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Par Les Escales, publié le 16/03/2023

Mes soeurs, n'aimez pas les marins

Dans cette interview, découvrez Grégory Nicolas, l’auteur du roman phénomène, Mes sœurs, n’aimez pas les marins. Un roman fort qui met en lumière celles qui restent, accompagnées de leurs tourments qu’on ne raconte jamais.

 

Bonjour Grégory. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur l’histoire de Mes sœurs, n’aimez pas les marins et nous expliquer à qui elle s’adresse ?

C’est une histoire de bateaux qui s’éloignent et de femmes fortes, une histoire d’amours (au pluriel). Nous suivrons la vie de deux femmes Perrine et Paulette, sur près d’un siècle. Le point central ce sera leurs relations avec ceux que j’appelle « leurs petits marins perdus ». On verra l’amour naître, les joies et les peines, les jolies petites choses et puis comment la vie joue des tours parfois tristes, avec toujours la présence puissante de la mer. Je crois que c’est un livre qui peut s’adresser à toutes et tous pourvu qu’on accepte de mettre le cynisme de côté.

Quel métier exerciez-vous avant de devenir écrivain ? Pourquoi vous êtes-vous tourné vers l’écriture ?

Avant d’écrire, j’étais professeur des écoles. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu « faire écrivain » comme on veut faire pompier, cosmonaute ou charcutier. Le seul souci c’est que pour « faire écrivain », il faut écrire des livres et ce n’est pas si facile que ça, finalement ! Il y a une dizaine d’années, je me suis dit qu’il fallait se lancer et j’ai écrit Là où leurs mains se tiennent, l’histoire d’un petit garçon qui gagne le Tour de France. Et comme ça m’a bien plu de faire écrivain, eh bien j’ai continué. Tous les matins je retourne à mon ordinateur écrire mes histoires comme l’agriculteur retourne au champ cultiver sa terre et c’est une joie immense.

Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire Mes sœurs, n’aimez pas les marins ?

Je suis breton, je suis un gamin du sable et des galets, la mer a une place centrale dans ma vie. Après mon précédent roman Les Fils du pêcheur publié aux Escales il y a deux ans, je savais que je n’en avais pas fini avec la mer et que je voulais continuer d’écrire à son propos. Je cherchais encore mon cap lorsqu’un jour, alors que je faisais du vélo au milieu des petites montagnes du Jura, j’ai entendu dans mes écouteurs la voix fragile et tremblante d’une vieille dame qui disait avec pudeur et dignité sa vie de fille de marin, d’épouse de marin et de mère de marin, c’était « une vie de chagrins ». J’ai été comme foudroyé et j’ai compris que ce livre je devais l’écrire du côté des femmes. Et que derrière la nuit et les chagrins, il me fallait tenter de trouver partout les sourires et la lumière pour rendre hommage à la force et aux courages des femmes.

Que vous ont apporté la rédaction et la publication de ce roman dans votre carrière d’écrivain ?

J’envisage mon travail d’un point de vue progressiste. Je me fixe pour objectif d’être meilleur à chaque roman, je veux avoir le sentiment de progresser. Je veux choisir les mots plus justes, rendre mieux compte de l’émotion, être plus puissant quand il le faut, plus délicat lorsque c’est nécessaire, jouer avec le rythme, l’intensité, maîtriser la narration à chaque roman plus finement. Car j’écris pour la lectrice ou pour le lecteur. Cela signifie que je les prends au sérieux et que le moment que l’on passera ensemble par l’intermédiaire du livre est important. Comme disait Marcel Pagnol, « le lecteur est toujours un ami ». Je pense qu’il a raison et dans mon travail c’est aussi vrai pour les personnages. Je développe une relation extrêmement intense avec mes personnages, une forme d’amour, et comme on ne trahit pas ceux que l’on aime, je ne veux pas trahir mes personnages. L’alliance entre le désir de progresser, le lien aux lectrices et aux lecteurs et la fidélité aux personnages, c’est ce qui guide mon travail et c’est ma grande ambition.

 

Quels conseils pourriez-vous donner à une personne qui souhaite écrire un livre ?

Je ne me permettrai pas de prodiguer des conseils. Je ne peux parler que de ma propre expérience. Alors, je dirais que pour écrire un livre, il faut faire du vélo ! En tout cas pour moi, ça fonctionne. Et quand on me demande combien de temps il me faut pour rédiger un roman je réponds la plupart du temps en kilomètres. Mes sœurs, n’aimez pas les marins c’est pas moins de 15 000 bornes et un peu de dénivelé, surtout au début. Ce que je veux dire c’est que je crois qu’il faut se laisser aller à la rêverie et le vélo me permet cela. Les idées viennent en même temps que je pédale, c’est hypnotique.

Ensuite, j’ai l’obsession du livre à écrire. De la première phrase, jusqu’à ce que l’on signe le BAT, je ne pense qu’à lui, partout et tout le temps. Lorsque je fais du vélo donc, mais aussi lorsque je serre ma femme dans mes bras ou quand je joue avec mes enfants. Les personnages finissent par devenir des membres de la famille, des sortes de coloc’ qui ne paient pas le loyer et vident le frigo. Il faut les accepter.

Et puis, l’écriture d’un livre c’est surtout un travail d’équipes. J’ai une chance folle d’être accompagné par les éditions Les Escales qui m’autorisent donc à la rêverie et sont près de moi pour tirer toute la quintessence du texte et continuer d’écrire chaque jour avec joie.

Mes sœurs, n'aimez pas les marins
1942, sur les côtes de Bretagne. Quatre vies entre petits matins calmes et furie des tempêtes. Celles de Perrine et de son fils Jean, qui, en pleine Seconde Guerre mondiale, décide d’embarquer sur un bateau de pêche à seize ans, contre l’avis de sa mère. Puis c’est la rencontre entre Jean et Paulette, le coup de foudre, la naissance de Pierre.

Quand le bonheur semble installé, c’est la mer qui revient pour l’arracher avec violence. Alors un jour, la jeune Paulette décide de briser les chaînes du destin : Pierre, son petit garçon, ne sera jamais marin. Elle l’emmène à l'abri, comme font les louves, aussi loin du rivage que possible. Mais il faut croire que la mer, encore et toujours, a des ruses auxquelles nul ne peut échapper…
 

 

 

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