Rentrée littéraire 2021: une rentrée littéraire riche de belles lectures

Qu'aurions-nous ressenti, qu'aurions-nous fait à la place de tous ces personnages ?

Que ressentons-nous en lisant l’histoire de ce jeune Sidney, qui, dans le magistral premier roman d’Arnaud Rozan, naquit noir dans le sud des États-Unis au début du XXe siècle ? Quel homme serions-nous devenus si nous avions vu comme lui notre famille – père, mère, soeurs – lynchée, assassinée, sous les hourras du village en l’espace de quelques minutes ?
Comment aurions-nous grandi, quelle mère, quelle femme serions-nous devenues à la place de Camille, l’héroïne du roman vrai et fulgurant de Julien Dufresne-Lamy, si nous aussi étions nées d’un père proxénète pour qui les femmes – épouses, prostituées, propres filles – sont une marchandise parmi d’autres ?
Au lendemain de l’explosion du port de Beyrouth, comme l’héroïne d’Alexandre Najjar, aurions-nous eu le courage de nous sauver ? Loin de ce Syndrome qui agit tel un poison, Amira, réfugiée à Saint-Malo, ne veut rien oublier de sa ville natale et raconte, pour ceux qui sont restés là-bas, ce qu’elle a enduré pendant ces vingt dernières années. Se confondent alors l’âme d’une femme et celle d’une ville sans cesse malmenée mais toujours debout.
Qu’aurions-nous décidé à Berlin en 1934 si nous avions dû choisir entre nous résoudre à fuir notre patrie ou la possibilité de continuer quoi qu’il en coûte à faire entendre la beauté du monde à un peuple admirant son Führer ? L’art est-il au-dessus de la politique ? C’est la question que pose Xavier-Marie Bonnot, tout en finesse, nuance et poésie, en revenant surl’histoire si controversée du maestro Wilhelm Furtwängler.
Aurions-nous adhéré au coup d’État du 2 décembre 1851 ou serions-nous montés sur des barricades ? Nicolas Chaudun, en nous faisant entrer dans la tête de Louis-Napoléon Bonaparte, éclaire notre présent à travers le récit d’une conjuration qui scelle la faillite des élites… et trouve un écho certain dans la défaillance des nôtres.
Quel geste de notre mère garderons-nous en mémoire ? Quand les images s’estompent, quand les voix se sont tues reste parfois le souvenir d’un geste. Un geste si caractéristique, si personnel qu’il suffit à définir une personnalité tout entière. De retour au paradis perdu de son enfance bretonne, Alain Rémond livre un récit intime et universel sur l’amour qu’il porte à sa mère, et à ses parents.
Aurions-nous espéré, résisté ou au contraire abandonné à la place de Jonas, le héros du premier roman troublant et radical de Jean-François Hardy, si nous avions vécu dans ce monde d’après, dévasté par les catastrophes écologiques que l’homme a provoquées ?
Comment aurions-nous pu surmonter le dilemme de soeur Anne, l’héroïne du premier roman si subtil et plein de grâce de Claire Conruyt, si comme elle, après vingt ans d’une vie dévouée et sincère d’épouse de Dieu, nous avions trouvé l’amour pur ailleurs qu’en Lui ?
La littérature pour montrer l’homme et le comprendre, nous réconcilier, car aujourd’hui plus que jamais nous devons rester les gardiens de nos frères.
Chers amis, nous vous souhaitons une rentrée littéraire riche de belles lectures.

Céline Thoulouze, Grégory Berthier-Saudrais, Pauline Ferney, Lorraine de Plunkett, Marie-Laure Nolet.
Éditrices et éditeur Plon