvent mettre en scène des quiproquos et des non-dits, c’est presque vital d’alterner les voix des personnages. Pour moi, ça permet vraiment de faire progresser l’histoire. Si je ne le faisais pas, ce serait bancal. Concernant l’intrigue en elle-même, il faut savoir que je suis une grande romantique. Des histoires d’amour, on en vit tous les jours et elles sont toutes merveilleuses. Et celles qui me touchent le plus sont celles auxquelles on ne s’attend pas ou qui n’auraient pas dû exister. Ce sont ces rencontres improbables que j’aime façonner. Il y a tellement d’histoires d’amour sur la planète alors pourquoi pas celle-ci ?


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