Lettre d'une inconnue suivi de Trois nouvelles de jeunesse : Le livre de Stefan Zweig

Je lisais du Zweig pour la première fois, en me disant que ce récit court serait une simple entrée en matière. Mais force est de constater qu'on ne peut pas lire "simplement" du Stefan Zweig, de par la puissance du récit et des sentiments qui en résulte. Je ne m'attendais pas à être touché plus que ça, mais en fermant ce livre, il m'a laissé complètement muette. L'inconnu, une anonyme passionné, m'a bouleversé par son amour et sa fidélité, bien que je ne pourrais pas la comprendre totalement, après avoir lu certains passages, sur le fait de s'accrocher à cet homme, je pense que c'était là toute la beauté du récit.

Ce livre est différent, on peut le ressentir, les mots de zweig sont forts, si forts, qu'on peut se méprendre sur ce qu'est réellement l'amour, oui, il est fort possible qu'après ce livre personne n'est connu l'amour, du moins le même amour que Zweig

C'est une très belle lettre fictive d'une femme qui a passé sa vie à idéaliser un homme, à l'aimer éperdument depuis ses 13 ans pour, non pas ce qu'il aurait pu être, mais ce qu'ELLE aurait pu être avec lui, attendant d'être reconnue de lui, c'est-à-dire d'exister, alors même qu'il partage le même pallier, puis quelques nuits ensemble. " Je souffrais de ce sort de ne pas être reconnue de toi, ce sort qu'une vie entière j'ai subi et avec lequel je m'en vais : inconnue, toujours inconnue à tes yeux" Je ne sais pas comment il faut prendre cette lettre terrible, émouvante, touchante : cette femme est-elle le symbole d'un amour romantique et tragique ? La folie d'un amour qui n'existe pas sauf pour elle ? La frivolité des hommes en amour qui détruisent tout autour d'eux ? L'impossibilité de verbaliser et l'écart entre le souhait et le paraître (aux yeux du protagoniste masculin, elle est d'abord une adolescente, puis une jeune femme qui pourrait être une prostituée, puis une courtisane) ? Le refus inconscient d'être reconnue pour ne pas être rejetée et donc de devoir abandonner l'idée de cet amour ? Peut-être tout cela à la fois.

Un écrivain reçoit une longue lettre d'une femme qui, au seuil de la mort, lui parle de son amour pour lui. Plus je lis Stefan Zweig, plus je l'aime. Et d'amour il en est question dans cette nouvelle. Plus précisément de l'amour à sens unique, dans ce qu'il contient de rêves, d'espoirs, et de désillusions. Cette femme le rencontre alors qu'elle était jeune fille et que cet homme, écrivain, emménageait sur le même palier. Elle a peu à peu éprouvé des sentiments nouveaux pour elle et cet amour est devenu passionnel, obsessionnel même. À travers leurs rencontres qui vont avoir lieu ponctuellement au fil des années, elle guette un regard, un sourire, un geste, une parole quand lui ne la reconnaît pas. Un amour qui fait mal et auquel elle n'a pas renoncé. Une autre forme d'amour est évoquée mais je vous laisserai la lire pour le comprendre. À travers cette nouvelle, Stefan Zweig évoque avec force mais avec une certaine justesse le sentiment amoureux, dans ce qu'il a de plus beau, de plus fort, mais aussi de plus destructeur. Les 3 autres nouvelles sont courtes pour en parler mais l'auteur avait déjà du talent, c'est indéniable.