Lettre d'une inconnue suivi de Trois nouvelles de jeunesse : Le livre de Stefan Zweig

Gros coup de cœur! Histoire captivante, prenante, poignante. J'adore l'écriture de Zweig, les choix de ses mots. On se retrouve si facilement absorbé dans cette lettre, on s'attache rapidement à cette femme, à son histoire, aux détails qu'elle décide de dévoilé. Content d'être tombé dessus, content de pouvoir en parler à mon entourage.

La Lettre d'une inconnue est une histoire terrible. Poignante, glaçante et pourtant si émouvante. Une jeune fille va faire de son obsession pour son voisin de palier le but ultime de son existence. Alors qu'elle est encore enfant, un romancier s'installe dans l'appartement voisin du leur. Elle en tombe alors éperdument amoureuse et l'épie jour et nuit. Elle le voit rentrer avec des femmes différentes, le croise, peu souvent, dans l'escalier. Et le jour où elle doit suivre sa mère, qui vient de se remarier, est une immense douleur. Pendant les deux années suivantes elle se procure tous les livres de l'écrivain, les lit tant et tant qu'elle les connait par cœur. Elle revient alors à Vienne, trouve un travail et revient errer devant la maison. Un soir, il la remarque et comme elle est devenue une belle jeune fille, il la séduit. Elle se donne à lui sans regret, seulement très déçue qu'il ne se souvienne pas d'elle. Il part en voyage et l'oublie aussi vite que ses précédentes conquêtes. Pour la jeune fille ces quelques soirées détermineront le reste de sa vie. Ils se croisent à nouveau, quelques années plus tard. Il ne la reconnait pas. Par orgueil et passion, elle ne se fera jamais reconnaître, ne demande rien pour elle et son fils, malade. Mais lorsque ce dernier meurt, elle prend la plume et lui raconte son histoire. J'ai beaucoup aimé ce texte, même si tout au long le lecteur, et surtout la lectrice féministe du XXIème siècle, a envie de "secouer" le personnage, de lui dire d'arrêter d'encenser ce type d'homme, volage, imbu de lui-même et parfaitement odieux avec les femmes. Et pourtant j'ai trouvé cette femme, certes malade et souffrant de névrose obsessionnelle, tellement moderne. A une époque où les femmes ont peu de droits, sont vouées à être mariées à des hommes qu'elles n'aiment pas nécessairement, dans le but de leur assurer une descendance, l'héroïne refuse d'être soumise à un homme, travaille pour vivre la vie qu'elle veut mener, même si celle-ci est douloureuse. Ce portrait d'une femme obsédée par un amour impossible, par un désir malsain de ne vivre que pour lui, est une parfaite réussite. Surtout écrit par un homme, qui ne donne pas de l'écrivain (son double) une image très flatteuse. Finalement la Dark Romance, si à la mode aujourd'hui, ne date pas d'hier !!

Que l’on ait connu un amour non partagé, qu’on l’ait offert ou reçu sans répondre, cette nouvelle de Zweig vous fera forcément penser à quelqu’un. Vous penserez à une relation gâchée par votre faute ou bien à un amour inavouable. Ou si vous êtes moins chanceux…les deux.

Un texte poignant, aussi beau que triste, un coup de marteau en plein visage et une belle leçon. Voilà ce qu'est "Lettre d'une inconnue" de Stefan Zweig. Ne lisant pas de nouvelles, je me suis lancé avec "Lettre d'une inconnue" suite aux conseils d'une amie, et bien, ce fut une claque. La nouvelle consiste en une lettre, que R, un écrivain de Vienne à reçu lors de son 41e anniversaire. Cette Lettre est anonyme, du début à la fin. Ce qui je trouve, rend cette lettre encore plus poignante. Cette nouvelle n'est pas vraiment une histoire d'amour, c'est une déclaration, un monologue nous entrainant au plus intime de la vie et du cœur de cette femme. "Mon enfant est mort hier", voici comment cette lettre commence. Cette lettre est écrite par cette femme, plongée dans le désespoir de la perte de son fils, et on le ressent dans sa façon d'écrire. C'est ça qui est fort avec Zweig, il nous fait ressentir les émotions d'une intensité remarquable. Mais comme dit plus tôt, le sujet principal de cette lettre, c'est l'amour, l'amour qu'a ressenti cette femme envers R de sa plus tendre jeunesse (de ses 13 ans) et ce jusqu'à sa mort. Nous ne la connaissions pas, autant que ce que R la connaissait (au moment où sa lecture commence) et pourtant, au plus on lit cette lettre, au plus on se rend compte que ce n'est pas réciproque puisque Elle (dont je le répète, nous ne connaissons pas le nom) connait R depuis presque toute sa vie. Plus qu'une déclaration d'amour, Elle nous raconte comment depuis la première fois que R est entré sans sa vie, en emménageant simplement dans l'appartement face au sien, Elle est "devenue sien". et à partir de ce moment, toute sa vie sera tournée autour de R au point où elle passera au cours de sa vie trois nuits a ses côtés, et de ses nuits naquit son seul et unique enfant, enfin, Leur enfant car oui, ce fils est né des suites d'une de leur nuits passées ensemble alors que lui, frivole, ne l'a jamais reconnue, jamais de toute sa vie il ne l'a reconnue. Et c'est là que c'est le plus touchant, puisque lorsque R reçoit la lettre, c'est que son enfant et Elle, ne sont plus de ce monde "seulement quand je serai morte tu recevras ce testament de moi". Lorsque R recevra la lettre, cela signifiera que la personne qui l'a le plus aimé n'est plus, et que jamais il ne saura de qui il s'agit, ni Elle, ni son, leur enfant "Mon enfant est mort, notre enfant". Il découvrira cet amour uniquement lorsque celui-ci sera mort… Littéralement. C'est peut-être ce qui m'a le plus touché quand j'ai lu cette nouvelle, elle est aussi belle que violente, on ne peut que se sentir mal à la place de R, de découvrir cet amour qui aurait pu être, mais qui ne sera jamais. D'autant plus que, ce texte reste toujours très actuel, bien qu'écrit au début du XXe siècle. Et a part en me répétant, je ne saurai décrire Ô combien ce texte m'a touché. On se reconnait tous d'une façon ou d'une autre dans ce texte, et c'est ce qui en fait aussi sa force. A lire, 10/10.