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Par Philéas, publié le 13/09/2021

Sylvain Runberg : "Tout est réuni pour que ce projet perdure"

Franco-belge diplômé d’une maîtrise d’Histoire politique, Sylvain Runberg est l’un des scénaristes les plus prolifiques de sa génération avec plus d’une trentaine de séries à son actif dont certaines traduites et distribuées dans le monde entier. Capable de s’approprier des univers aussi différents que la fantasy, le polar ou l’autobiographie, il s'associe à Marc Levy et co-signe le scénario de "L'Agence des invisibles".

Parlez-nous de votre rencontre avec vos co-auteurs.

La rencontre avec Espé (l'illustrateur, ndlr) s’est faite lors du festival de musique Cabaret vert à Charleville Mézières. Nous connaissions chacun le travail de l’autre mais nous ne nous étions jamais rencontrés. En discutant nous nous sommes rendu compte que nous avions une passion commune : le vélo, de route pour Espé et le VTT pour moi. Le courant est passé et nous nous sommes dit que ça serait sympa d’essayer de se trouver des projets communs en BD. Sébastien connaissait Marc Levy pour avoir adapté un de ses romans quelques années auparavant, et il m’a persuadé que ce serait peut-être intéressant que je le rencontre. Il se trouve que chaque année je me rends au Comic Con de New York.

Comme Marc y habite, notre première rencontre s’est faite à Manhattan en 2018 dans un café de West Village. On a pris un petit déjeuner, on a discuté pendant trois heures d’affilée et on a constaté qu’on avait plein de centres d’intérêts communs. Marc est vraiment un grand amateur de BD, il aime ce media, et ça l’intéressait d’écrire un projet original en BD avec un scénariste confirmé. Je lui ai parlé de mon approche, de ce qu’est un scénario pour moi et il m’a parlé lui-même de son approche. Il y avait un terrain d’entente qui se profilait et c’est comme ça que le premier contact s’est fait, à New York. Et c’est sans doute pour ça que L’Agence des invisibles se situe justement à NY, pas loin d’ailleurs de l’endroit où nous nous sommes rencontrés.

Comment deux scénaristes appartenant à des univers différents travaillent-ils ensemble sur un projet commun ?

Pour moi, c’est quelque chose que j’ai l’habitude de faire pour avoir déjà travaillé plusieurs fois avec des co-scénaristes dans le passé, également des gens qui venaient du roman comme Olivier Truc par exemple. En fait c’est un genre de ping-pong scénaristique. Pour L’Agence des invisibles, il y avait beaucoup de matière apportée par Marc dans le projet d’origine. On a réfléchi à comment organiser cette manière pour réaliser un scénario de BD. Durant plusieurs mois nous avons beaucoup discuté et échangé tous les trois avec Marc et Espé afin d’élaborer la structure de notre univers et les fondations d’un premier récit de 80 pages. Comme c’est moi qui suis le plus expérimenté en termes de scénarios de BD, j’écrivais un premier jet que je soumettais à Marc. Je précise sans flagornerie que c’est très agréable de travailler avec Marc parce que c’est quelqu’un de très sympathique et de très humble également. Au-delà de sa notoriété et de son succès, c’est quelqu’un qui est très à l’écoute de l’autre et qui accepte qu’on puisse apporter des idées nouvelles, qu’on puisse proposer d’autres voies. Il apporte tout son monde et son savoir-faire, et il reste très ouvert à la discussion. Il offre une collaboration vraiment plaisante et généreuse.

Face à vous, Marc Levy fait figure de débutant dans la bande dessinée, est-ce que ça a compliqué la création de ce premier album ?

Même s’il n’a jamais scénarisé de BD originale, il est un lecteur assidu et régulier et il a travaillé sur des adaptations de ses romans. Il a donc appris très vite. Sur l’écriture scénaristique, dans les premières étapes, il n’y a pas vraiment de différences entre écrire un scénario de roman, de série pour la TV ou de bande dessinée. Au démarrage c’est du storytelling et c’est en-suite la manière de développer l’histoire qui va faire la différence. Un synopsis peut indifféremment devenir un film, une BD ou un roman. Les différences fondamentales se situent dans le budget et le nombre d’intervenants. Nous avons donc très vite et très naturellement réussi à établir un mode de fonctionnement équilibré entre nos différentes manières de faire.

Pourquoi avoir choisi de raconter une histoire complète par album, c’est-à-dire un format classique de la franco-belge ?

Aujourd’hui c’est un avantage dans le cadre d’une série BD que de fonctionner en histoire complète ou éventuellement en diptyque pour que le lecteur n’ait pas à attendre plusieurs albums sur plusieurs années pour accéder à la fin du récit. La problématique pour un récit en bande dessinée c’est la pagination. En tant que scénariste, offrir un récit qui soit vraiment contemporain en termes de structure et en termes visuels, et prendre en compte l’espace qu’aura le dessinateur pour placer tous les éléments dont de grandes cases de décors ou des cases d’at-tente silencieuse pour bien poser les atmosphères, ça ne peut plus fonctionner sur 48 pages, c’est trop peu. Pour L’Agence des invisibles, notre éditeur nous offre la possibilité d’avoir 80 pages pour décliner un récit complet. On est plus près de deux albums classiques franco-belges que d’un seul album. Donc pour moi tout est réuni pour que ça fonctionne.

C’est certes une pure série franco-belge classique mais notre approche, notre mise en scène et on l’espère nos thématiques, demeurent très contemporaines et assurément modernes. Aujourd’hui je pense que la BD doit se mettre au niveau d’autres médias qui ont beaucoup évolués comme en particulier les séries tv. On ne peut plus simplement proposer des formats restrictifs si on veut vraiment capter un public déjà habitué à s’avaler en une seule traite une série entière sur HBO ou Netflix.

Et pour les épisodes suivants, ce format de 80 pages sera-t-il respecté ?

J’ignore si nous continuerons sur une même pagination pour les albums suivants mais ce qui est sûr c’est que 80 pages, c’est la base de cette série-là. Il n’y en aura pas moins. Le principe c’est d’offrir un récit complet dans chaque album pour éviter les frustrations si la série devait s’arrêter. Mais soyez rassuré, notre but c’est évidemment de pouvoir développer nos person-nages et notre univers. C’est vrai que c’est deux fois plus de boulot, mais nous avons la chance de travailler avec Espé qui est un dessinateur exceptionnel capable de travailler très vite même sur des planches complexes. Travailler avec Espé et Marc est un vrai plaisir parce qu’au-delà d’être des professionnels de talent, ce sont des gens qui humainement sont vraiment extraordinaires, donc tout est réuni pour qu’un tel projet perdure dans les meilleures conditions.

Philéas

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