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Par Presses de la Cité, publié le 07/07/2020

Anne Michel : "Je mets beaucoup de moi-même dans mes romans"

Lorsque Capucine apprend qu’elle est malade, c’est vers Sabrina, son amie retrouvée grâce aux réseaux sociaux, qu’elle se tourne pour faire face à cette épreuve. Avec Pour quelques bulles de bonheur (Presses de la Cité), Anne Michel tire le portrait de deux femmes qui, à l’aube de la quarantaine, font le bilan de leur vie. Un roman tendre et pétillant qui fait du bien ! Rencontre avec sa jeune auteure.

Votre précédent roman, Matin d’écume (2017), se situait en Bretagne. Dans celui-ci, vous nous emmenez dans le Sud, à Toulon. Pourquoi ce changement de lieu et ce choix ?

Anne Michel : La Bretagne est un choix du cœur, je n’y ai jamais habité même si j’aime énormément la région. Le sud de la France est la région où j’ai passé mes vacances d’enfance, et l’endroit que j’ai choisi pour vivre. Venant de la région parisienne, je ne me lasse pas du soleil, de la chaleur toute l’année et de la présence de la mer… Je me suis vraiment enracinée dans cette région et je trouve évidemment plus facile d’ancrer mes personnages dans un lieu que je connais bien et que j’aime.

Votre roman évoque les amitiés adolescentes, qui peuvent marquer une vie à jamais. Elles sont parfois excessives, fusionnelles. Pourquoi avez-vous eu envie de traiter ce thème ?

AM : Il y a une force dans ces amitiés inconditionnelles, un engagement complet – et, oui, sans doute excessif, mais c’est le propre de l’adolescence de manquer de nuances – qu’on retrouve plus difficilement à l’âge adulte, où on se met plus de barrières dans les relations qu’on noue. J’avais envie de montrer que, même si ces sentiments naissent à un âge où on ne sait pas toujours qui on est, ils peuvent perdurer et faire vraiment partie de notre identité.

Dans Pour quelques bulles de bonheur, même si de belles histoires d’amour se construisent, c’est effectivement la relation amicale entre les deux héroïnes, Capucine et Sabrina, qui reste le fil conducteur.

AM : Oui, les amitiés peuvent être plus solides que le sentiment amoureux : une amitié peut rester intacte malgré la distance, malgré des retrouvailles peu fréquentes, malgré le temps qui passe. Elle n’est pas parasitée par le désir et toute sa complexité. On imagine parfois les femmes comme des chipies, aux relations tapissées de petites vacheries, mais elles peuvent aussi se sentir comme des sœurs, ne pas être du tout dans la compétition, et connaître un rapprochement de l’âme très intense. C’est effectivement le cas de Capucine et Sabrina.

Vos héroïnes auraient-elles pu être des héros ? Après tout, il existe aussi de belles histoires d’amitié masculines…

AM : J’ai pour l’instant plus de mal à construire mes personnages masculins, sans doute parce que je mets encore beaucoup de moi-même dans mes romans, avec des traces autobiographiques. J’avais aussi envie d’évoquer le rapport des femmes à leur corps, ce corps scruté, jugé, soumis à des pressions sociales, esthétiques, etc., pressions que subissent moins les hommes, à mon avis. La maladie, pour l’une, et le temps qui passe sans qu’elle ait réussi à se sentir séduisante, pour l’autre, sont deux éléments clefs autour desquels l’intrigue se tricote. En se retrouvant, ces femmes vont aussi retrouver une vision de leur corps qui ne soit pas déformée par ce qu’on attend d’elles, et apprendre à s’aimer telles qu’elles sont. Et ça, c’est un chemin compliqué pour beaucoup de femmes…

Diriez-vous qu'il s'agit d’un roman féministe ?

AM : Sans hésiter, oui, car être féministe, c’est simplement vouloir que les deux moitiés de l’humanité soient traitées de la même manière. Or femmes et hommes sont à égalité dans mon roman, tous avec leurs difficultés, leurs forces, leurs faiblesses. Les femmes s’appuient sur les hommes, mais sans avoir besoin d’eux pour exister, et les hommes aussi acceptent de montrer leurs sentiments, leurs failles, ne sont ni machos ni absents. Les relations de couple – y compris pour le couple homosexuel que j’ai imaginé – ne reposent pas sur des rapports de force, mais sur un partenariat, ou chacun apprend à être à l’écoute de l’autre, au lieu de vouloir le faire correspondre à un rôle stéréotypé. Je trouve important pour un écrivain de proposer des personnages qui nous ressemblent et, à travers leur cheminement, de montrer au lecteur qu’il est possible de se libérer des contraintes que la vie nous impose, ou qu’on s’impose à soi-même.

 

Pour quelques bulles de bonheur
Sabrina vit plutôt heureuse sous le soleil de Toulon, dans le restaurant où elle travaille avec deux amis et qui connaît un joli succès. Même si, lors des soirées d’hiver, son chien Biplan et son chat Tranxène ne suffisent pas à combler sa solitude.
A Stockholm, Capucine s’épanouit entre son métier d’illustratrice et la famille qu’elle a fondée. Lorsqu’elle apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du sein, elle compte sur son amitié retrouvée avec Sabrina, grâce aux réseaux sociaux, pour faire face à l’épreuve. Et ce malgré la distance.
Le temps est au bilan pour ces deux amies à l’aube de la quarantaine, dans leurs vies, dans leurs relations avec les autres, leur féminité. Et l’amour.
Elles vont apprendre à faire confiance à leur force intérieure…
Et à la vie ! 

 

Presses de la Cité

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